José Mourinho limogé par l'AS Rome, un coup de tonnerre en questions

Oui, mais surtout par rapport à son timing. La tendance était plutôt à le voir partir à l'expiration de son contrat à la fin de la saison. La décision des dirigeants de la Roma de remercier le Portugais dès cet hiver a d'ailleurs surpris beaucoup de tifosi giallorossi présents ce mardi matin au centre d'entraînement, selon les informations du Corriere dello Sport. Même si la Louve était en grande difficulté avec une série de cinq matches sans victoire en Serie A et une élimination face au voisin de la Lazio la semaine passée en Coupe d'Italie, Mourinho ne semblait pas menacé à court terme.

"Personne à Rome ne s'attendait au limogeage de José Mourinho, confirme Davide Bighiani, journaliste de la rédaction italienne d'Eurosport. Il était désormais clair pour tout le monde que son aventure aurait pris fin en juin, mais la décision de le relever de ses fonctions était absolument inattendue." Elle suit en tout cas une tendance très marquée. La troisième année a été fatale à Mourinho, comme à Chelsea, au Real Madrid, à l'Inter ou à Manchester United. Que son passage à la Roma n'échappe pas à la règle n'est pas si surprenant dans ce sens.

C'est la raison avancée par les propriétaires du club, Dan et Ryan Friedkin, dans le communiqué publié par le club romain mardi matin. Les résultats n'étaient en effet pas à la hauteur de standing de la Roma, 9e au classement et relégué à 22 points de la première place occupée par l'Inter. Mais malgré leur mauvaise passe, les Giallorossi n'étaient qu'à cinq points de la quatrième place et pouvaient encore espérer une qualification européenne en fin de saison. C'est de ce point de vue que la thèse de la crise de résultats paraît limitée pour justifier une telle décision.

"Certes, les résultats qui n'arrivaient pas sont à la base de la décision, mais le fait de la prendre à ce moment-là signifie que quelque chose s'est brisé avec l'entraîneur, y compris sur le plan personnel, avance Davide Bighiani. Les derniers matches ont été très chaotiques et nerveux, et ont mis en évidence de nombreux problèmes de gestion, ainsi que des problèmes tactiques et techniques." Les coups de sang de Mourinho contre l'arbitrage et ses critiques envers son propre effectif ont créé des tensions entre le technicien portugais et sa direction. Ce qui peut expliquer pourquoi elle a choisi cette opportunité pour s'en séparer.

Il reste positif malgré la série actuelle. Mourinho a notamment offert à la Roma un titre européen en remportant la Ligue Europa Conférence en 2022 avant de guider le club italien à la finale de la Ligue Europa, perdue aux tirs au but face au FC Séville au printemps dernier. "Grâce à Mourinho, de nombreux supporters sont revenus remplir le Stade Olympique, souligne Davide Bighiani. Le fait d'avoir ramené un trophée international pour la première fois depuis 61 ans et d'avoir fait revivre des émotions qui avaient été oubliées depuis longtemps, a redonné de la fierté aux supporters de la Roma, qui leur en seront éternellement reconnaissants."

Mais si les tifosi sont revenus au Stade Olympique, ce n'est pas vraiment pour le spectacle proposé par l'équipe du Portugais. "On ne peut certes pas dire que son style de jeu et son interprétation du football soient modernes", reconnaît Davide Bighiani à l'heure de tirer le bilan du passage de Mourinho à la Roma. Ses principes semblent toujours plus limités par rapport à l'évolution du football et ce constat s'est confirmé après son mandat dans la capitale italienne. Mais cela ne l'a pas empêché d'ajouter une ligne à son palmarès et à celui du club. C'est ce que la Roma retiendra.

La Serie A et la Premier League restent les deux championnats où sa cote reste élevée. Mais la piste d'un autre club italien semble à écarter. "Il sera très difficile, voire pratiquement impossible, de voir Mourinho sur le banc d'une équipe de Serie A, estime Davide Bighiani. Il n'y a pour l'instant aucun club disposé à accueillir un entraîneur avec ses caractéristiques." En Angleterre, son nom revient régulièrement du côté de Newcastle pour éventuellement succéder à Eddie Howe, en difficulté après quatre défaites consécutives en championnat. Mais pour l'instant, c'est encore difficile d'imaginer Mourinho sur le banc des Magpies.

En l'état, la destination la plus probable semble être l'Arabie saoudite. Mourinho confiait avoir refusé une offre saoudienne pour rester à la Roma l'été dernier. Mais c'était peut-être reculer pour mieux sauter. "Je suis convaincu que je travaillerai en Arabie saoudite un jour, disait-il en octobre. Je ne sais pas quand mais j'en suis presque sûr." Le voir à la tête de la sélection portugaise n'est pas une hypothèse à écarter pour autant. Dans cette optique, Mourinho pourrait éventuellement attendre l'Euro, où le Portugal de Roberto Martinez sera l'un des grands outsiders, avant de prendre une décision concernant son avenir.