Grand Prix d'Abu Dhabi | Ferrari vs Mercedes : Charles Leclerc conquérant, Lewis Hamilton au bout du rouleau

Ferrari a marqué plus de points que Mercedes lors des huit des neuf derniers Grands Prix de la saison. Celui d'Abu Dhabi est parti pour confirmer l'implacable tendance et propulser la Scuderia au deuxième rang au classement du championnat du monde des constructeurs. Depuis Zandvoort, Maranello est revenu de 56 à 4 points de Brackey, dauphin de Red Bull à l'orée de la vingt-deuxième et dernière manche du Mondial, et les 58 derniers tours de la saison promettent un dénouement hitchcockien. Parce qu'aucun de ces deux équipes n'a réussi la qualification parfaite, samedi, sur le circuit de l'île de Yas.

Charles Leclerc s'est brillamment qualifié deuxième et Carlos Sainz (16e) s'est totalement loupé. George Russell, auteur du quatrième temps, a sauvé les meubles et Lewis Hamilton n'a pu cacher la misère (11e). On ne sait donc pas réellement là où cela va se jouer, ni même si ce sera du un contre un ou du deux contre deux.

Néanmoins, Leclerc a fait mieux que le job. "Honnêtement, vu notre week-end, je ne m'attendais pas à me retrouver là, a reconnu le Monégasque. J'ai fait le dernier virage en glissade… En Q1 et en Q2, j'ai été inquiet de passer. Je crois que notre voiture est très pointue. J'ai eu un très bon premier tour avec des pneus rodés. Quand j'ai mis des pneus neufs, j'ai retrouvé une voiture fonctionnant bien. Je suis très heureux d'être en première ligne, c'est une surprise."

"On aurait pu être out en Q1, a souligné son patron, Frédéric Vasseur, au micro de Canal+. C'est une super belle qualification de Charles. C'est bien, on est devant Mercedes, c'est le plus important ce week-end. Il a eu un moment un petit difficile au retour du break - Monza et Singapour ont été un peu durs pour lui. Il est très bien revenu. Quand il n'est pas en pole position, il est en première ligne. Il n'a pas dû quitter la première ligne depuis le Qatar (Austin en fait, soit cinq épreuves, ndlr). C'est très bien pour nous : on a besoin d'un leader comme Charles qui nous tire. Ça fait du bien. Il part dimanche devant Russell, Hamilton est 11e, tout est ouvert."

Dans cette conquête à la deuxième place du Mondial des marques, que Ferrari n'a jamais occupée cette année, Carlos Sainz ne pourra malheureusement apporter son soutien rapidement, dimanche. La faute à un concours de circonstances, dans la droite ligne d'essais libres compliqués. "Cela a été une journée difficile pour moi, a plaidé l'Espagnol. Nous nous sommes retrouvés dans une situation difficile en sortant tardivement des stands à cause d'un petit problème avec l'aileron avant. Ensuite, le trafic pendant le tour poussé n’a pas aidé et je n’ai pas réussi à réaliser un tour propre, c’était ma faute." Seule solution pour lui : remonter comme à Las Vegas, où il a terminé 7e en repartant de son tête-à-queue inaugural qui l'avait fait chuter en 18e position.

Chez Ferrari, les pilotes vont attaquer l'ultime défi dans des positions assez extrêmes, mais l'adversaire Mercedes n'a pas de quoi se sentir mieux loti. A l'image de Charles Leclerc, George Russell a réussi une belle performance tandis que l'autre pilote de l'équipe, Lewis Hamilton, a lui aussi vécu un échec, apparemment d'ordre technique ou matériel.

"On aurait signé pour P4 avant ce week-end, a avoué George Russell à Canal+. Mais après les essais libres, c'est un peu décevant. On est 0"6 de mieux que mon meilleur temps ce matin. Je pense qu'on n'a pas extrait le maximum. Par moments, je ne me suis pas senti bien dans la voiture. Je pense que Lewis va remonter, il avait un très bon rythme. Il aurait dû être en Q3. On peut des battre pour le podium."

Le Grand Prix dira si c'était de l'auto persuasion car Lewis Hamilton reste dans une situation délicate. Le septuple champion du monde jure que quelque chose cloche dans sa voiture depuis vendredi. "On va creuser ça", lui a promis son ingénieur, Peter Bonington, lors de son retour au stand en fin de Q2.

Il a ensuite détaillé ce qui ne va pas, lors d'un point presse. "Je ne dirais pas que je suis soulagé, mais je suis vraiment heureux que ce soit presque terminé, a-t-il dit. [La W14] est plus incohérente que jamais : elle passe d'un extrême à l'autre dans un virage à partir du moment où on touche les freins, on tourne ou qu'on est à la corde. Elle est énormément déséquilibrée, c'est très difficile de prédire ce qui va se passer. Les pneus étaient bons. C'était juste la voiture."

Et cet infatigable optimiste n'a pour une fois pas proposé son discours habituel. La W14 est d'ordinaire moins poussive le dimanche, mais rien n'indique que ce sera la cas. "J'ai fait un run un peu plus long ce matin, mais je n'ai fait que quatre tours vendredi, donc je ne dirais pas que je suis également en confiance avec la voiture pour la course", a-t-il conclu. Allez, plus que 58 tours avant de tourner la page.