Dopage | Test positif à la testostérone | Contre-analyse, sanction... Paul Pogba, l'heure de vérité

Paul Pogba prend son mal en patience. Inéluctablement. Testé positif à la testostérone fin août après le match entre l'Udinese et la Juventus, comptant pour la première journée de Serie A durant laquelle il n'était même pas entré en jeu, l'international français est suspendu à titre provisoire depuis le 11 septembre. Résultat, le voilà contraint à s'entraîner individuellement, chez lui, pour se maintenir en forme en vue d'un hypothétique retour.

Touché par cette situation, la "Pioche" n'a plus vraiment pointé le bout de son nez depuis, pas même à l'Allianz Stadium pour voir jouer ses coéquipiers, avec qui il conserve des contacts uniquement téléphoniques. Son attente, désormais, concerne les résultats de l'échantillon B demandé par ses avocats et dont le processus démarre ce jeudi à Rome dans les laboratoires du centre olympique de l'Acqua Acetosa. Voilà ce qui attend maintenant le champion du monde 2018.

En la présence des avocats du joueur, le laboratoire romain va analyser le deuxième échantillon d'urine "non négatif" prélevé sur Pogba à l'issue du match Udinese-Juve. Ce dernier a été conservé à -20°C au laboratoire Fmsi (Fédération médicale sportive italienne) de Rome. L'objectif est uniquement de rechercher l'éventuelle présence de testostérone, soit un dépistage beaucoup plus rapide que la première analyse.

Assez rapidement. Si La Gazzetta dello Sport parle de jeudi soir ou vendredi, Tuttosport penchait plutôt sur une attente de trois jours. "Une chose est certaine, la possibilité que la contre-analyse démente le premier résultat d'un test antidopage est très, très basse", précise le quotidien rose, indiquant que la testostérone est l'une des substances les "plus faciles à repérer".

En cas de nouveau test positif confirmé, le milieu de terrain est passible d'une suspension de quatre ans qui pourrait toutefois être réduite de moitié s'il parvient à démontrer la non-intentionnalité, voire limitée à quelques mois si l'usage de la substance a eu lieu "hors compétition et n'est pas liée à son niveau de performance". A partir de la communication du résultat de la contre-analyse, Pogba aura sept jours pour envoyer sa défense et/ou demander d'être interrogé.

L'intéressé pourrait également tenter de trouver un accord à l'amiable avec la justice, à la demande de l'une des parties. Mais dans ce cas, la réduction de peine ne pourra dépasser 50% de la proposition de suspension initialement formulée à son encontre par le tribunal antidopage italien. Par exemple, si Pogba venait à être suspendu 2 ans, l'accord porterait sur une seule année de suspension. De plus, il est également précisé par le règlement de l'antidopage que dans l'éventualité d'une entente entre les parties, il devra être prouvé concrètement la notion de non-intentionnalité. En parallèle, justice civile pourrait également être saisie, puisque le dopage représente un délit en Italie.

Les métabolites de testostérone, identifiées dans son échantillon urinaire, proviendraient de l'utilisation d'un complément alimentaire prescrit par un médecin qu'il a consulté aux Etats-Unis. La testostérone, hormone de la fertilité et de la sexualité masculine, favorise le développement des muscles. Selon la presse italienne, le milieu de terrain français aurait pris un complément alimentaire acheté aux États-Unis et conseillé par un ami médecin de confiance, mais complètement étranger à son club, pas prévenu en amont. La notice indiquait toutefois que le "complément contenait des substances pouvant provoquer un risque de dopage", assurait La Gazzetta dello Sport au moment des faits.

Celle de l'attente, pour l'instant. Tout comme son joueur, dont le salaire a été suspendu, le club piémontais patiente jusqu'au verdict de la contre-analyse. Ensuite, tout est possible. Les médias italiens n'excluent pas une séparation en cas de confirmation du test positif, ce qui permettrait à la Vieille Dame, qui serait dans ses droits, de réaliser une économie d'environ 30 millions d'euros (Pogba touche un salaire de 8 millions d'euros, plus 2 de bonus éventuels). Elle pourrait également attendre le verdict de la justice et l'annonce de la durée de sa suspension, avant de prendre une décision définitive sur la suite à donner.

"Depuis son retour (à la Juventus en juillet 2022), c'est un homme de 30 ans qui, malheureusement, a connu des pépins physiques et pour qui les choses ne sont pas bien passées. La situation me désole, avait déclaré son entraîneur Massimiliano Allegri le 15 septembre dernier. Il y a une procédure en cours, je ne peux rien dire de plus (...) Il m'est difficile de dire au moment où je vous parle, ce que (cette affaire) va changer pour l'équipe à plus long terme."