Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Serie A | AC Milan - Salernitana | Pioli, Fonseca, Giroud... Milan, la gronde, la grève et les adieux

Guillaume Maillard-Pacini

Publié 24/05/2024 à 18:35 GMT+2

Un samedi soir pour se dire adieu. Alors que l'AC Milan affronte la Salernitana à San Siro (21h) dans un match sans enjeu, les tifosi du club lombard vont voir partir d'un coup d'un seul Stefano Pioli, leur entraîneur, Olivier Giroud, qui aura marqué l'histoire en trois saisons, et Simon Kjaer, l'un des leaders du vestiaire. L'occasion pour les ultras milanais de stopper partiellement leur grève.

Curva Sud Milan in protesta

Crédit: Getty Images

Il y a à peu près tout, à Milan, pour passer un bon samedi soir. Des endroits branchés et tendances, évidemment, comme le fameux quartier des Navigli. Des endroits connus, comme l'inimitable et immanquable Piazza del Duomo. Ou encore des endroits traditionnels, à commencer par le théâtre de la Scala et ses 3.000 places pour assister, entre autres, à des ballets ou opéras. Autant dire que toutes les envies peuvent être assouvies. Mais en ce samedi 25 mai 2024, on déconseillerait vivement aux plus fêtards de se rendre dans le quartier de San Siro où, dans la soirée, la météo prévoit un vent d'émotion assez violent ainsi qu'une pluie de larmes plutôt intense. La faute aux adieux qui s'annoncent entre l'AC Milan et son entraîneur Stefano Pioli, d'abord, après presque cinq ans de vie commune. Mais aussi à ceux prévus à Olivier Giroud et Simon Kjaer, deux tauliers du club lombard dont les départs à l'intersaison ont d'ores et déjà été annoncés. La fin d'un cycle. La clôture d'un chapitre.
Alors oui, tout le petit monde milanais aurait préféré se dire au revoir au terme d'une saison plus riche en satisfactions et trophées. Deuxième de Serie A, l'AC Milan a échoué en quart de finale de la Ligue Europa face à l'AS Rome, avant de voir l'Inter, son grand rival, remporter le titre et sa deuxième étoile (vingt Scudetti) dans le derby. Un affront à l'aube d'une nouvelle saison blanche après celle passée, ponctuée à l'époque par cinquième place en championnat (puis quatrième après la pénalité de la Juventus) et une qualification en demi-finale de Ligue des champions perdue... contre l'Inter. Sans oublier les six derbies perdus consécutivement contre les Nerazzurri, dont un en finale de la Supercoupe d'Italie en janvier 2023, et des choix tactiques (Milan possède la dixième meilleure défense du championnat cette saison) qui ont souvent interrogé.
"Mais je laisse le club dans un autre état que celui dont je l'avais trouvé en octobre 2019", estimait Stefano Pioli le week-end dernier après la défaite contre le Torino (3-1). Il n'a pas tort. Planté à la quatorzième place à l'époque, Milan a retrouvé une part de ses lettres de noblesse depuis. Utopique à l'époque, la qualification en Ligue des champions est redevenue la norme. Les tifosi ont fini par revenir au stade, les comptes sont repassés dans le positif (du jamais-vu depuis 2006) et l'effectif a été valorisé. Avec la cerise sur le gâteau au terme de l'exercice 2021-2022 : la victoire du Scudetto au nez et à la barbe du rival intériste. Inimaginable au moment de l'arrivée de Pioli. Et tout ça, personne ne peut l'oublier à Milan, qui a connu un énorme trou d'air pendant presque une décennie, enchaînant notamment une 8e place (2014), 10e (2015), 7e (2016), 6e (2017, 2018) et 5e (2019). Aujourd'hui, la deuxième place est presque vécue comme une déception par les supporters milanais. Ce qui en dit long sur le travail des quatre dernières années.

Pioli part avec le sentiment du devoir accompli, Giroud s'en va en légende

En résumé, le cycle de Pioli en Lombardie peut se diviser en deux : excellent lors de deux saisons et demie, notamment post-Covid, jusqu'à la victoire du Scudetto, et décevant lors des deux suivantes, lorsque les attentes se sont inévitablement élevées. "Il est parvenu à nous sortir des ténèbres, puis a peiné à nous maintenir au paradis après le titre", résume un habitué de Milanello, espérant qu'il mérite "un au revoir à la hauteur" samedi soir et rappelant que sa personnalité, "rare dans le football actuel", a "toujours fait l'unanimité" au club. "C'était la bonne personne, au bon endroit et au bon moment", conclut notre source.
picture

Stefano Pioli (Milan)

Crédit: Getty Images


"Son humanité et son professionnalisme ont toujours accompagné son parcours, écrivait l'AC Milan dans son communiqué. Il a ramené le club avec stabilité dans les compétitions européennes, et il a incarné les valeurs fondamentales du club depuis son premier jour." Mais son cycle, aux yeux de tous, était terminé. Au point que la fin s'écrit probablement un an trop tard. Pour le saluer au mieux, la direction du club, qui doit toujours trouver un accord total pour son départ (une rupture à l'amiable est à l'étude, son contrat expirant en 2025), lui prépare plusieurs surprises samedi soir. Mais vraisemblablement pas de "Pioli's on fire", un chant lancé par ses joueurs sur les airs de "Freed from desire" à l'issue d'un match contre la Sampdoria en décembre 2020 et qui a accompagné ses avant-matches à San Siro pendant trois ans. Vendredi, pour sa dernière au centre d'entraînement de Milanello, le technicien milanais a pris le temps de saluer tous les salariés du club, un par un, avant de recevoir l'affection d'une centaine de supporters à sa sortie.

Arrivé à l'été 2021, Olivier Giroud s'apprête lui aussi à faire ses adieux à Milan après trois saisons pleines, où l'attaquant français aura empilé les buts, surtout ceux décisifs. Grand protagoniste dans la quête du titre, il aura mis fin à la malédiction du numéro 9. Gardien d'un soir, buteur de plusieurs, exemple au quotidien : pour tout le monde, il repart en légende du club. Simon Kjaer, qui a également officialisé son départ, laissera lui aussi une empreinte indélébile de son passage. Ce qui n'était pas vraiment attendu à son arrivée en janvier 2020.

Fin de la grève, pas de la gronde

Pour toutes ces raisons, la "Curva Sud Milano" a décidé de stopper sa grève des encouragements, qui dure depuis maintenant trois matches. Samedi soir, les ultras milanais devraient donc recommencer à chanter, mais uniquement en deuxième période. La raison de leur colère ? Le rendement de la saison, pour commencer. Mais aussi une forte inquiétude sur la suite du projet entamé par le fonds américain RedBird il y a deux ans. En ligne de mire, le patron Gerry Cardinale, mais aussi la direction du club, du directeur sportif français Geoffrey Moncada à l'administrateur délégué Giorgio Furlani. Zlatan Ibrahimovic, de retour au club depuis quelques mois dans la peau de "conseiller spécial" de RedBird, est lui aussi appelé à prendre ses responsabilités. "Milan ne se contente pas", récitait l'un des étendards de la Curva Sud, qui souhaite notamment "de l'ambition", "de la cohésion" et "un projet gagnant" de la part du propriétaire, qui n'avait pas à expédier le duo Paolo Maldini/Frederic Massara l'an passé. Histoire de marquer le coup, les utras milanais quittaient même le deuxième anneau bleu de San Siro à dix minutes de la fin du match entre Milan et le Genoa (3-3) début mai, laissant ainsi leur virage vide. "Le bruit du silence", récitait un autre étendard.
picture

Curva Sud Milan in protesta

Crédit: Getty Images


Cette gronde a eu raison de la venue annoncée de Julen Lopetegui comme successeur de Stefano Pioli à l'intersaison. Pourrait-elle réserver le même sort à Paulo Fonseca, annoncé comme le grand favori au poste ? Pas vraiment enthousiasmés par le profil de l'entraîneur du LOSC, les tifosi, qui le considèrent comme un bon technicien mais de seconde zone, contestent fortement ce choix. Des pétitions ont même été lancées dans ce sens, certaines recueillant plus de 3 000 signataires. Certains supporters et observateurs estiment même que tous les noms qui circulent (Fonseca, Van Bommel, Conceiçao, Gallardo, Scaloni...) sont du même niveau que Pioli, voire pire.

Mais cette fois, la direction milanaise ne semble pas vouloir reculer, séduite par le profil du Portugais, capable de faire évoluer des jeunes éléments, de produire un jeu séduisant et d'incarner le style du club sur et en dehors du terrain. En plus de parler déjà la langue et connaître le championnat après son passage à la Roma (2019-2021). Fonseca ne sera pas du genre non plus à imposer ses choix et faire des vagues au sein du club, se pliant à la politique actuelle et du projet en cours. C'est ce que recherche Milan, qui n'a jamais exploré certaines pistes plus ambitieuses, comme celle menant à Antonio Conte. Moins ses supporters, prêts à mettre de côté leur colère le temps d'une soirée. Celles des adieux. Après tout, on sait toujours ce que l'on perd, mais pas forcément ce que l'on gagne...





Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Plus de détails
Publicité
Publicité