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Serie A - AC Milan : Pour retrouver les Bleus, Ménez va devoir en faire (beaucoup) plus

Valentin Pauluzzi

Publié 06/12/2014 à 17:04 GMT+1

Avec déjà sept buts inscrits, Jérémy Ménez effectue de bons débuts avec le Milan, mais le chemin est encore long avant de prétendre à un retour chez les Bleus. L'ancien Parisien, plombé par son inscontance et son caractère parfois imprévisible, part de loin pour prétendre à retrouver la sélection d'ici l'Euro 2016.

Jérémy Ménez lors de AC Milan - Fiorentina

Crédit: Panoramic

Il est placé là, en embuscade, à la cinquième place du classement des buteurs et à seulement deux unités de la première occupée par Carlos Tévez. Sept buts inscrits à un tiers du championnat, autant qu’Icardi, Di Natale et Higuain. Jérémy Ménez a déjà égalé le meilleur total de sa carrière sur un championnat entier. C’était avec Monaco par deux fois, puis lors de sa première année parisienne. A première vue, ce n’est qu’une statistique, bien gonflée par les quatre penalties transformés. Mais cela ressemble fort à une intégration réussie dans sa nouvelle équipe. L’opération "relance" est sur la bonne voie. A 27 ans, Ménez vient d’entrer dans les meilleures années de sa carrière. C’est maintenant qu’il doit passer un dernier cap pour éviter d’intégrer la longue liste des talents gâchés. Une sorte de dernière chance d’exploiter définitivement ses énormes qualités, et cela, il semble l’avoir compris. Les débuts sont encourageants mais inutile de s’enflammer, on connait les défauts et les limites du joueur. Le chemin est encore long.

Inzaghi l’a personnellement voulu

Menez peut évidemment remercier Filippo Inzaghi, et ce n’est pas qu’une énième lapalissade journalistique. C’est bien ce dernier qui l’a voulu, il est même allé le chercher lui-même à Ibiza en juin dernier. Accompagné d’Adriano Galliani, historique "Monsieur mercato" du club, "SuperPippo" est allé le convaincre en personne pour le faire signer au Milan. Une attention que l’on ne réserve pas à n’importe qui. On peut imaginer un peu la teneur de la discussion : "Tu auras une place centrale dans mon projet". Car après une dernière saison parisienne en marge de l’équipe-type, Ménez avait avant tout besoin d’un entraineur qui croit en lui. Des limites caractérielles et mentales qu’il n’a toujours pas gommées, avec cette fameuse tendance à baisser les bras devant le premier obstacle.
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Jeremy Menez (Milan AC) contre Chievo Vérone en Serie A, le 4 octobre 2014

Crédit: AFP

Le Parisien a du mal à l’admettre et a d'ailleurs fait le tour de la presse française dès qu’il en a eu l’occasion pour décharger une bonne partie des responsabilités sur son ancien coach. C’était juste après ses très bons débuts avec le Milan. Ménez s’impatientait à l’idée de pouvoir vider son sac et de prendre sa revanche sur son ancien employeur. Réaction humaine certes, mais dont Inzaghi se serait certainement passé. Cela fait partie du personnage, qui jure pourtant avoir gagné en maturité. Le bonhomme est plus calme, plus réfléchi, mais quelques vieux réflexes du passé resurgissent parfois et resurgiront encore. Au Milan, il devra forcément arrondir les angles.

Excellent faux neuf, vrai ailier en difficulté

L’autre carence, elle n’a pas encore été corrigée. En effet, le rendement de Menez continue d’être très sinusoïdale. On peut ainsi décomposer son début de saison en trois parties. D’abord, les trois buts lors des deux premiers matches, dont cette talonnade très inspirée qui a fait le tour de la planète. Ménez est ensuite rentré dans le rang, un peu en même temps que son club, qui a enchainé une série de cinq matches sans victoires. Pour lui, ce furent huit rencontres sans marquer, soit presque deux mois d’abstinence. D’une presse dithyrambique à ses débuts à l’agacement des tribunes de San Siro lors de la défaite contre Palerme, il n’y avait peut-être pas qu’un pas, mais à peine plus de quelques enjambées. Ce revers, ce fut le point le plus bas de la nouvelle ère Inzaghi. Et maintenant, la reprise est en marche, avec quatre buts sur les trois dernières rencontres.
Les performances de Ménez sont intimement liées à sa position sur le terrain. C’est le vrai débat depuis qu’il est au Milan.Il n’a jamais caché son envie et surtout son intention de jouer au centre de l’attaque, ou en soutien d’un attaquant axial. Problème, il y a un certain Fernando Torres dans l’effectif. L’Espagnol ne met pas un pied devant l’autre, mais il faut amortir son gros salaire. Ajoutez à cela les directives du patron Berlusconi, qui a toujours préféré les vrais avant-centres de métier… Seulement Inzaghi semble décidé à miser sur ce "falso nueve". D’autant plus après les piètres prestations sur l’aile de Menez dans le 4-3-3 ou 4-2-3-1. "El Niño" a été mis sur le banc dimanche dernier contre l’Udinese et Ménez a su parfaitement cueillir l’occasion avec ce doublé décisif. Il a marqué des points, mais difficile d’imaginer l'attaquant prêté par Chelsea squatter le banc de façon continue.

Deschamps encore sceptique

Quoi qu’il en soit, les prestations de l'ex-Sochalien sont arrivées jusqu'aux yeux et aux oreilles de Didier Deschamps. Le niveau de jeu de Ménez en club aura bien évidemment des répercussions sur son avenir en équipe de France. L’Euro 2016 à domicile démarrera dans un peu plus de dix-huit mois et il y a un train à prendre. Toutefois, le sélectionneur des Bleus a été formel dans la Gazzetta dello Sport récemment : "Il fait partie des cinquante joueurs que je suis. J'aime les joueurs à forte personnalité, mais il doit comprendre qu'en sélection, le collectif vient avant les individualités. Je ne sais pas s'il changera de ce point de vue". Le message est clair : sa prétention à vouloir absolument jouer dans l’axe est incompatible avec une éventuelle convocation. Lors d’un tournoi estival, pas de temps à perdre avec les états d’âmes des individualités, l’envie et le sens du sacrifice doivent primer sur le reste.
La situation est délicatement paradoxale, car au final, Deschamps concorde tout de même quant au style de jeu de Menez : "C'est plus un attaquant axial, c'est d'ailleurs là qu'il a débuté à Sochaux. Ce rôle lui convient mieux parce que, sur les côtés, il faut effectuer un travail défensif, ce qui n'est pas son fort." Mais la concurrence est de taille pour le moment au poste de numéro neuf : Benzema et Gignac en très grande forme, sans oublier Lacazette, Rémy ou Giroud. Difficile de le voir déloger tout ce beau monde s’il n’explose pas les compteurs avec l'AC Milan sur une ou deux saisons complètes. Mais Ménez a le vent en poupe en ce moment et est le leader reconnu de l’attaque d’une équipe en manque de têtes d’affiche. Il y a clairement une place à prendre dans ce nouveau Milan, même si ce n’est plus le grand Milan. Surtout si ce n’est plus le grand Milan ! Le challenge est de taille, mais le jeu en vaut la chandelle. Si Ménez contribue à ramener ce club mythique en haut de l’affiche, ce sera la plus belle ligne à son CV pour candidater sérieusement à un retour durable en Bleu.
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Jeremy Menez et Stephan El Shaarawy avec l'AC Milan - 2014-2015

Crédit: AFP

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