Mercato - Crack à la Fiorentina, déception à la Juventus : Dusan Vlahovic, artificier à relancer

Harry Kane, Victor Osimhen, Randal Kolo Muani, Romelu Lukaku... Le jeu de chaises musicales chez les attaquants s'annonce d'envergure cet été. Et le PSG, qui doit remplacer Lionel Messi tout en étant dans le flou concernant l'avenir de Kylian Mbappé, est naturellement au cœur du sujet. A chaque semaine, sa nouvelle piste. La dernière en date ? Dusan Vlahovic.

L'attaquant serbe vient de boucler sa première saison complète à la Juventus, qui avait payé plus de 80 millions d'euros pour l'attirer en janvier 2022. Après seulement 18 mois d'aventure commune, la Vieille Dame ne semble pas contre l'idée de s'en séparer. Que faut-il en déduire ? Que la Juventus n'est pas le meilleur cadre pour sa progression ? Ou qu'il a surchauffé durant son passage à la Viola ?

Il faut bien rappeler qu'avant de rejoindre Turin, Vlahovic a toute l'Europe à ses pieds. En Premier League, on explique par exemple qu'Arsenal est prêt à monter une opération, salaire et primes compris, de 180 millions d'euros pour l'attirer, tandis que Manchester City le surveille également de près. Alors qu'il sort d'une année 2021 à 33 buts en 42 matches de Serie A, performance de Cristiano Ronaldo avec la Juve égalée, on compare la pépite serbe et son potentiel à celui d'Erling Haaland. Rien que ça.

Son transfert à la Juve n'est pas censé le dépayser : il connaît la Serie A comme sa poche. Mais l'optimisme presque démesuré à son arrivée laisse rapidement place à la déception. "Quand il est arrivé à Turin, tout le monde était convaincu qu'avec lui, la Juve n'aurait pas de rival en Italie et serait très compétitive en Europe, rembobine Michele Neri, journaliste pour Eurosport Italie. Au lieu de cela, il a été très décevant. Il a marqué 23 buts en un an et demi, à Florence il en avait marqué 20 en une demi-saison (en 2021/22) avant le transfert... Et la Juve n'a remporté aucun trophée".

A sa décharge, Vlahovic n'a pas signé dans la Juve la plus dominante de l'histoire, loin s'en faut. Et encore moins la plus séduisante, le jeu prôné par Massimiliano Allegri pouvant être décrit comme... minimaliste, pour rester poli. C'est simple, Vlahovic n'a jamais touché aussi peu de ballons par match en Serie A, en moyenne, que la saison dernière (28,5), exercice durant lequel il touchait par ailleurs moins de cinq ballons par match dans la surface adverse.

"Vlahovic a été mal encadré, poursuit Michele Neri. La formation d'Allegri a laissé le Serbe trop seul, il a souvent été marqué par un ou plusieurs défenseurs, qui, n'ayant que Vlahovic à surveiller, n'ont eu aucune difficulté. Centres aléatoires, manœuvres stériles et initiatives sporadiques n'ont pas permis à l'attaquant de retrouver son sens du but".

Le Serbe n'aurait donc été qu'une victime de plus de cette Juve qui a trop souvent ronronné. Au moment de sa signature, Alvaro Morata, alors prêté à la Juve, n'était par exemple que le 35e joueur à tenter le plus sa chance en Serie A, très loin derrière Ciro Immobile ou Edin Džeko, comme le soulignait So Foot à l'époque.

Comparer les difficultés de Vlahovic à celles d'un Morata, oui. Mais le classer dès maintenant dans la catégorie des Krzysztof Piątek, l'homme aux 30 buts en 42 matches avec le Genoa puis le Milan AC lors de la saison 2018-2019, avant de disparaître complètement ? Non. En tout cas pas du point de vue italien.

"Des doutes sur son niveau et son potentiel ? Honnêtement, non. L'opinion la plus répandue en Italie est que Vlahovic a simplement choisi la pire équipe pour poursuivre sa croissance", lâche notre confrère. Paradoxalement, c'est physiquement... et dans la tête, que le grand gaillard d'1,90m pose question.

"Des doutes subsistent sur sa condition physique. Vlahovic a souffert de plusieurs problèmes musculaires, notamment de pubalgies, qui l'ont empêché de trouver de la régularité à la Juventus. Des problèmes qui l'ont également tourmenté lors de la Coupe du monde au Qatar, rappelle Michele Neri. Il a aussi montré qu'il gérait mal ses émotions : il a souvent été trahi par son désir de prouver sa valeur à tout le monde. Et il est apparu trop nerveux à cause de longues périodes sans buts marqués".

"Il est parfois trop exigeant envers lui-même, estimait d'ailleurs Allegri en mai 2022, soit quelques mois après son arrivée. Si la situation semble toucher Vlahović, c’est parce qu’il aime ce qu’il fait". La question est de savoir s'il peut vraiment continuer à aimer ce qu'il fait du côté de la Juve, ou si c'est en changeant de crèmerie et de culture qu'il pourra retrouver la meilleure version de lui-même. Mais sa possible prochaine formation est prévenue : l'homme de 23 ans a besoin d'un contexte bien particulier pour s'épanouir.

"Vlahovic doit être le" go-to-guy" d'une attaque, prévient Michele Neri. Si le Serbe est sans cesse sollicité par ses coéquipiers, il marque tôt ou tard. A la Fiorentina, tout le monde a joué pour lui et les résultats se sont vus. A la Juventus, il a été peu servi dans la profondeur, et trop souvent dans des positions éloignées du but adverse. Vlahovic est donc plus performant lorsqu'il est épaulé par des coéquipiers capables de lire rapidement ses déplacements dans l'espace et qui aiment jouer de manière verticale."

Loin d'être le roi du jeu dos au but et de la protection du ballon, Vlahovic a également besoin de soutiens avec qui combiner. Au hasard, Neymar ou Mbappé ? A en croire les différents échos en Italie, le PSG serait en tout cas un réel candidat pour le relancer. Et donner ainsi une idée plus précise encore de son réel niveau.