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Serie A : Naples est-il condamné à rentrer dans le rang à moyen terme ?

Johann Crochet

Mis à jour 04/03/2019 à 08:50 GMT+1

SERIE A - Le club napolitain a su tirer profit d’une conjoncture positive en venant tutoyer les sommets du championnat d'Italie. Mais tandis qu’il doit passer un cap économique pour espérer rivaliser avec la Juve, un retour au premier plan de l’Inter et de l’AC Milan pourrait provoquer un redimensionnement de ses ambitions et le faire retourner à sa place originelle.

La formation du Napoli en Serie A

Crédit: Getty Images

Le Napoli n'a pas chômé ces trois dernières saisons : 82, 86 puis 91 points. Sur ces trois exercices, l’un de ces totaux de points aurait dû permettre au club italien de remporter son troisième scudetto. C’était sans compter sur l’omnipotente Juventus. L’année passée, Naples a même développé le plus beau football d’Italie sous l’égide de Maurizio Sarri. Mais cela n’a pas suffi.
Le club d’Aurelio De Laurentiis a été incapable de dépasser la Juve, même en ayant pris la décision de snober la coupe d’Europe et de se concentrer sur un seul et unique objectif, la conquête du titre national. La question est désormais de savoir s’il a laissé passer sa chance à court et moyen terme, ou si une belle surprise peut encore émerger.

Le Calciopoli et les clubs milanais avaient laissé de la place

Il faut parfois un petit coup de pouce d’autres clubs pour réussir à se faire une place au soleil. Dans les cas de Naples et de la Roma, le calciopoli (avec pour conséquence la relégation de la Juve en Serie B pour la saison 2006-2007) et l’impasse économique des clubs milanais (2012-2018) ont permis à ces clubs de retrouver le haut du classement. Ils le doivent certes à leurs bonnes performances sur le terrain, mais ce contexte leur a grandement été profitable. De l’exercice 2007-2008 à la saison passée, huit des onze éditions ont vu soit la Roma (5 fois), soit le Napoli (3), terminer à la seconde place. Tout sauf un hasard.
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Under Roma Napoli

Crédit: Getty Images

Historiquement, les trois grands clubs du Nord se partagent les titres. La Juve, l’Inter et l’AC Milan ont ainsi remporté 70 scudetti et le dernier club à avoir réussi à s’immiscer dans cette ultra-domination est la Roma lors de la saison 2000-2001. Il y a 18 ans. Le dernier titre du Napoli remonte à 29 ans. Sur les 33 dernières éditions, seuls quatre "autres" clubs sont parvenus à décrocher un titre de champion : Roma, Lazio, Naples, Sampdoria. Un chacun. Des miettes.
Alors, tandis que la Juve semble toujours imbattable et que les clubs milanais sont de retour avec des investisseurs richissimes - et une marque déjà bien installée à l’étranger -, quelle place aura le Napoli dans les années à venir ?

Structurellement, le 5e club de Serie A

Avec deux scudetti, Naples n’est que le 9e club (ex-aequo avec la Lazio et la Fiorentina) dans le classement des clubs italiens ayant remporté le plus de titres de champion d’Italie. Si l’on met de côté Bologne, la Pro Vercelli, le Torino et le Genoa dont les sacres remontent quasi-exclusivement avant les années 1950 et qui ne regagneront pas de scudetto de sitôt, Naples peut être aujourd’hui considéré comme le 5e club d’Italie, derrière l’AC Milan, la Juve, l’Inter et la Roma. Les performances sur les 15 dernières années situent le club à la même position. Une autre donnée, économique cette fois, confirme cette hiérarchie. Avec 182,8 millions d’euros de recettes, Naples est devancé par les quatre mêmes clubs au classement de la Deloitte Football Money League, du nom du cabinet étudiant les revenus des clubs européens. Et les marges de manœuvre semblent limitées.
Les Partenopei n’ont atteint les 200 millions de recettes qu’une seule fois dans leur histoire, c’était lors de l’exercice comptable bouclé en juin 2017, marqué par les effets de la vente record de Gonzalo Higuain à la Juve (90 millions) et par les retombées de la Ligue des champions sous l’ancien format, avec une part du market pool très élevée en raison de la faible représentation transalpine cette saison-là (deux clubs seulement).

Peu de leviers pour grimper dans la hiérarchie et concurrencer "les riches"

Et maintenant ? Avec quatre places assurées et malgré des primes en hausse, il faudra partager le gâteau de la Ligue des champions. S’il veut assurer plus de rentrées d’argent, il faudra aussi passer les poules. Naples n’y est parvenu que 2 fois depuis 2012. Et du côté des ventes, et donc des plus-values, le club n’a pas beaucoup de joueurs avec un marché aussi concurrentiel. Les deux seuls joueurs très cotés sont Kalidou Koulibaly et Allan, mais leur départ serait aussi une grosse perte sportive pouvant avoir des conséquences sur une nouvelle qualification en C1 la saison prochaine.
Pour augmenter ses recettes hors plus-values sur des transferts et hors dépendance à la C1, Naples pourrait se pencher sur la construction d’un nouveau stade, sujet déjà évoqué par Aurelio De Laurentiis lui-même. La Juve est ainsi passée de 11,5 millions d’euros de billetterie en 2011 à près de 60 millions en 2018 avec une écrin dont il est propriétaire. Mais après avoir ouvert la porte à ce type de projet, le président napolitain a récemment expliqué qu’il ne voyait pas le Napoli dans une autre enceinte que le San Paolo, lieu historique de tous les exploits. Problème, le troisième plus grand stade d’Italie est vétuste et ne peut revendiquer des prestations de haut standing lui permettant d’améliorer ses revenus. Les quelques retouches de rénovation sont insuffisantes.

Et si les tifosi s’y mettent...

Encore plus problématique, les tifosi désertent le stade cette saison pour plusieurs raisons : le jeu de l’équipe d’Ancelotti est loin d’être aussi divertissant que celui de Sarri (10 points de moins, 9 buts marqués de moins, 2 défaites de plus, moins de spectacle) et la contestation autour du président couve toujours. Certains l’accusent d’utiliser le Napoli pour parvenir à l’équilibre financier de tous ses business. D’autres lui demandent de construire une grande équipe avec des stars. Toujours est-il que la moyenne d’affluence est en chute libre avec seulement 33 000 spectateurs sur les matches aller, 37% de moins que lors de la saison 2017-18. Et c’est autant de recettes liées à la billetterie qui s’envolent.
Souvent interrogé sur la compétitivité du Napoli, De Laurentiis préfère parler de son modèle vertueux avec un club beaucoup moins endetté que la Juve, l’Inter, l’AC Milan et la Roma. C’est un fait. Il ne peut lui être reproché. Mais tandis que la Juve est intouchable, que l’Inter et Milan redeviennent compétitifs sportivement et économiquement grâce à des investisseurs solides, et que la Roma semble enfin destinée à avoir son stade en propriété, le Napoli risque le redimensionnement. Le club a-t-il atteint son plafond de verre économico-sportif ? L’avenir le dira, mais la conjoncture n’envoie guère de signaux optimistes.
"Qu’on me donne 100 millions de revenus supplémentaires et vous verrez si je ne remporte pas, moi aussi, le scudetto", avait déclaré le président napolitain il y a quelques semaines. C’est là tout l’enjeu, mais ce n’est pas en regardant les poches du voisin que les siennes se remplissent. De Laurentiis le sait et cet aveu d’impuissance en dit long sur ses espoirs de voir un jour le Napoli rattraper la Juve.
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