GP d'Autriche - Pour Red Bull, la catastrophe à domicile : "Au moins, on arrêtera de parler de titre"

Il y avait un peu de confusion, ce dimanche vis-à-vis des fans vêtus d'orange à Spielberg. Faut-il les féliciter, ou les réconforter ? D'un côté, les supporters de McLaren, et leurs monoplaces papayes, pouvaient célébrer un nouveau doublé 1-2 de leurs pilotes au bout d'un Grand Prix d'Autriche parfaitement maîtrisés. De l'autre, ceux de Max Verstappen, parés du Oranje néerlandais, ont fait le déplacement pour voir leur champion du monde partir en tête-à-queue dès le troisième virage de la course, percuté par le rookie Kimi Antonelli, et abandonner. Un crève-cœur pour Red Bull aussi, pour qui la perspective du titre pilote a certainement rejoint celle du titre constructeur au cimetière des espoirs déchus désormais.

Et sur son week-end à domicile, ce n'est pas Yuki Tsunoda qui a rendu le sourire à l'écurie autrichienne. Le Japonais a coulé au Red Bull Ring. Non pas qu'il surnageait jusque-là, c'est même plutôt le contraire. Mais il avait ici l'occasion de racheter, symboliquement au moins, une petite partie de ses déboires depuis qu'il a rejoint l'équipe en empêchant une fin de série. Car la dernière fois que Red Bull était repartie bredouille d'un Grand Prix, sans aucun point dans son escarcelle, cela remontait au lancement de la saison 2022 à Bahreïn. A l'époque, Max Verstappen et Sergio Peréz n'avaient pas pu finir la course.

Yuki Tsunoda n'avait donc qu'à assurer un petit point et une place dans le top 10 pour prolonger la série de son équipe, qui atteignait désormais 77 Grand Prix. Au lieu de ça, il a fait tout l'inverse d'assurer, a brisé deux fois son aileron avant sur des défenses irresponsables, et a terminé bon dernier de la course derrière des Alpine moribondes. "Je ne sais pas quoi dire. Mon rythme était lent" s'est-il contenté de déclarer à Canal+ avant de faire demi-tour. Ultime ironie pour lui : Liam Lawson, qu'il a remplacé en début de saison chez Red Bull, a réalisé avec Racing Bulls son meilleur résultat en carrière et l'a dépassé au classement pilote grâce aux huit points de sa 6e place.

Et il n'était pas le seul, à l'issue de la course, à perdre du terrain. Son abandon, cumulé au doublé des pilotes McLaren, a repoussé Max Verstappen a 61 points d'Oscar Piastri, toujours leader du championnat du monde, et 46 de Lando Norris, son dauphin. Un écart loin d'être insurmontable mathématiquement, mais qui parait de plus en plus implacable en pratique. Difficile d'imaginer le Néerlandais, et sa Red Bull dont la fenêtre d'exploitation est si étroite, inverser la tendance. Lui le premier : "Nous avons beaucoup gagné dans le passé. Parfois, tu ne peux qu'accepter que tu ne gagnes pas et nous faisons du mieux qu'on peut. Au moins, les gens arrêteront de me parler de mes chances de titre" a-t-il cinglé à Sky Sports.

Sa réaction en sortant de sa voiture accidentée en disait long sur son désabusement. On aurait pu l'imaginer volcanique, en furie d'être contraint de quitter si tôt un rendez-vous si important pour son équipe et ses chances au championnat du monde. Il s'est simplement contenté d'écouter gentiment les explications de Kimi Antonelli, qui venait de le harponner au bout d'une manœuvre beaucoup trop ambitieuse. "C'est juste malchanceux, personne ne fait ça volontairement" soufflait-il à Canal+. Il n'avait pas grand-chose à ajouter et de toute façon n'avait visiblement pas vraiment envie d'être là.

Son esprit semblait ailleurs, déjà. Même s'il insistait auprès de la Sky que "sa mentalité restait là-même", il semble y avoir quelque chose de brisé chez lui. Pour cette saison, du moins. Cela relève autant du champion qui a dû mal à accepter la décrépitude de son équipe, que du prodige qui a fait le tour de son sport et qui a l’impression que celui-ci n’a plus rien à lui offrir. "Pour être honnête, je n’ai pas trop suivi la course. Je regardais les 24h de Spa" avouait-il au micro du diffuseur néerlandais Viaplay. Sur le tracé belge, l’Aston Martin Vantage GT3 de son équipe Verstappen.com a remporté la catégorie Gold des 24h de Spa-Francorchamps. Depuis le début de la saison, il teste régulièrement sa voiture d’endurance sous le pseudonyme de Franz Hermann. "C’était une journée horrible ici, mais excellente à Spa. C’est aussi très important." Cela lui a sûrement donné des idées.