Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

A force de faire mariner le Milan, Donnarumma est en train de tout gâcher

Valentin Pauluzzi

Publié 12/06/2017 à 15:19 GMT+2

Le jeune et prodigieux gardien de but continue de refuser la prolongation de contrat offerte par le Milan AC malgré une grosse hausse de salaire à la clé. Conseillé par Mino Raiola, il risque fort de mettre ses supporters à dos, et peu importe l’issue de ce feuilleton.

Gianluigi Donnarumma

Crédit: Getty Images

Je n’ai pas le souvenir d’un Paolo Maldini embrassant l’écusson du Milan, et tant mieux, parce que c’est un geste dont je me suis toujours méfié. Les exemples allant dans ce sens sont multiples, mais le "baiser de la fidélité" continue pourtant d’extasier les supporters concernés. Celui de Donnarumma à la fin d’un Juve-Milan, en mars dernier, avait provoqué tout l’effet inverse chez moi. Aussi, parce qu’il ponctuait des exclamations visant la "célèbre" accointance entre les arbitres et l’adversaire du jour.
Tous les grands clubs sont logés à la même enseigne, faits à l’appui quand ils ne sont pas déformés par l'orientation médiatique. Une attitude démago pas franchement digne d’un éventuel futur symbole du Milan comme l’ont été ses illustres prédécesseurs, mais qui a suffi à rallier tout un peuple à sa cause. Les mêmes qui ont maintenant une dent contre lui.

La précoce Raiolisation

Ce n’est pas du Donnarumma-bashing, mais je considère qu’il est très utile de faire découvrir l’envers du décor quand on le fréquente, celui à l’abri du regard des caméras. C’était en janvier, une heure après le coup de sifflet final Milan-Napoli, les Rossoneri s’étaient inclinés 2-1 et parcouraient un à un le couloir de la zone mixte, s’arrêtant au dernier compartiment, celui composé des journalistes de la presse écrite et des fans venus taper l’incruste. Conditions de travail compliquées vue la densité au mètre carré et la légitimité relative de certains, mais passons. Tous les joueurs du Milan se sont donc prêtés à des selfies malgré la défaite, sauf un, le plus jeune, qui a tracé tout droit. Je ne compte pas le juger là-dessus, mais j’ai vu un ado bien loin du prodige naïf qu’on nous a dépeint.
picture

Italian-born Dutch football agent Mino Raiola speaks to journalists on September 2, 2016 during presentation of Nice's football club new signings at the Allianz Riviera stadium in Nice, southeastern France

Crédit: Getty Images

Sur le moment, je n’ai pas pu m’empêcher de faire immédiatement le lien avec son agent, l’irrévérencieux Mino Raiola. Un homme d’affaires dont le parcours de self-made man mérite le respect, mais dont les manières sont évidemment loin d’être irréprochables. Maintenant, ne s’en prendre qu’à lui serait beaucoup trop simpliste. Quand la famille Donnarumma l’a choisi pour gérer les intérêts de son fils (qui avait à peine 16 ans à l’époque), elle savait très bien à qui elle s’adressait et on peut deviner les raisons d’une telle décision. Un discours aussi valable pour Moise Kean, l’avant-centre de la Juve qui a éliminé les siens du championnat U19 en tentant une prétentieuse Panenka lors de la séance de penaltys face à la Fiorentina. Un autre effet collatéral de la Raiolisation.

L’augmentation de salaire du siècle

Voilà plusieurs semaines que les discussions concernant la prolongation de contrat de Donnarumma suivent leur cours. L’infinissable vente du club avait été l’argument avancé par Raiola afin de reporter l’échéance, or, elle a été définie il y a deux mois. Un footballeur de 18 ans, aussi doué soit-il, ne devrait pas trop hésiter à l’idée de poursuivre sa carrière au sein d’une institution comme le Milan AC. Encore moins devant une proposition de 4 millions d’euros par an jusqu’en 2022, soit une augmentation de 2400% par rapport à son contrat actuel qui prendra fin l’an prochain.
picture

Buffon - Juventus-Real Madrid - Champions League 2016/2017 - Getty Images

Crédit: Getty Images

Seuls Buffon, Courtois, De Gea, Cech et Neuer sont aussi bien rémunérés parmi les gardiens de but. Cela ferait également de lui le joueur le mieux payé de l’effectif. Que font Gigio & Mino ? Ils temporisent, le second agitant des offres plus intéressantes soumises par les meilleures équipes d’Europe. Il est évident qu’un transfert est souhaitable pour Raiola vu le montant exorbitant des commissions qu’il touche à chacune de ses transactions, mais où est l’indépendance d’esprit de Donnarumma et sa famille ? Rangée, aux oubliettes, au nom du bifton. Une situation qui a agacé la grande majorité des supporters italiens (précision importante) du Milan, tout comme la direction qui estime avoir fait l’effort nécessaire. Peu importe comment cela se terminera, Gigio a grillé tout le crédit et la sympathie accumulés durant sa brève carrière. Rien ne lui sera pardonné. Mentalement, il va falloir être solide.

Le Milan n’a pas de temps à perdre

L’aspect positif de cette histoire ? Le comportement des nouveaux dirigeants. Marco Fassone et Massimiliano Mirabelli, respectivement administrateur délégué et directeur sportif, n’ont aucune intention de subir le chantage de Raiola. Le temps où Galliani se contentait de faire sa popote avec quelques agents est révolu, et ça fait du bien. "On n’a pas le temps d’attendre, on a besoin de livrer l’équipe à Montella, nous voulons savoir si nous avons un gardien ou un gardien en fin de contrat", a déclaré récemment Fassone. D’autant que les doutes à propos de la réelle teneur du projet du nouveau Milan sont en train d’être dissipés. Certes, le pouvoir d’achat des investisseurs chinois est encore à décrypter, tout comme l’accord avec le service du Fair-play financier made in UEFA a été reportée à l’automne prochain. Mais, entre-temps, les recrues défilent l’une après l’autre. Le duo récolte les fruits de huit mois de prospection dans l’attente de la fin de l’ère Berlusconi. Voilà pourquoi ils sont en avance sur le reste de la concurrence.
Environ 100 millions d'euros ont été déboursés et non jetés par la fenêtre à première vue. Des achats ciblés avec une certaine expérience du haut niveau, mais aussi une belle marge de progression. 18 millions pour le défenseur argentin Musacchio de Villarreal, idem pour le latéral suisse Rodriguez de Wolfsburg. 28 pour le milieu défensif ivoirien Kessie de l’Atalanta et pas moins de 40 pour l’attaquant portugais André Silva de Porto. Moyenne d’âge de ces recrues ? 23 ans. Encore un latéral (Conti ?) et un playmaker (Biglia ?) et le onze-type sera déjà pratiquement en place. Restera à Montella de trouver la bonne synergie, la prolongation de son contrat jusqu’en 2019 a d’ailleurs été aussi importante que ce début de mercato en fanfare. Plus importante même que celle pour le moment manquée de Donnarumma. Un élément que le Milan aura tout intérêt à monnayer en cas d’issue négative. Sans scrupules. Comme lui, sa famille et son agent.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité