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Pourquoi il faut aimer Mazzarri

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 21/01/2018 à 15:07 GMT+1

SERIE A - Libre depuis cet été après son expérience à Watford, Walter Mazzarri s’est engagé avec le Torino au début du mois. Un retour qu’il faudra apprécier. Malgré tout.

Walter Mazzarri, Torino

Crédit: Getty Images

On l’avait quitté sur un nul 2-2 à domicile contre le promu Hellas Vérone. "Walterone" s’était fait virer quelques jours plus tard pour laisser place à Roberto Mancini sur le banc de l’Inter. Nous étions en novembre 2014, et il s’agissait de son premier licenciement en treize ans de carrière. Au-delà des choix de carrière successifs et des probables destinations refusées, plus de trois ans d’absence en Serie A ont été une mise en quarantaine beaucoup trop longue pour un des meilleurs entraineurs transalpins. Je l’admets volontiers, il est difficile de passer outre les bouffées d’antipathie qui se dégagent de son attitude et son idéologie footballistique pragmatique, mais je vous demande un effort !

Parce ce que tout part d’un malentendu

Andreolli, Campagnaro, Wallace, Rolando, D’Ambrosio, Belfodil, Hernanes, Icardi, Taider la première saison. Medel, Vidic, Osvaldo, M’Vila, Dodo la seconde. Ce sont les recrues mises à disposition de Mazzarri lors de ses trois sessions de mercato à l’Inter. Ajoutez à cela des héros du Triplete complètement cramés et c’est son entière expérience milanaise qui est tout d’un coup réévaluée. Selon mon équation favorite établie via les résultats obtenus d’un côté et les moyens financiers et humains à disposition de l’autre, on se rend compte que le Toscan a peut-être été le meilleur entraineur nerazzurro depuis l’après Mourinho.
Je rappelle que Moratti avait fermé les robinets avant la revente du club, et que son successeur Erick Thohir devait avant tout rééquilibrer les comptes. La cinquième place obtenue la première saison (sans jamais quitter le Top 6) aurait dû lui apporter le crédit nécessaire pour ne pas sauter dès la 11e journée la suivante. Il en fut autrement, et ce licenciement causa une crise d’Alzheimer chez bon nombre de personnes. Moi, je n’oublie pas ses saisons à Livorno (une promotion et trois maintiens consécutifs), à la Reggina (un maintien héroïque en démarrant la saison à -11), la Sampdoria (une qualif en Europe) et le Napoli (une 3e et une 2e avec un effectif bien moins bon que celui actuel). Le tout avec une identité tactique bien définie, ce 3-5-2 plutôt petit bras, mais bigrement efficace.
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Walter Mazzarri sur le banc de Watford en 2017

Crédit: Getty Images

Parce que le piètre communiquant ne doit pas faire oublier le fin tacticien

Il y a quelques années, plus de la moitié des équipes de Serie A s’étaient reconverties à la défense à trois, y compris la Juve des records de Conte. Mazzarri ne l’a pas inventée, certes, mais il l’avait remise au gout du jour dès le milieu des années 2000. Une version très défensive, basée sur une solidité dans l’axe (trois défenseurs centraux donc et trois milieux dynamiques à vocation avant tout défensive) et une parfaite maîtrise de l’art de la contre-attaque, la possession étant secondaire. Ce schéma, il a su l’adapter aux caractéristiques de son effectif, souvenez-vous du 3-4-2-1 du Napoli avec le duo Hamsik/Lavezzi en soutien de Cavani. "Je connais toutes les tactiques, c’est important dans le foot car même si ce n’est pas une science exacte, avoir des connaissances basiques fait la différence. Je préfère marquer moins et encaisser moins, dès fois, vous pouvez gagner 4-3 en attaquant beaucoup, mais c’est une attitude qui ne paye pas à la longue. Moi je suis quelqu’un de réaliste qui soigne beaucoup la phase défensive", a-t-il rappelé lors de sa conférence de presse de présentation au début du mois.
La greffe a eu du mal à prendre en Premier League, où, au-delà des chiffres, cette mentalité a posé problème. Toutefois, la série finale de six revers consécutifs ne doit pas éclipser un maintien acquis largement à l’avance, mais il a aussi payé son image médiatique rebutante, un anglais “macaronique” comme on dit en Italie, un caractère acariâtre et une capacité inégalée à se trouver des alibis en cas de défaites. Oui, il faut vraiment se faire du mal pour aimer Walter.
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Walter Mazzarri

Crédit: AFP

Parce que cela peut être le tournant de l’histoire récente du Torino

Le président Urbano Cairo a tapé dans le haut du panier et a peut-être trouvé le dernier chaînon manquant. En effet, moyens, gestion et tradition font du Torino le candidat numéro un pour élargir le club des prétendants réguliers à l’Europe (que l’on compte au nombre de sept chaque été). Et ce n’est peut-être pas encore trop tard pour cette saison. Mihajlovic a été remercié alors que les granata figuraient dans le ventre mou, mais les places 6 et 7 pourraient être toutes deux qualificatives pour la Ligue Europa, le Toro n’en est qu’à deux longueurs. La probante victoire 3-0 contre Bologna pour la première dénote d’un impact déjà efficace et l’effectif à disposition permet d’avoir des ambitions légitimes.
Sirigu a réussi son retour en Serie A, N’Koulou s’est parfaitement intégré dans son nouveau championnat, tous les postes sont pourvus et doublés et un joueur comme Belotti doit encore lancer sa saison. "Il faut atteindre les objectifs sans trop parler, mon état d’esprit est de fonctionner match après match, et on fera les comptes à la fin du championnat, c’est la base de mes principes." Un discours qui ne fait pas rêver, mais qui a toujours fait ses preuves. Vous le verrez lorsque, après six mois et une session de mercato où il consolidera les bases de sa nouvelle aventure, Walter modèlera l'équipe à son image durant la prochaine préparation estivale. On parlera d'un Torino de retour aux affaires pour foutre le bazar dans le premier tiers du classement. Et il y a en à qui ça va faire tout drôle.
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