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Barrages : La Grèce, ce serait loin d'être un cadeau

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 21/10/2013 à 00:19 GMT+2

Tout le monde espère que la France affrontera la Grèce en barrages (tirage à 14 heures). Pas Polo Breitner, qui flaire le piège à plein nez.

Polo Grece

Crédit: Eurosport

Le tirage au sort des barrages, lesquels délivreront les quatre derniers sésames continentaux pour la prochaine Coupe du monde au Brésil, a donc lieu ce lundi 21 octobre. La grande majorité des suiveurs de l’équipe de France, cette dernière elle-même, souhaite plutôt rencontrer la sélection menée par le Portugais Fernando Santos. Une grossière erreur de jugement ?
La cause est entendue ! Si typique de notre monde actuel, les sondages font foi : l’opinion remplace la raison, l’information. La France doit forcément affronter la Grèce pour avoir une bonne chance de découvrir les plages de Copacabana. On peut pourtant douter de cette unanimité ambiante compte tenu du collectif hellénique et des derniers résultats d’un pays champion d’Europe de football.

Euro 2004 : l’un des plus grands exploits du sport

Avez-vous remarqué la façon, souvent dédaigneuse, dont "la Ligue de vertu du beau-beau jeu" traite la Grèce, version 2004 ? Comme une distorsion de l’histoire du ballon rond, comme un bug du terrain vert. Comme quelque chose qui n’aurait pas dû arriver compte tenu du style de jeu produit par le capitaine d’alors Zagorakis et ses coéquipiers.
Sous les ordres de l’Allemand Otto Rehhagel, la sélection hellénique a bâti un collectif défensif nous rappelant qu’il n’y a pas qu’une seule manière de gagner au football. Comme un symbole de cette inviolabilité le Portugal, pays hôte, se cassait les dents, s’inclinant 0-1 en finale tout comme les adversaires précédents, la République tchèque (en prolongation) et le tenant du titre, la France… Déjà. L’art minimaliste au pouvoir : le bon vieux 1-0 des familles !
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theodoros zagorakis, theo zagorakis, greece euro 2004

Crédit: Reuters

D’ailleurs, combien de fois ai-je entendu mes interlocuteurs me seriner que j’aimais cette Grèce à cause de la nationalité du "Roi Otto" ? Les clichés ont la vie dure ! Même si c’est surtout un manque flagrant de respect pour le palmarès de ce sélectionneur. C’est à peine si l’armée mexicaine de la bien-pensance, celle qui décrète qu’un triple vainqueur du Tour de France comme Greg LeMond, par exemple, gagne sans panache, ne décide d’éconduire dans les bas-fonds du souvenir, le champion d’Europe 2004. Se poser la question de savoir comment le nouveau "Dieu vivant" en Grèce a réussi son exploit en tirant la quintessence d’un groupe finalement moyen, est trop compliqué. On a plus d’égard pour le Chelsea version "béton armé", monarque du cynisme, victorieux de la Ligue des champions 2012 et de l’Europa League 2013. Bizarre cette dichotomie médiatique.

Le coach Fernando Santos n’est pas n’importe qui

Rebelote lors de l’Euro 2012. Dans un groupe très équilibré (la Russie, la République tchèque, la Pologne et donc la Grèce), l’équipe, maintenant entraînée par le Portugais Fernando Santos depuis juillet 2010, se qualifiait pour les matches à élimination directe (défaite en ¼ de finale contre la Nationalmannschaft 2-4). Avant le tournoi, je pense que je devais bien être le seul à estimer que ce serait possible. Mes contradicteurs ne s’intéressant pas à la qualité intrinsèque de ses 23 représentants mais plutôt que cette nation devait disparaitre dans les limbes, la phase du groupe A, car elle ne séduisait pas. Elle n’était pas assez sexy pour le monde médiatique. Un bon vieux délit de "sale gueule" made in football ! Sans oublier la sempiternelle "génération vieillissante" mainte et mainte fois répétée ou écrit ici ou là. Ne manque plus que les avis de faire-part…
Petit SMS à Nicolas Vilas, notre spécialiste, entre autre, du football portugais sur Eurosport, pour me conforter sur les qualités de l’entraîneur Fernando Santos : "Un mec avec beaucoup de charisme. Il a entraîné les trois gros (Porto, Benfica et Sporting), il a une grosse voix et son boulot en Grèce est perçu avec plus de respect encore". Comme quoi, il n’y a pas que Mourinho et Guardiola sur terre. On comprend peut-être mieux pourquoi Fernando Santos a été élu comme le meilleur coach de la dernière décennie par les représentants du football hellénique.
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FOOTBALL Fernando Santos, the Greece coach

Crédit: Reuters

Seulement 4 défaites depuis juillet 2010

Et le bilan du sélectionneur qui a donc remplacé Otto Rehhagel est donc plus que flatteur à analyser : 39 rencontres internationales, 2,08 points par match, seulement quatre défaites, dont deux lors de l’Euro 2012. Ajoutons à ce beau tableau que l’équipe nationale n’a encaissé que 26 buts (soit un ratio de 0,67) et qu’elle reste sur six victoires consécutives sans en avoir pris un ! Dans le groupe G de la qualification pour le Brésil 2014, la Grèce ne s’est inclinée qu’à une seule reprise, contre la Bosnie-Herzégovine (1-3), et a fini à égalité de points avec cette dernière (25). L’accès direct pour le Mondial, après l’Euro en Ukraine et en Pologne (7 victoires et trois nuls lors des éliminatoires), n’est donc pas passé loin. En deux campagnes continentales sous les ordres de Fernando Santos, la Grèce peut s’enorgueillir de 15 victoires, 4 nuls pour seulement une seule déconvenue. De quoi réfléchir et respecter un peu plus ce potentiel adversaire. A moins qu’estimer que le 12-0 des Bleus contre la Biélorussie, l’Australie et la Finlande soit la panacée.
Du côté de l’effectif, si la Grèce ne peut se prévaloir d’avoir un Franck Ribéry, quelques noms ressurgissent tout de même : Samaras du Celtic Glasgow, l’attaquant, en superbe forme, de l’Olympiakos le Pirée, Mitroglou, une charnière centrale théorique Papadopoulos-Sokratis, soit Schalke 04-Borussia Dortmund (sans oublier l’autre Papadopoulos, Avraam, gravement blessé lors de l’Euro 2012) ou bien un arrière-droit comme Torosidis, aujourd’hui à l’AS Roma. C’est vraiment ce qui ressort de l’analyse de ce pays : pas de grandes vedettes internationales mais des joueurs expérimentés, ayant l’habitude de jouer ensemble, les uns pour les autres. Fernando Santos s’amusant souvent à varier son onze de départ.
C’est étrange. Il parait que le pays inventeur de la démocratie moderne a peur des individualités françaises. Moi, en cas de double confrontation, j’aurais plutôt tendance à m’inquiéter de l’homogénéité hellénique. Chacun sa vérité…
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