Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Inter-Juve - La tornade Antonio Conte a ravivé l’espoir chez les Nerazzurri

Johann Crochet

Mis à jour 06/10/2019 à 14:30 GMT+2

SERIE A - Alors que l’Inter accueille la Juventus ce soir pour le 236e derby d’Italie de l’histoire, le club nerazzurro vit sur un petit nuage depuis l’arrivée d’Antonio Conte. L’entraîneur a guidé ses joueurs vers un parfait 6/6 en ce début de championnat et a surtout fait renaître l’espoir de mettre un terme à l’hégémonie de la Juve, reine du Calcio depuis 2011-2012.

Antonio Conte (Inter) après la victoire des siens face à la Sampdoria (28 septembre 2019)

Crédit: Getty Images

31 mai 2019. Après un cirque médiatique de plusieurs semaines, ayant permis à Antonio Conte de faire un teasing grandeur nature pour le choix de sa future équipe, l’attente prend fin. L’Inter officialise l’arrivée du technicien de 50 ans pour les trois prochaines saisons. Quelques minutes après l’annonce du club, la Curva Nord, le noyau dur des tifosi Nerazzurri, réplique avec un communiqué très dur à l’encontre de l’entraîneur italien, renvoyé à son passé judiciaire et à son ADN juventino. Les supporters mettent en garde Conte : "Ici, ce n’est pas la Juve."
L’arrivée du "Mister" apporte son lot de fraîcheur et des promesses d’un jeu plus spectaculaire, le tout entouré d’un certain scepticisme historique, eu égard à son pedigree. Quatre mois plus tard, la tornade Antonio Conte a tout emporté sur son passage et a fait renaître l’enthousiasme chez les tifosi Nerazzurri.

La patte Antonio Conte

"Testa bassa e pedalare." C’est la marque de fabrique de l’entraîneur intériste. "On baisse la tête et on pédale". Le gimmick fait son effet. Antonio Conte a passé tout l’été à répéter cette phrase pour calmer l’euphorie d’une presse ravie de voir la réapparition d’une once de suspense au sommet du football italien et de supporters prêts à s’enflammer. Avec un mercato ambitieux et un changement d’identité du côté de la Juventus, la porte s’est entre-ouverte.
Le leadership d’Antonio Conte n’est plus à démontrer. Il est de ceux qui créent un sillon et indiquent le chemin. Quand un club engage le technicien italien, il sait ce qui l’attend. Il n’est pas un homme de compromis et l’Inter a pu le constater dès la reprise des entraînements. Icardi, Nainggolan et Perisic ? Ils n’entrent pas dans le projet de l’entraîneur et sont envoyés aux quatre coins de l’Europe. Les négociations pour Lukaku – priorité absolue cet été – trainent ? Conte met la pression. Il n’a pas de temps à perdre.
picture

Antonio Conte, entraîneur de la Juve entre 2011 et 2014 et de l'Inter depuis cet été

Crédit: Eurosport

Il porte la même exigence envers les autres qu’avec lui-même, ce qui peut parfois être usant pour ceux qui l’entourent. Mais ça marche. Le renouveau de la Juve entre 2011 et 2014 ? C’est lui. L’orgueil retrouvé de l’Italie après sa débandade à la Coupe du monde 2014 ? C’est également lui, avec un groupe très limité et une attaque Eder-Pellè. La conquête d’un titre de champion à Chelsea malgré une 10e place calamiteuse la saison d’avant ? C’est encore lui. La méthode Antonio Conte paye et souvent très rapidement. Avec le technicien italien, il n’y a pas l’excuse du temps et de l’adaptation à de nouvelles consignes ou à un style de jeu différent. La rapidité avec laquelle il arrive à faire comprendre ses principaux mécanismes de jeu à ses joueurs est étonnante. En moins de trois mois, l’Inter 2019-2020 est largement identifiable comme étant la créature d’Antonio Conte.
En l’espace de huit rencontres, l’identité Inter est déjà bien marquée. Des phases de jeu sautent aux yeux comme ces sorties de balle lumineuses à travers du jeu en une touche de balle et des mouvements répétés. Les pistons sur les côtés interprètent déjà leur rôle les yeux fermés, tandis que l’équipe parvient à gérer sans sourciller les phases de transition défensive grâce à une forte implication des joueurs dans le travail sans ballon. Dans la construction cette fois, les décrochages des attaquants sont réguliers, permettant à des milieux comme Sensi et Barella de proposer des solutions en attaquant l’espace. Tout est déjà bien huilé en si peu de temps. Et la marge de progression existe, notamment au niveau de la complémentarité entre Lukaku et Lautaro ou de l’insertion de recrues comme Lazaro et Biraghi.

L’enthousiasme semble avoir changé de camp

La Juve a effectué un virage à 180 degrés en accueillant Maurizio Sarri. Avec lui, les tifosi se sont mis à rêver d’une équipe capable de gagner tout en jouant de manière spectaculaire, après des années de conservatisme sauce Allegri. Les premiers matches de la saison les ont rappelés à la réalité. Tandis qu’Antonio Conte a pu démarrer devant une page blanche en remodelant l’effectif et en le mettant à ses ordres, l’ancien entraîneur de Naples a découvert le vestiaire de la Juve. Composé de sénateurs et de joueurs qui ont tout gagné, il n’est pas aussi facilement malléable que celui de l’Inter, bourré d’éléments revanchards n’ayant plus retrouvé la joie du podium depuis 2011.
Arrigo Sacchi a vite résumé le travail de Sarri dans le club turinois. "Il est arrivé dans une équipe qui a tout gagné et il doit désormais inculquer un football totalement différent, expliquait-il dans un édito de la Gazzetta dello Sport. Cela signifie qu’il doit avant tout convaincre les joueurs, les mettre dans sa poche et les impliquer dans ce nouveau projet." En ce début de saison, le travail de Sarri est autant sportif que psychologique. Et cela se voit sur le terrain puisque la Juve a repris sa marche en avant sans grande avancée dans le jeu, Sarri sacrifiant même son 4-3-3, comme il l’avait fait à Chelsea, pour un 4-3-1-2 lors des trois dernières sorties du club. Douglas Costa blessé, le technicien de 60 ans se retrouve sans ailier de haut niveau et ne souhaite pas bricoler, comme avait pu le faire Allegri avec Mandzukic sur l’aile gauche et Dybala à droite. Ce schéma permet de densifier l’axe avec l’ajout d’un milieu comme Ramsey (en attendant Dybala ?) derrière le duo Higuain-Ronaldo. Le défaut majeur étant la couverture des côtés et l’exposition des latéraux (De Sciglio, Danilo, Alex Sandro) en phase de transition, là où excelle un certain ... Antonio Conte.
S’il a vu l’Inter lui prendre deux points d’avance en six journées, le club turinois a aussi eu son lot de problèmes à gérer : la grave blessure de Chiellini, l’adaptation compliquée de De Ligt, l’hécatombe chez les latéraux (blessures de De Sciglio et Danilo) et un environnement agité avec la grève des ultras en raison de l’arrestation de 12 d’entre eux dans l’enquête sur le chantage exercé par des groupes de supporters sur les dirigeants du club. Si l’on ajoute une certaine déception sur le jeu produit par la Juve en ce début de saison et la conscience que l’Inter sera plus qu’un concurrent cette saison, l’enthousiasme semble avoir changé de camp en ce début d’automne. Même la défaite sur la pelouse de Barcelone mercredi (2-1) n’a pas altéré ce sentiment. La première période extraordinaire des hommes de Conte au Camp Nou est vue comme un extrait ou un teaser de ce que pourrait donner l’Inter sur 90 minutes dans les semaines et mois à venir.
En attendant, le "monde nerazzurro" chante les louanges de l’entraîneur interiste. Les anciens joueurs du club, comme Eto’o, Sneijder, Mazzola ou Ballotta se succèdent devant les micros pour avouer qu’en effet, l’Inter peut être sacré champion d’Italie cette année. C’est aussi une des tâches que doit surveiller Antonio Conte en permanence : surfer sur l’enthousiasme avec ses joueurs, mais calmer le monde extérieur en martelant que pour gagner, la seule recette réside dans son placide et néanmoins lucide : "testa basse e pedalare".
picture

Lionel Messi (FC Barcelone) face à Stefano Sensi et l'Inter (2-1), le 2 octobre 2019

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité