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Silvio Berlusconi doit-il vendre l'AC Milan ? Le constat penche pour le oui

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 19/04/2015 à 00:09 GMT+2

SERIE A : Les rumeurs de la vente de l'AC Milan se multiplient ces derniers mois, mais cela pourrait être la bonne. Après un règne de près de trente ans, Silvio Berlusconi s'apprête à se séparer de son club, alors, est-ce une bonne nouvelle ?

Silvio Berlusconi - AC Milan 2015

Crédit: Panoramic

Et de 72 ! Silvio Berlusconi  "disputera" son 72e derby personnel ce dimanche. Le bilan est d’ailleurs parfaitement équilibré : 26 victoires pour autant de revers et 19 matches nuls. 72e donc et peut-être le dernier. En effet, les rumeurs sur la vente du club croissent semaine après semaine. Les démentis officiels ont beau se succéder, personne n’y croit. L’historique patron de l'AC Milan a bien entamé des négociations, initialement pour vendre une partie des parts – à peu près 30 % - et rester majoritaire.
Dernièrement pour le céder intégralement. C’est une nouvelle fois l’Asie qui tient la corde avec deux prétendants fortement intéressés. Le Thaïlandais Bee Taechaubol et un groupe d’investisseurs chinois. Des offres concrètes qu’il est impossibles d’ignorer, même si le "Cavaliere" fixe la barre très haute estimant l'AC Milan à un milliard d’euros. Quoi qu’il en soit, on se rapproche bel et bien d’un moment historique, mais est-ce justement souhaitable pour le glorieux club milanais ? Pesons le pour et le contre.
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Silvio Berlusconi - AC Milan 2015

Crédit: Panoramic

Pourquoi Silvio Berlusconi doit vendre le Milan

  • Parce qu’il ne s’y intéresse plus vraiment
Si Berlusconi restait en poste jusqu’à l’an prochain, il fêterait ses 30 années à la tête du club. Son intérêt pour le Milan a été fluctuant au cours de son règne, d’abord très important pour les premières années, puis graduellement régressif suite à son entrée en politique en 1994. Beaucoup estiment d’ailleurs que c’était la raison principale du rachat du club en 1986. Théorie confirmée ces dernières années avec un regain d‘intérêt au moment de chaque rendez-vous politique important. Sa présence à San Siro se fait extrêmement rare depuis dix ans, et ce n’est que cette année qu’il a fait régulièrement son apparition au centre d’entrainement de Milanello. S’il délègue évidemment beaucoup, notamment à sa fille Barbara, il est clair que le Milan est devenu le cadet de ses soucis.
  • Parce que le mécénat ne marche plus
 A l’instar de son cousin intériste, le Milan a raté le virage du football moderne. Aujourd’hui encore, le club se repose sur les finances de la Fininvest, la holding qui contrôle l’empire Berlusconi, et qui injecte de moins en moins d’argent. Devant la difficulté de multiplier correctement les sources de revenus, le club s’est retrouvé dépendant de certaines entrées d’argent (droits TV surtout) et doit faire attention à ses dépenses. Et quand un club de cette envergure dépense moins, il gagne tout simplement moins. Durant l’ère Berlusconi, le Milan a remporté 28 trophées répartis ainsi : 23 lors des 20 premières années, 5 lors des 9 suivantes. Pas de bras, pas de chocolat. Pas d’argent, pas de trophées.
  • Parce que la confiance en Galliani a ses limites
Toutefois, Fininvest a régulièrement bouché les trous (surtout avant l’apparition du Fair-Play financier), et quelques fonds ont été débloqués, suffisants pour opérer au moins correctement sur le marché des transferts. Seulement voilà, Adriano Galliani a bien souvent mal dépensé ce pécule. Celui que l’on surnomme le majordome pour sa servitude envers le "Cavaliere" est arrivé en même temps que lui en 1986. Mais à 70 ans, il ne compte pas passer la main même s’il doit partager ses fonctions avec Barbara depuis un an et demi. Depuis le départ forcé d’Ariedo Braida (qui a vite rebondi au Barca), le sportif dépend ainsi entièrement du célèbre chauve. Aveuglé par une certaine omnipotence, il refuse d’être épaulé par un directeur sportif, et empêche notamment le retour de Paolo Maldini.
  • Parce que son image est définitivement détériorée
Le palmarès judiciaire de Silvio Berlusconi est presque aussi impressionnant que celui footballistique. Une trentaine de procès en vingt ans. Rassurez-vous, il en a gagné autant que de trophées, un seul ayant débouché sur une réelle sentence de culpabilité le concernant, celui pour fraude fiscale de l’entreprise télévisée Mediaset. Trois autres sont encore en cours. On a tout eu : corruption, bilans falsifiés, prostitution de mineurs et compagnie. Bien évidemment, peu de personnes peuvent prétendre montrer patte blanche dans ce milieu, mais ça commence à faire beaucoup. D’autant que cela se répercute indirectement sur le club. Lors du procès "Lodo Mondadori", la Fininvest a été condamnée à payer un demi-milliard d’euros, une somme qui a mis ses comptes dans le rouge, réduisant par ricochet l’investissement dans le Milan.
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Silvio Berlusconi - AC Milan en 2011

Crédit: Panoramic

Pourquoi Silvio Berlusconi doit conserver le Milan

  • Parce qu’il a des intuitions fulgurantes
S’il a tendance à s’attribuer plus de mérites que de raison, on doit reconnaitre que Berlusconi n’a pas que le sens des affaires. Son flair footballistique y est pour beaucoup dans la réussite du Milan. C’est lui qui a lancé deux des plus grands entraineurs du dernier quart de siècle. Il a d’abord déniché et donné sa chance au révolutionnaire Arrigo Sacchi alors totalement méconnu. Puis, il a misé sur Fabio Capello lorsqu’il n’était qu’un simple manager à la Polysportive Mediolanum. Le Leonardo directeur sportif, c’est aussi de lui. Bref, "Berlusca" a du pif, on ne peut pas lui enlever.
  • Parce qu’on sait ce que l’on perd, mais on ne sait pas ce que l’on trouve
Rien de mieux qu’un bon vieux proverbe, et ce ne sont pas les cousins de l’Inter qui vous diront le contraire. La plupart était content que Massimo Moratti passe la main en novembre 2013 après 18 ans à la tête des Nerazzurri. Son successeur Erick Thohir avait affiché ses ambitions et a même plutôt investi. Résultats : l'Inter n’a jamais été aussi mal classée à ce stade de la saison depuis une vingtaine de saisons. Comme quoi, le savoir-faire des grands financiers de l’Est asiatique n’est pas suffisant. Le passage de témoin est beaucoup plus délicat que prévu. A long terme, cela pourrait être bénéfique, mais un club comme le Milan ou l’Inter ne peut se permettre d'attendre trop longtemps.

Conclusion : le pour l’emporte

Vous remarquerez que la balance penche largement en faveur du pour. C’est aussi l’avis du peuple rossonero qui multiplie notamment les campagnes "pro" à San Siro depuis deux matches. Désertion de la Curva Sud, affichage de banderoles, communiqués officiels. Le message est passé. Le cycle Berlusconi touche à sa fin et depuis quelques années déjà. Le "caïman" file sur ses 79 ans et pense surtout à un nouveau retour en politique, même s’il est inéligible jusqu’en 2020. C’est dans cette bataille qu’il livrera ses dernières forces avant de - peut-être - se ranger un jour. Et le Milan ne peut plus continuer de dépendre de l’humeur d’un seul homme, la récession a assez duré.
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