Renault, retour vers le fu

Comme lors de sa seule victoire en 2008, à l'occasion d'un Grand Prix du Canada chaotique, Robert Kubica a excellé dimanche dans l'environnement semi-urbain de Melbourne pour éviter les embûches et gérer les ressources de sa machines en fonction de la pression constamment exercée sur lui. Neuvième au départ, quatrième au premier tournant, le Polonais a bénéficié de la réactivité de l'équipe Renault pour gagner une place au stand puis s'emparer de la deuxième position au 26e tour, à l'abandon du leader Sebastian Vettel (Red Bull).

"Ce fut difficile car nous avons eu du mal à monter les pneus à température", a d'abord expliqué "Kub". "Nous avons vu Jenson [Button] très rapide en slick et nous nous sommes arrêtés au même tour. Les mécanos ont fait un boulot fantastique car nous avons passé Felipe [Massa] au stand, mais Jenson était trop rapide", a-t-il poursuivi. "Il a monté très vite ses pneus à température et il était très rapide dans les lignes droites. Je n'étais pas confiant dans les conditions car c'était mon premier tour de sortie et je me suis méfié du premier virage. C'était donc très difficile de lutter contre lui. Puis, j'ai fait face à une grosse dégradation de mes pneus ; j'ai alors appelé l'équipe pour lui dire qu'il faudrait rentrer une seconde fois mais elle m'a dit que je pourrais l'éviter à condition que j'économise mes gommes. Mais le problème est que Lewis attaquait très fort, se rapprochait de moi et j'ignorais qu'il allait s'arrêter une nouvelle fois. Puis ce fut Felipe. J'ai alors géré mes pneus en espérant conserver une bonne vitesse et au bout du compte j'ai préservé. Il nous reste du chemin pour nous battre régulièrement aux avants postes, mais cette performance est un véritable boost pour toute l'équipe."

Eric Boullier, directeur d'équipe de Renault, a parlé d'un résultat "fantastique" pour le pilote et les antennes châssis et moteur d'Enstone et Viry-Châtillon. "Robert a disputé une course parfaite, il a préservé sa voiture et a vendu chèrement sa peau. Je tiens aussi à féliciter les mécaniciens, qui ont fait un excellent travail pour gagner une position sur Massa lors du ravitaillement. Cela a été crucial pour le résultat final", a-t-il ajouté.

Lucide sur le niveau de performance de Renault par rapport à Red Bull, Ferrari, McLaren et Mercedes, Rémi Taffin, responsable de l'Activité piste, a déclaré : "Il ne faut pas se cacher derrière une deuxième place. Nous ne sommes pas encore au niveau des meilleurs et nous allons poursuivre notre effort pour revenir aux avants postes." Dès vendredi, à Sepang, en Malaisie, les R30 seront parées de quelques nouveautés aérodynamiques.

A la porte des points à Sakhir, l'ex-pilote de BMW a donc offert 18 points d'un coup à Renault, qui affiche ce total au Mondial Constructeurs, 4e à égalité avec Red Bull, car Vitaly Petrov a fini dans les graviers. Eric Boullier s'est contenté de répéter que le Russe était "en apprentissage". Un vocabulaire largement employé par son prédécesseur à l'endroit de Nelson Piquet puis Romain Grosjean en 2008 et 2009 qui suggère que les espoirs de Renault ne repose toujours que sur un pilote.