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France - Ukraine (3-0), l'analyse tactique : Cabaye-Pogba-Matuidi, les maîtres du jeu

Florent Toniutti

Mis à jour 20/11/2013 à 22:42 GMT+1

L'analyse tactique de France-Ukraine (3-0) montre que le milieu Cabaye-Pogba-Matuidi a été une des clés du succès des Bleus au sein du 4-3-3 de Deschamps.

FOOTBALL 2013 France - Ukraine (Cabaye)

Crédit: Panoramic

Ils l’ont fait ! Portés par un milieu de très haut niveau, les Bleus ont dominé une équipe d’Ukraine qui a rapidement reculé face à la puissance française. Maintenant le jeu dans le camp adverse, les Français ont poussé leurs adversaires à la faute, profitant notamment de leur faiblesse sur phase arrêtée.
Côté bleu, cinq changements étaient à noter au coup d’envoi : Abidal, Koscielny, Nasri, Giroud et Rémy sortaient du onze au profit de Sakho, Varane, Valbuena, Cabaye et Benzema (Lloris – Debuchy, Varane, Sakho, Evra – Cabaye, Pogba, Matuidi – Valbuena, Benzema, Ribéry). Côté ukrainien, Mikhail Fomenko composait sans Kucher et Fedetskiy, suspendus. Il a aussi décidé de laisser Stepanenko sur le banc pour faire confiance à Bezus. Un changement qui fait reculer Edmar au milieu de terrain (Pyatov – Mandziuk, Khacheridi, Rakitskiy, Shevchuk – Rotan, Edmar – Yarmolenko, Bezus, Konoplyanka – Zozulya).

Les vertus du 4-3-3

Il a suffi de quelques minutes de jeu pour que le 4-3-3 prenne tout son sens sur la pelouse du Stade de France. Car les Bleus sont très bien rentrés dans la partie. D’entrée de jeu, ils ont pris l’ascendant sur leurs adversaires au milieu de terrain grâce au travail de Cabaye. Positionné entre la défense et ses milieux de terrain, l’ancien Lillois a complètement perturbé le travail des Ukrainiens. Sur le papier, ces derniers devaient faire face avec une première ligne Zozulya-Bezus, Edmar reculant d’un cran en raison de l’absence de Stepanenko.
Problème, Pogba et Matuidi pouvaient évoluer plus haut qu’à l’aller grâce à la présence de Cabaye derrière eux. Résultat, le premier est allé peser dans les airs dans le camp ukrainien (zone de Rotan et Edmar), sur les relances longues de Lloris ou de ses défenseurs centraux. Ils étaient aussi présents sur les seconds ballons renvoyés par la défense ukrainienne.
Afin d’éviter ce deux-contre-deux dans l’axe avec l’avantage physique aux Français, Bezus (dans la zone de Cabaye ci-dessus) a très vite reculé pour venir en aide à ses milieux de terrain, faisant ainsi exploser la première ligne ukrainienne.
Seul contre trois joueurs (Cabaye, Varane et Sakho), Zozulya était condamné à courir après le ballon. Se concentrant un maximum sur le milieu de terrain français, le premier buteur du match aller ne pouvait rien faire face aux montées des défenseurs centraux. Sakho et surtout Varane ont ainsi multiplié les remontées de balle jusque dans les 35 mètres adverses, afin de mettre le jeu dans le camp ukrainien.
Si le flanc gauche de l’attaque française était plutôt bien bloqué, le jeu est très souvent passé par la droite en début de partie (via Varane donc) pour atteindre le triangle Pogba-Valbuena-Debuchy, parfois soutenu par les déplacements latéraux de Benzema ou les montées de Cabaye.
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France's Mamadou Sakho shoots and scores the first goal for the team during their 2014 World Cup qualifying second leg playoff match against Ukraine at the Stade de France in Saint-Denis near Paris November 19, 2013 (Reuters)

Crédit: Reuters

Cabaye a obligé l'Ukraine à jouer long

Plus vifs que les Ukrainiens, les Français parvenaient à enchaîner les combinaisons dans les 30 derniers mètres, recherchant le décalage ou obtenant des coups de pied arrêtés dangereux pour la défense adverse. Déjà en difficulté à l’aller dans l’exercice, les Ukrainiens ont payé cher cette faiblesse en encaissant deux buts sur ces phases de jeu (Sakho 22e, 72e).
En plus de s’installer dans le camp adverse, les Bleus ont aussi su y étouffer l’Ukraine en l’empêchant de ressortir proprement les ballons. En allant participer aux actions sur les côtés, sans forcément prendre leur couloir, Evra et Debuchy faisaient reculer Konoplyanka et Yarmolenko. Dans l’axe, Rotan et Edmar devaient fermer face à Pogba et Matuidi, tout comme Bezus qui revenait défendre lorsque les Bleus étaient en phase offensive.
Premier joueur en couverture, Cabaye a abattu un énorme travail pour jaillir sur tous les adversaires qui tentaient de ressortir le ballon au sol. Auteur d’un quasi sans-faute dans le domaine, le Magpie a condamné les Ukrainiens à jouer long vers le seul Zozulya… qui après avoir bousculé Koscielny et Abidal n’a cette fois rien pu faire face à la puissance de la paire Sakho-Varane.
Incapable de ressortir, l’Ukraine ne pouvait dès lors qu’encaisser les vagues bleues et les ballons renvoyés par Cabaye, Varane ou Sakho. Sur le second but, c’est d’ailleurs Cabaye qui est présent à l’entrée de la surface pour renvoyer le ballon dans les 16 mètres (34e), permettant à Valbuena et Benzema de finir le travail.
Au final, seuls quelques raids de Konoplyanka, démarrant dans le dos de Debuchy et le long de la ligne de touche, ont offert un peu de répit à l’Ukraine. Mais le déplacement des trois défensifs et le repli sérieux des Français ont permis de contrôler ses tentatives en solitaire en l’isolant de ses principaux soutiens.
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FOOTBALL 2013 France-Ukraine ( Blog tactique (Cabaye, Matuidi, Pogba)

Crédit: Eurosport

Valbuena monte en puissance

La deuxième moitié de la première mi-temps a été celle de la montée en puissance de Mathieu Valbuena. D’abord ailier droit, le milieu de l’OM a largement profité de la domination territoriale française. Celle-ci permettant à Debuchy de monter occuper le couloir, il a pu dézoner à loisir pour exploiter les espaces dans le dos des milieux ukrainiens, lorsque ces derniers tentaient de venir en aide à Zozulya en allant chercher Pogba ou Matuidi.
Condamnée à reculer durant les premières minutes de jeu, l’Ukraine a en effet tenté de repartir de l’avant au milieu de terrain en cours de mi-temps. Edmar et Bezus ont tenté d’évoluer plus haut, avant de finalement être puni par l’activité de Valbuena dans leur dos.
A défaut de se créer énormément d’occasions (à onze contre onze, les Bleus n’en ont pas eu beaucoup dans le jeu), les Bleus ont réussi à complètement asphyxier l’Ukraine en la dépassant dans tous les duels et en utilisant Valbuena pour exploiter les espaces.
La densité de solutions autour du porteur du ballon a permis aux Bleus d’avoir presque toujours un temps d’avance sur leurs adversaires, les forçant à reculer ou à faire des fautes pour limiter la casse. Souvent isolé à l’aller, Ribéry et Benzema (ex-Giroud) ont cette fois pu combiner avec leurs partenaires (Valbuena toujours dans leurs zones) pour prendre le dessus.
A 0-2, les Ukrainiens ont toutefois eu l’occasion de revenir dans le match en fin de première mi-temps. Sans doute moins efficace, le pressing français a laissé s’échapper quelques ballons dans son camp. Moins à l’aise quand il s’agissait de défendre devant Varane et Sakho, Cabaye avait besoin sur ses phases de jeu du soutien de Pogba et Matuidi.
L’Ukraine en a profité pour développer quelques séquences dans le camp français, utilisant l’espace entre Benzema et ses milieux de terrain pour orienter le jeu sur la largeur. Elle a obtenu quelques coups de pied arrêtés qui ont mis la pression sur la défense bleue (tir de Zozulya, dévié par Debuchy, 46e). A la mi-temps, rien ne semblait joué au vu de ce regain de forme.
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2013 France Ukraine barrage Abidal Valbuena

Crédit: Eurosport

Khacheridi laisse l'Ukraine à dix

Mais les joueurs de Fomenko n’ont pas eu l’occasion de confirmer après la pause puisque Khacheridi a laissé très rapidement ses partenaires à 10. Sur la première prise de balle de Ribéry, le défenseur du Shakhtar est intervenu en retard, récoltant son second carton jaune de la partie.
A 10, l’Ukraine a été contrainte de faire redescendre Rotan en défense centrale. Bezus et Edmar ont fait la paire au milieu de terrain, laissant Zozulya devant. Un changement tactique forcé qui a mis un terme à leurs ambitions offensives : Cabaye a eu beaucoup moins de remontées de balle à couper et a laissé à Matuidi et Pogba le soin d’accompagner les sorties de Konoplyanka et Yarmolenko sur les côtés. Derrière, Varane et Sakho ont continué leur domination sur Zozulya.
Condamnés à défendre dans leur camp, les Ukrainiens ont d’abord tenté de perturber la mise en place française en faisant sortir à tour de rôle leurs milieux axiaux, notamment pour bloquer le jeu sur un demi-terrain. Mais Valbuena et Ribéry les ont rapidement forcés à reculer en allant s’installer dans les espaces qu’ils laissaient dans l’axe.
Les Bleus ont eu besoin de quelques minutes pour trouver la solution face à ces deux lignes de quatre bien regroupées. La plupart de leurs offensives sont venues d’attaques rapidement menées depuis le milieu de terrain, avant que la défense adverse n’aient le temps de se remettre en place. Valbuena a tout de même continué de faire des différences, notamment en allant côté gauche pour s’ajouter aux combinaisons entre Ribéry et Evra.
Le troisième but libérateur est finalement intervenu suite à un énième corner, d’abord renvoyé par la défense puis remis dans le paquet par Cabaye des 40 mètres. Un renvoi plus tard, Evra frôlait l’upset en voyant Pyatov repousser son tir mais Ribéry, puis Sakho ont bien suivi pour entériner la qualification.
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FOOTBALL 2013 France-Ukraine (Ukrainiens à dix)

Crédit: Panoramic

Conclusion : 

Très grande victoire et performance évidemment pour les Bleus. Au coup d’envoi, le 4-3-3 posait plusieurs questions, notamment autour de la position de Yohan Cabaye devant la défense. Quasi parfait dans l’exercice, et notamment à la récupération des ballons, le Magpie a brillé en regista et permis aux Bleus de mettre une énorme pression dans le camp adverse. Cette présence, symbolisée par une présence systématique autour du porteur de balle, leur a permis d’enchaîner, de tenir le ballon jusqu’à pousser les Ukrainiens à la faute. L’expulsion de Khacheridi a mis fin à tout suspense. Le troisième but n’était alors qu’une question de temps… même si deux minutes avant que Sakho ne délivre le Stade de France, Zozulya frôlait la réduction du score dans les 6m de Lloris. La roue avait déjà tourné. 
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