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Le vrai bilan de santé du football italien

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 12/09/2018 à 20:09 GMT+2

SERIE A - Institutions, compétitivité, sélection, infrastructures… le Calcio est-il vraiment sur la voie du retour comme annoncé un peu partout ?

Cristiano Ronaldo

Crédit: Getty Images

"Fuoriclasse ! Comment l’Italie veut redevenir le meilleur championnat du monde", c’est ce qu’on peut lire en couverture du dernier Onze Mondial, magazine historique s’il en est, avec les stars de la Serie A et les couleurs de l’Italie en fond. Oyé, oyé, braves gens, le Calcio est de retour, voici donc le leitmotiv de cette intersaison footballistique, et ça m’arrange, bien évidemment. Le plateau est alléchant, cela ne fait aucun doute, mais ces slogans trahissent plutôt un souhait empreint de nostalgie qu'un véritable constat. En effet, avec un poil de recul supplémentaire, on se rend compte que le chemin à parcourir est encore très long et qu’il n’a pas vraiment été débroussaillé.

Les dépenses du dernier mercato

La Serie A a été très active sur le marché des transferts avec plus d'un milliard d’euros investi sur l’ensemble de l’année 2018 et Cristiano Ronaldo en tête de gondole, mais comme l’écrit l’observatoire du football CIES "pour une compréhension optimale de l’économie du marché des transferts, il est indispensable d’étudier le bilan net des opérations tant par ligue que par club." Celui-ci parle d’un déficit de -288 millions entre ventes et achats quand la Premier League peut se permettre un -1131 (la Liga complète le podium avec -258).
Si on s’en tient strictement aux virements bancaires de cet été 2018, le Napoli et la Roma sont même dans le positif pour vingt millions chacun (source transfermarkt). Dans un sens, c’est une bonne chose, les clubs font attention à leurs comptes, dans l'autre, cela signifie que le pouvoir d’achat demeure limité.
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Cristiano Ronaldo, le nouvel attaquant de la Juventus Turin.

Crédit: Getty Images

Le renouveau des infrastructures

C’est un peu le fil rouge du football italien avec un éternel statu quo. A Naples, la situation est devenue loufoque, le club et la ville propriétaire du vétuste stade San Paolo n'ont pas trouvé d’accord, ainsi, le Napoli payera un forfait au match avec obligation de reverser 10% des recettes à la commune. Le président et le maire s’enlisent dans des joutes verbales affligeantes et ce sont évidemment les tifosi qui trinquent car il leur a été impossible de souscrire un abonnement annuel.
Dans la capitale, le projet du nouveau stade de la Roma a bien été approuvée mais il a subi de nombreux ralentissements. Dernier en date, une enquête sur des pots de vin offerts par les constructeurs à des fonctionnaires (le club est hors de cause). Le plus simple reste encore la solution du restyling comme à Bergame et bientôt Bologne, mais on est toujours loin du compte.

La réforme des institutions

La fédération est dirigée par des commissaires de tutelle depuis janvier. C’était, en théorie, l’occasion de faire table rase du passé, mais Roberto Fabbriccini et Alessandro Costacurta se sont heurtés à l’immobilisme. On les dit d’ailleurs au bout de leur patience. La mise en place des équipes B est un flop retentissant, seule la Juventus ayant inscrit la sienne. L’été a été marqué par une série de scandales financiers et des recours à une justice sportive engourdie. Et ce n’est pas encore fini. La Serie B a débuté avec 19 équipes mais d’autres pourraient s’ajouter en cours de route, la Serie C a été repoussée de deux semaines. Au milieu de ce bourbier, les principales familles du football mènent la fronde afin de reprendre le pouvoir, une élection est prévue le 22 octobre avec des critères inchangés, c’est à dire l’énorme poids de la Serie D et C. Seule innovation, une limite au cumul des mandats qui permettra de voir de nouvelles têtes... et des idées identiques.

La compétitivité du championnat

"La Juventus est hors-concours, nous et les autres disputons un second championnat. Tout le monde essaye de se donner le scudetto comme objectif mais en réalité, on essaye d’arriver entre la seconde et la quatrième place.” Ce récent aveu de Francesco Totti, désormais dirigeant de la Roma, est d’un pessimisme exagéré. D’une, il est inutile de tirer des conclusions après seulement trois journées, de deux, la Juve est certes la seule à avoir fait l’en plein et possède déjà au moins trois points d’avance sur ses concurrents directs, mais elle a été aidée par le calendrier, sans oublier qu’elle remporte son premier match au buzzer. Voilà deux saisons consécutives que la Vieille Dame est contrainte d’obtenir au moins 88 points pour conserver son titre, c’est bien que la concurrence répond présent.
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Piotr Zielinski lors de Naples - AC Milan

Crédit: Getty Images

Les chances de bien figurer en Ligue des champions

La qualification directe de quatre représentants à la phase de poules est un des facteurs qui contribuent à cette sensation de retour au premier plan. Maintenant, le tirage au sort a livré son verdict et deux équipes sont en danger, le Napoli (tombé avec le PSG et Liverpool) et l’Inter (Barca et Tottenham). Ce qu’on tend à oublier, c’est qu’il y a également quatre clubs espagnols, anglais et allemands et donc un nivellement vers le haut au niveau de la concurrence, et dès le premier tour. Néanmoins, à l’instar de la Serie A, inutile de s’avancer, le terrain est le seul juge.

Le nouveau cycle de la Nazionale

Comme il y a quatre ans après le désastreux Mondial brésilien, comme en novembre après la débâcle contre la Suède, c’est l’éternel refrain, il n’y a pas assez de sélectionnables en Serie A. Roberto Mancini tient le même discours que ses prédécesseurs, mais parle dans le vent car les clubs transalpins ne sont pas tenus de recruter ou de faire jouer des autochtones. Situation d’autant plus cocasse puisqu’il fut le tout premier coach d’une formation italienne à aligner onze étrangers au coup d’envoi, c’était il y a treize ans avec l’Inter.
Il récolte donc aussi ce qu’il a semé. Difficile de réunir un groupe de vingt habitués au très haut niveau, voilà pourquoi il en a profité pour appeler des très jeunes éléments tels Pietro Pellegri (17 ans) et Nicolo Zaniolo (19 ans). Ce dernier n’a encore jamais goûté à la Serie A mais a mené les U19 en finale de l’Euro de la catégorie en juillet, stade atteint par les U17 quelques mois plus tôt. La matière est là, mais ça coince toujours au moment de s'imposer chez les grands.
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Roberto Mancini - Italia-Polonia 2018

Crédit: Getty Images

La réforme du brassard de capitaine

Concluons sur une note d’optimisme. La Ligue italienne a décidé de s’inspirer de la Premier League en important et imposant un brassard uniforme, les (Étrusques) réfractaires écoperont d’une amende, notamment celui de la Fiorentina qui ose porter un brassard dédié au regretté Davide Astori décédé en mars. Une décision courageuse de la part des institutions qui va sans aucun doute concourir au retour du Calcio au premier plan.
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