Kakuta, la future star ?

Cet été, Gaël Kakuta a définitivement quitté les rubriques faits divers pour la rubrique sportive. Car, avant qu'il n'explose avec l'équipe de France lors de l'Euro des moins de 19 ans, le milieu offensif était surtout connu pour être celui qui a failli coûter deux années de recrutement à Chelsea. En juin 2007, alors qu'il a à peine 17 ans, Chelsea le subtilise à Lens, sans que le club nordiste ait donné son accord. Depuis, la sanction a été levée et le Blue s'épanouit aujourd'hui sur les pelouses de Normandie avec Francis Smerecki et sa bande. Et son talent marque les esprits. "C'est le leader technique de l'équipe, une sorte de neuf et demi moderne. Il est gaucher, ce qui rend son talent plus sympathique encore", dit de lui le sélectionneur des mini-Bleus. Mais il prévient : "Personne ne se trompe sur lui mais il doit bosser encore plus dur dans le futur et devenir plus régulier sur un match. Il ne pourra pas se permettre de perdre six ballons de suite à Chelsea, comme il a pu le faire en sélection..."

A l'heure où ses prestations ont attiré sur lui les yeux Laurent Blanc, à quelques jours de l'annonce de la liste pour Norvège-France, le conseil est précieux. Car Kakuta ne serait pas la première étoile du football français à disparaître. Avant lui, Sébastien Piocelle (1997), Lionel Mathis (2000), Florent Sinama-Pongolle (2001), Ricardo Faty (2004) ou encore Arnold Mvuemba (2005) ont brillé dans les sélections de jeunes avant de retomber dans le quasi-anonymat. Mais le gamin garde la tête sur les épaules. L'équipe de France ? "C'est un rêve de gosse mais on ne sait pas ce que nous réserve l'avenir, tempère-t-il dans Le Parisien. A chaque fois, je me dis que c'est peut-être la dernière fois que je porte le maillot de l'équipe de France. Certains joueurs ont cru que c'était arrivé et ils ont baissé les bras".

A 19 ans, le temps presse déjà. A son âge, Pato, Nicolas Anelka ou Lionel Messi faisaient déjà des étincelles. Pour cela, Gaël Kakuta doit s'imposer également en club. A Chelsea, les louanges pleuvent depuis son arrivée. Joe Cole : "Il est vraiment très doué, et je pense qu'un avenir doré l'attend à Chelsea et en équipe de France". John Obi Miekl : "En termes de qualité technique, il est le meilleur du club. Quand il a le ballon, ses qualités sont tellement évidentes qu'on sent que c'est naturel. C'est un joueur fantastique et la seule manière de l'arrêter, c'est de lui mettre des coups. C'est ce que nous faisons à l'entraînement". Et même Carlo Ancelotti : "Il possède un excellent caractère. À cet âge, je n'ai jamais vu un joueur de ce talent. Il n'est pas très puissant mais, techniquement, il est prêt à jouer ". Cela n'a pas empêché le technicien italien de l'utiliser avec parcimonie : seulement quatre bouts de match en Premier League.

Alors Gaël Kakuta a-t-il fait le bon choix en rejoignant Chelsea aussi jeune ?  "Il a tout ce qu’il faut pour aller loin. Il est du niveau de Hatem Ben Arfa. Ils se ressemblent dans leur profil. Après il faut voir si Chelsea, ce n’est pas trop haut. Il faut simplement que Gaël se pose des questions ", interrogeait récemment Francis Smerecki. La concurrence est-elle trop forte chez les Blues pour permettre à un jeune joueur d'éclore ? Pourtant, alors qu'on évoquait à un prêt en Ligue 1, le joueur n'en démord pas. "Pour réussir, il y a différentes possibilités. Tout se passe dans la tête. Soit on part et on y croit, soit on y va pour se la couler douce. Si tu pars jeune à l'étranger, ce n'est pas pour revenir en France deux plus tard pour te retrouver en National. En allant à Chelsea, je pense avoir fait le bon choix. Ce genre d'expérience rend plus fort mentalement", rétorque-t-il. Où se voit-il dans dix ans ? "Etre titulaire à Chelsea, ce serait bien, poursuit-il. Là-bas, j'apprends beaucoup. Etre entouré de stars vous tire vers le haut".

S'il brille à nouveau en finale face à l'Espagne, Kakuta pourrait sans doute gagner un peu de temps de jeu en Angleterre. Et il le sait. "C'est l'occasion de frapper un grand coup, espère-t-il. On veut que la France soit fière de nous". D'autant que le natif de Lille a une revanche à prendre face aux Espagnols. "On l'attendait avec impatience, surtout depuis qu'ils nous ont battu en finale de l'Euro des moins de 17 ans en 2008 (4-0). On avait raté notre match. On a une revanche à prendre", prévient-il. Après un transfert rocambolesque, une grave fracture de la jambe (qui avait mis en péril sa carrière) et une saison sur le banc de Chelsea, le "Black Zidane" prendra-t-il alors enfin son envol ?