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Pourquoi la Juventus considère avoir remporté 33 titres et non 31

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 16/05/2015 à 14:54 GMT+2

Destitué de deux titres de champion en 2006 par la justice sportive, le club turinois n'a jamais digéré la façon dont se sont passées les choses et revendique bel et bien tous ses titres gagnés sur le terrain. La Juventus a même une petite chance de les retrouver officiellement.

Juventus Turin

Crédit: AFP

"Dites 33", "31 !" A chaque nouveau scudetto remporté par la Juve, c’est la même chose. D’un côté, club joueurs et supporters bianconeri qui s’en tiennent à la vérité du terrain. De l’autre, le reste du pays qui ne déroge pas au palmarès officiel de la Ligue. Ou l’habituelle dichotomie qui divise en deux l’Italie du football. C’est en fait beaucoup plus subtil et cela va bien au-delà du folklore des rivalités. Difficile de retracer toutes les vicissitudes de cet imbroglio puisque neuf années se sont déjà écoulées. Difficile mais pas impossible.

Eté 2006 : La Juve perd deux titres, l’Inter en récupère un

En plus de la relégation administrative en Serie B, la Vecchia Signora se voit retirer ses scudetti numéro 28 et 29 remportés avec Capello. C’était le prix à payer pour le Calciopoli. Une affaire basée sur des écoutes téléphoniques qui concernaient plusieurs clubs, dont la Juventus, la Fiorentina, le Milan, la Lazio, la plupart de leurs dirigeants ainsi que les hauts responsables du monde du foot et de l'arbitrage.
En cause, l’altération du bon déroulement du championnat 2004/05. Ce dernier reste vacant tandis que l’Inter récupère le scudetto 2005/06 en tant que première équipe non sanctionnée. Rappelons que cette seconde saison n’a fait l’objet d’aucune enquête. Le palmarès officiel est donc mis à jour, la Juve passe de 29 à 27 titres, l’Inter de 13 à 14.
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Luciano Moggi

Crédit: Eurosport

Automne 2009 : La Juve est blanchie au pénal

Deux mois pour le procès sportif, presque sept pour celui de la justice ordinaire qui débute en novembre 2008. Les témoins défilent au tribunal de Naples tandis que la défense de Luciano Moggi (ancien directeur général de la Juventus et accusé numéro un) récupère les 180 000 appels enregistrés par les enquêteurs. Au fur et à mesure, elle déniche des conversations écartées, mais qui change pourtant le contexte de l’affaire.
Cela concerne notamment Giacinto Facchetti, décédé en septembre 2006 et ex-président de cette Inter qui a hérité d'un des deux titres révoqués. Les néo-dirigeants turinois s’emparent de ces écoutes et concoctent un dossier qu’ils transmettent au parquet de la justice sportive. Quelques mois plus tard, en novembre 2010, prend fin le procès en première instance de la justice ordinaire. Beaucoup de condamnations, quelques acquittements dont celui de la Juventus, tandis que dans les attendus du jugement, il est écrit noir sur blanc que le championnat 2004/05 n’a jamais été altéré en faveur d’une équipe.

Été 2011 : La Vieille Dame contre-attaque

Le 1er juillet 2011, Stefano Palazzi, procureur de la justice sportive, publie enfin son "j’accuse" suite aux nouvelles écoutes qui lui ont été remises plus d'un an auparavant. Les accusations concernent les dirigeants de l’Inter, du Milan et de neuf autres clubs, et sont passibles de sanctions si on se réfère au poids et mesures appliqués cinq ans plus tôt. Elles sont toutefois formulées exactement un jour après que la prescription soit officiellement tombée. Il n’y aura donc pas de nouveau procès. C’est vraiment à partir de là que la disparité de traitement dont parlent les dirigeants de la Juventus prend tout son sens. 
Ils décident alors de recourir à toutes les voies légales de la justice sportive et ordinaire. D’abord, une demande de dommages et intérêts de 443 millions auprès de la Fédération pour la rétrogradation en Serie B. Ensuite, la révocation du scudetto attribué à l’Inter sur tapis vert. Concernant le premier, les reports s’enchaînent. Pour le second, la justice sportive se déclare tout simplement incompétente sur la question. La situation étant tendue, une "table de la paix" est même organisée entre les protagonistes de cette affaire et les hauts dirigeants du sport pour trouver un point d’entente, sans succès.
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2011-2012 Juventus Marotta bottle 30

Crédit: LaPresse

Hiver 2015 : L'article 39, dernier espoir

Quatre années sont passées pour autant de scudetti remportés par la Vieille Dame. Le procès Calciopoli se conclut enfin le 23 mars avec le verdict de la Cassation. En sept ans et trois degrés de justice, 13 des 20 accusés ont été acquittés, dont 7 arbitres. Pour connaître le mot de la fin sur chacun des chefs d’accusation encore debout, il faut attendre la publication des attendus du jugement prévue pour fin juin, et ce, indépendamment des sentences de prescription et culpabilité déjà prononcées par le juge.
C’est à ce moment-là que la Juventus pourra décider d’utiliser l’article 39 de la justice sportive mis à disposition pour révoquer les sentences d’un procès ou le refaire, en l’occurrence celui de l’été 2006. L’alinéa d) stipule que cela est possible "en cas d’omission d’examen d’un fait décisif qui n’était pas connu durant le procès, ou survenu après une sentence sans appel, ou de faits nouveaux dont la connaissance aurait comporté une prononciation différente." 
Il ne s’agit donc pas d’une lubie de supporters. Par l’intermédiaire de son président Andrea Agnelli et de son administrateur délégué Giuseppe Marotta, le club piémontais a déclaré vouloir tout faire pour récupérer ses deux titres : "Nous vivons une situation inique, le rapport de Palazzi était réaliste et seule la prescription n’a pas débouché sur des sanctions. Nos avocats travaillent pour faire remonter la vérité à la surface", a déclaré ce dernier après le sacre du 4 mai.

Automne 2015 : Le prochain épisode ?

Un championnat 2004/05 non altéré, un championnat 2005/06 réattribué à une équipe qui a échappé à un procès sportif suite à la prescription. Voilà sur quoi se basent les raisons de la Juventus qui n’entend pas faire table rase du passé dans le sens où comportements peu éthiques et conflits d’intérêt il y a eu. Elle veut surtout obtenir une sanction équitable car une seule partie de ces faits a été jugée, qui plus est en l'absence d'autres faits qui auraient probablement changé le cadre complet de l'accusation.
Enfin, les polémiques arbitrales et théories de complot qui ont accompagné le retour des Turinois en haut de l'affiche n’ont fait que renforcer leurs convictions sur le rôle du "sentiment populaire" dans cette affaire. Souvenez-vous du Juventus-Roma du mois d’octobre et de tout ce qui s'en est suivi. Sept mois plus tard, la Juve est en course pour un triplé historique.
* S'agissant d'un sujet complexe, je reste à disposition des lecteurs qui ont des questions sur cette affaire.
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Arturo Vidal et la Juventus Turin qualifiée pour la finale de la Ligue des champions 2015

Crédit: AFP

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