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Grand Prix d'Australie | Russell (Mercedes) - Alonso (Aston Martin) : crash de la peur et pénalité de la discorde

Julien Pereira

Mis à jour 24/03/2024 à 14:25 GMT+1

C'est un crash qui pourrait changer beaucoup de choses dans le jugement de certains comportements en piste. L'accident de George Russell en Australie, ce dimanche, a débouché sur une lourde pénalité infligée à Fernando Alonso (Aston Martin), qui le précédait. Il n'y a pas eu de contact entre les deux voitures mais l'Espagnol a été jugé responsable d'un comportement "potentiellement" dangereux.

Un médecin vient à la rencontre de George Russell (Mercedes) après son crash au Grand Prix d'Australie 2024

Crédit: Getty Images

Ce sont quelques secondes qui ont sans doute semblé être une éternité pour George Russell. Alors qu'il tentait de chasser Fernando Alonso, le Britannique a perdu le contrôle de sa monoplace au 57e des 58 tours du Grand Prix d'Australie, dimanche. A la sortie du très rapide virage 6, le coéquipier de Lewis Hamilton s'est alors retrouvé au beau milieu de la piste, sa W15 immobilisée sur le flanc car bloquée sur ses roues seulement retenues par les câbles de sécurité.
A suivi une grosse torpeur : Russell, dans l'incapacité de voir ce qui pouvait se passer derrière lui compte-tenu de la position de sa monoplace, a immédiatement réclamé que les drapeaux rouges soient brandis, de peur que son plancher soit percuté par un autre pilote qui n'aurait pas eu le temps de réagir. "Drapeau rouge ! Drapeau rouge ! Drapeau rouge, a-t-il hurlé à la radio. Je suis au milieu de la piste ! Pourquoi c'est si long !?"
La direction de course a effectivement eu besoin d'un certain temps pour réagir et a finalement décidé de l'instauration d'un régime de voiture de sécurité virtuelle. Probablement parce que la course touchait à son terme. Sans doute, aussi, parce qu'elle n'avait pas très bien saisi la dangerosité de la situation. Heureusement, le suraccident a été évité et Russell, le souffle écourté par le mélange d'adrénaline et d'appréhension, a pu s'extirper de sa monoplace. "C'est trop long", a-t-il pesté au sujet du temps de réaction des commissaires.
Après coup, Il s'est également plaint du comportement de Fernando Alonso, coupable selon lui d'avoir freiné trop tôt, bien plus tôt que de coutume, dans une volonté de surprendre celui qui était à sa poursuite. L'affaire a été portée sur le bureau des juges par Mercedes. L'écurie allemande a visiblement bien fait.

Alonso coupable d'un comportement "potentiellement" dangereux

Car quelques heures après la fin du Grand Prix, la FIA a officialisé qu'une pénalité de 20 secondes avait été infligée au pilote espagnol pour "conduite potentiellement dangereuse". La sanction est lourde, puisque le double champion du monde a ainsi été rétrogradé du sixième au huitième rang. Le motif, lui, est rarissime car il laisse beaucoup de place à l'interprétation : à quel point un pilote peut-il être responsable du crash de l'un de ses poursuivants lorsqu'il n'y a pas de contact entre les monoplaces ?
"Alonso a expliqué aux commissaires qu'il avait l'intention d'aborder le virage 6 différemment, en levant le pied plus tôt, et en ayant moins de vitesse dans le virage, pour disposer d'une meilleure vitesse de sortie", détaille le rapport des commissaires. Russell, lui, a mis en avant l'effet de surprise : "Il a expliqué que la manœuvre était imprévisible [...] et qu'elle a provoqué une perte d'appui aérodynamique à la corde du virage". Ce qui a donc eu de lourdes conséquences.
Alonso est assez coutumier de ce type de manœuvre mais il n'avait jamais été sanctionné aussi durement. "Alonso a-t-il le droit d'aborder différemment un virage ? Oui, peut-on encore lire sur le rapport. Est-il responsable de l'air sale créé et à l'origine de l'accident ? Non. Mais il a délibérément choisi de faire quelque chose qui n'était pas ordinaire."
Ca fait partie de l'art du sport automobile
Pour acter leur décision, les juges ont également analysé la télémétrie - comme toujours dans des cas comme celui-ci - et les données ont vraisemblablement confirmé les propos des pilotes. Mais, plus surprenant, le double champion du monde et Aston Martin n'ont pas mis en avant les pépins techniques ayant touché la monoplace de l'Espagnol en fin de course.
Dans les derniers instants de l'épreuve, le quadragénaire a en effet fait état d'un ressenti étrange sur sa pédale d'accélérateur et de microcoupures moteurs. Il a même rencontré de sérieuses difficultés à ramener sa voiture dans le parc fermé après être passé sous le drapeau à damier. Même si ce n'est visiblement pas ce qui l'a poussé à agir de la sorte devant Russell.
"Je suis un peu surpris par une pénalité liée à la façon dont nous devrions aborder les virages ou comment nous devrions piloter des voitures de courses, a-t-il écrit, probablement avec un zeste d'ironie, dans un message publié sur les réseaux sociaux. A aucun moment nous ne voulons faire quoi que ce soit de mal à ces vitesses. Je crois que dans n'importe quel autre virage dans le monde, nous n'aurions pas fait l'objet d'une enquête. J'ai plus de 20 ans d'expérience en F1, avec des duels épiques comme Imola en 2005, 2006 ou encore Interlagos 2023. Changer de trajectoire, sacrifier la vitesse d'entrée pour avoir de bonnes sorties de virage fait partie de l'art du sport automobile." Un nouveau débat est ouvert. Et à Melbourne, un précédent a été créé.
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