Grand Prix d'Abu Dhabi | L'incroyable scénario imaginé par Charles Leclerc (Ferrari) pour battre Mercedes au championnat

Jusqu'au bout, Max Verstappen et Red Bull n'auront laissé aucune place au suspense, avec cette 19e victoire remportée par le Néerlandais dimanche au Grand Prix d'Abu Dhabi, la 21e sur 22 possibles pour l'équipe autrichienne. Mais heureusement, l'ultime manche 2023 a vécu de rebondissements sur le circuit de l'île de Yas, au rythme du mano a mano que se sont livré Mercedes et Ferrari, séparées par quatre points au départ, pour la deuxième place finale au Championnat du monde Constructeurs, qui valait pas moins de 14 millions d'euros.

Les deux équipes ont tenu cette place à tour de rôle au gré des positions de Charles Leclerc et George Russell aux avant-postes d'un côté, Lewis Hamilton et Carlos Sainz au cœur du peloton, de l'autre, quand le duel a pris une tournure assez surréaliste. Au 51e des 58 tours au programme, Sergio Pérez (Red Bull) a en effet écopé d'une pénalité de cinq secondes assez injuste, pour une collision avec Lando Norris (McLaren).

Le Mexicain, en chasse de George Russell, était parti pour s'intercaler entre le Monégasque et le Britannique et c'en était soudain fini des chances des Rouges. C'est alors que Charles Leclerc a appelé son stand pour mettre en place un stratagème plutôt osé. "Donnez-moi l'écart entre Pérez et Russell, peut-être peut-on se battre d'ici la fin, si nous voyons que nous ne sommes pas P2 chez les constructeurs…" Son idée ? Ralentir Russell pour essayer de favoriser le dépassement de Pérez sur le Britannique…

Dans la finale du Mondial 2016, le leader Lewis Hamilton avait ralenti Nico Rosberg pour le placer sous le menace du troisième, car il avait besoin qu'un concurrent s'intercale entre lui et son coéquipier pour être champion.

Ne croyant pas à un tel scénario, Mercedes a alors rassuré Russell : "Pérez a 5 secondes de pénalité, il ne finira pas devant nous", indiqua l'ingénieur du pilote de la n°63. Bientôt dépassé par un Mexicain en feu.

La donne venait de changer dans ce 54e tour, sans désarçonner Leclerc. "Donnez-moi l'écart entre Checo et Russell. S'il y a moins de 5 secondes, je lui donnerai l'aspiration et je le laisserai passer...", annonça le pilote de la Principauté. Son nouveau plan ? Laisser Pérez terminer deuxième, avec moins de cinq secondes d'avance sur lui mais plus de cinq secondes sur Russell. De sorte que le pilote Red Bull s'intercaler entre lui et Russell après application de la pénalité…

En avance de 4"2 au 54e tour, Leclerc a donc laissé passer Checo à l'attaque du 58e tour, sans maîtriser complètement la suite. Surveillant pourtant l'avance de la RB19 n°11 sur son tableau de bord, Leclerc ne lui a malheureusement pas donné assez d'avance pour jouer les intremetteurs. A final, il a manqué 1"8 à Pérez pour se classer troisième, devant Russell.

Les Rouges venaient de jouer et perdre, sans regret, car le risque était aussi pour Leclerc de se faire doubler par Russell sur le fil.

"Sergio avait 5 secondes de pénalité donc il fallait l'aider, d'une certaine manière, pour qu'il termine devant George, a expliqué Leclerc à l'arrivée. J'ai essayé de lui donner le DRS et l'aspiration, malheureusement cela n'a pas été suffisant."

"Une belle course de la part de Charles Leclerc, a souligné son patron, Fred Vasseur, au micro de Canal+. Je pense qu'il aurait voulu être plus agressif et ralentir Russell, mais il fallait viser juste à ce moment-là. Je suis très content pour lui, ça lui permet de remonter au Championnat du monde Pilotes, ça nous permet de finir sur une bonne note, en étant deuxième de la course."

"Pour une fois, Mercedes ne se plaindra pas de la décision des commissaires ce week-end, a ajouté le manager français. Charles Leclerc a fait le travail. C'est l'une des première fois avec Las Vegas qu'on se bat avec Red Bull en course, faut garder à ça en mémoire pour l'année prochaine."

Mercedes garde donc sa deuxième place au Mondial des Constructeurs et Ferrari peut nourrir des regrets sur le traitement qui lui a été réservé de la part des commissaires de la FIA lors des deux dernières courses de la saison. Ces derniers n'avaient pas eu le pouvoir d'éviter une pénalité technique de 10 places à Carlos Sainz pour un changement de batterie à Las Vegas, parce que - apparemment - Mercedes avait opposé son veto. Et à Abu Dhabi, dimanche, l'ancien pilote italien Vitantonio Liuzzi a eu une vision manifestement erronée de l'accrochage entre Lando Norris (McLaren) et Sergio Pérez (Red Bull). Mais Vasseur est déjà passé à autre chose.

"La dynamique des 2-3 dernières courses nous donne des regrets, comme au Brésil où on ne prend pas le départ alors qu'on était en première ligne, a-t-il soufflé à Canal+. Ce n'est absolument pas aujourd'hui qu'on perd quoi que ce soit. Cela a plutôt été une de nos meilleurs courses de la saison, au moins pour Charles Leclerc. C'est plus au début, au milieu ce saison qu'on a raté le coche. A la limite, je préfère être troisième place et finir sur une note positive que deuxième place et être nulle part."