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Serie A : Le vieux Pippo Inzaghi pour un AC Milan tout neuf

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 25/07/2014 à 09:11 GMT+2

À première vue, le pari est osé mais Pippo Inzaghi a de sérieux arguments pour incarner le renouveau de l'AC Milan.

Filippo Inzaghi dans son costume d'entraîneur de l'AC Milan

Crédit: Panoramic

Le Milan semble être enfin sorti de sa torpeur. Après des mois de querelles intestines indignes d'un club qui nous a habitués à la stabilité administrative et sportive depuis presque trois décennies, c'est ce que tous les fans rossoneri espèrent. Dans l'ordre depuis novembre dernier : l'avènement de Barbara Berlusconi et le quasi départ de Galliani, l'adieu forcé de l’historique directeur sportif Ariedo Braida (27 ans de service), le limogeage de Max Allegri, la venue puis le torpillage de Clarence Seedorf. Des tribulations qui ont accouché d'une non qualification européenne, une première depuis seize ans. Pour relancer la machine, le choix s'est porté sur un autre débutant, Filippo Inzaghi (Pippo pour les intimes...ou plutôt pour tout le monde) qui a raccroché les crampons il y a tout juste deux ans et a guidé les U16 et U19 rossoneri durant ce laps de temps. Un pari grandeur nature mais un choix qui a tout pour s'avérer payant.

Pippo le pacificateur : il met tout le monde d’accord

Il fallait voir la ferveur des supporters lors du lancement de la saison le jeudi 10 juillet dernier au nouveau siège du club (une belle réussite par ailleurs !). Un grand soleil, des activités avec les plus jeunes, la disponibilité des joueurs qui se mélangent à la foule... L'opération reconquête était très bien lancée. Les chants des tifosi n'avaient qu'un seul destinataire "Oi Oi Oi ! Oi Oi Oi Oi ! Pippo Inzaghi segna per noi !" version remixée de Buffalo Soldier de Bob Marley et entonnée à San Siro pendant onze années.
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Filippo Inzaghi à la reprise de l'AC Milan en juillet 2014

Crédit: Panoramic

La star du Milan c'est lui, avec une cote de popularité immaculée pour un des joueurs les plus chéris de l'histoire du club. De quoi faire exploser le baromètre de l'enthousiasme et calmer les esprits échaudés de supporters en théorie désabusés. A se demander si le Milan a vraiment fini huitième de Serie A l'an passé. Ce vent d'optimisme souffle même sur les deux administrateurs délégués, Adriano Galliani et Barbara Berlusconi, qui cohabitent difficilement depuis plusieurs mois. C'est peut-être là le plus bel exploit de Pippo pour le moment : sa présence sur le banc rossonero réconcilie une direction et un peuple divisés.

Pippo le shérif : le retour d’une vraie discipline

La nomination d'Inzaghi comme entraîneur, c'est la garantie du retour de la discipline au sein d'un vestiaire qui a démontré beaucoup de lacunes sur ce plan. A demi-mots ou ouvertement, les plus anciens n'ont pas hésité à souligner ce problème juste après la fin de l'ère Seedorf. Des règles, Pippo Inzaghi s'en est imposées durant toute sa carrière de joueur, ce qui a permis de faire de ce footballeur sans qualités technique et physique apparentes l'un des buteurs les plus efficaces de l’histoire du football.
Deux anecdotes témoignent de son professionnalisme hors-normes : son menu désormais mythique composé de "pasta in bianco et bresaola" et sa résidence fixe à Gallarate depuis 2001, à quelques encablures de Milanello, loin du Milan branchouille et ses nombreuses tentations nocturnes. Concernant cet aspect, l’entraîneur est identique au joueur : méticuleux et très exigeant avec lui-même. Il ne pardonnera aucun écart et serrera la vis... voilà de quoi avait besoin le Milan. Des têtes risquent de tomber et une sélection naturelle s'effectuera pour former un groupe à l'état d'esprit sain.

Pippo le pragmatique : staff bien élaboré et 4-3-3 moderne

Pour que son autorité s'impose naturellement, il faut un projet sportif crédible, ce qui le différencie d'un Seedorf à l'ambition démesurée et qui voulait révolutionner le fonctionnement du club. Le Néerlandais désirait un staff XXL et onéreux avec Stam, Crespo et Davids, à l'américaine, soit un spécialiste par poste. Pippo Inzaghi a, lui, retenu l'immortel Tassotti (adjoint sans interruption depuis treize ans) que Seedorf et son énorme égo avaient poussé vers la sortie. En outre, il est allé dénicher Gianni Vio, le spécialiste des coups de pieds arrêtés sous contrat avec la Fiorentina, et Alfredo Magni, un des meilleurs entraîneurs des gardiens de la botte, qui officiait à Brescia.
Tactiquement, "Superpippo" a déjà les idées claires et travaille sur un 4-3-3 moderne. Il n'a pas caché son admiration pour l'Allemagne championne du monde, mais s'inspire aussi des préceptes barcelonais : latéraux hauts, playmaker qui descend au niveau des arrières centraux, projection offensive des milieux relayeurs. Voilà les premières ébauches de son Milan. Seedorf, lui, s’entêtait avec un 4-2-3-1 déséquilibré et dépourvu des bons interprètes. Inzaghi sait que ses dirigeants sont limités sur le marché des transferts et se contente pour le moment de trois recrues arrivées gratuitement (Alex, Menez et Agazzi). Il ne pressera pas sa direction pour des renforts impossibles à obtenir. Un petit côté "yes man" certes, mais tirer le meilleur du groupe à disposition, voici une mission à sa portée.

Pippo et les jeunes : des joueurs qu’il connaît par cœur et qu’il va intégrer

Qui dit peu de marge de manœuvre sur le mercato dit investissement sur les jeunes pousses du centre de formation, sujet tabou en Italie depuis des années et également au Milan. Qui mieux cependant qu'Inzaghi pour miser sur eux ? Rappelons qu'il a d'abord entraîné la catégorie Allievi (U16) lors de la saison 2012-13 puis la Primavera (U19) l'année passée, une génération qu'il a suivie pas à pas pendant deux ans et avec laquelle il a instauré un rapport particulier. Plusieurs de ces jeunes ont été intégrés au groupe pro pour le stage de pré-saison et partiront en tournée américaine, dont Hachim Mastour déjà star de Youtube du haut de ses 16 ans. Si le Milan veut revenir dans la cour des grands, il doit opter pour une stratégie à long terme et procéder étape par étape. Dans cette optique, Inzaghi semble avoir le profil adéquat pour relancer cette institution à la dérive depuis bien trop longtemps.
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