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F1 2023 | Aston Martin et l'ambition légitime de devenir la deuxième force du plateau
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Publié 06/03/2023 à 23:40 GMT+1
GRAND PRIX DE BAHREÏN - Troisième à Sakhir, Fernando Alonso a nourri plus tôt que prévu l'aspiration d'Aston Martin à rejoindre l'avant du peloton. Avec une voiture conçue dans un délai court, l'Espagnol a validé un projet ambitieux, autour d'un groupe de gens rompus aux succès dans d'autres top teams. La question se pose désormais : les Verts peuvent-il devenir les seconds de la classe ?
Alonso, passion contagieuse : "Mais jusqu'où va-t-il aller ?"
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Même après des tests prometteurs la semaine précédente, Aston Martin a été la grande surprise du Grand Prix de Bahreïn, grâce à Fernando Alonso qui a mené la nouvelle ARM23 à la troisième place. A la régulière, parce que la Ferrari de Charles Leclerc n'est pas allée au bout des 57 tours, un prérequis en Formule 1. Mais l'écurie basée à Silverstone ne surprendra plus personne à l'avenir, tant sa monoplace est bien née et aura des arguments pour gagner en compétitivité dans les mois à venir.
L'ARM23 répond aux premiers critères d'une bonne monoplace, a confirmé Fernando Alonso, dimanche à Sakhir. "La voiture est prévisible depuis le premier jour (des tests) et j'ai été à l'aise tout le week-end. Même si la course a semblé très longue - sur les dix derniers tours notamment car je voulais voir le drapeau à damier et être sur le podium - la voiture était très agréable à conduire. J'aurais pu conduire pendant une heure comme ça, juste seul sur la piste", a insisté Fernando Alonso (Aston Martin).
Non Fernando, ce n'est pas "trop beau pour être vrai"
"Nous ne nous attendions pas à être aussi compétitifs, a avoué le double champion du monde. L'objectif en 2023 était d'être dans le milieu de classement, peut-être de mener ce milieu de peloton et de se rapprocher des trois premières équipes, éventuellement. Même un podium n'était peut-être pas dans nos radars en 2023. Et finalement, on se retrouve être la deuxième meilleure voiture, et même durant tout le week-end, juste derrière Red Bull. J'ai le même sentiment que lors des essais de pré-saison : c'est trop beau pour être vrai. On s'attend toujours (...) à faire un pas en arrière pour revenir à la réalité. Mais la performance semble bien réelle."
"On verra à Djeddah, poursuit-il. Je suis curieux, comme pour Melbourne, des circuits très différents : on a des virages à grande vitesse, très peu de dégradation. A Sakhir, nous étions performants dans des domaines que nous ne trouverons peut-être pas là-bas. Si nous sommes aussi performants lors des deux prochaines courses, je pense que nous aurons une très bonne année 2023."
Un staff avec la culture de la gagne
A quel point l'Aston Martin sera-t-elle aussi bonne en Arabie saoudite et en Australie, c'est la question. Et, au-delà de ça, arrivera-t-elle à tenir le rythme de développement de ses rivales directes, Ferrari et Mercedes ? Parce que la comparaison avec Red Bull n'est pas d'actualité. A Sakhir, la RB19 n°1 de Max Verstappen a roulé 0"4 plus vite que l'AMR23 n°14 de "Nando".
"On sent l'énergie dans l'équipe : tout le monde travaille d'arrache-pied et nous sommes tous très motivés", a assuré l'Asturien dimanche. Certes, mais tout le monde est très motivé en Formule 1. Passé cette nécessité, la réussite d'une saison se joue surtout dans les bureaux d'études, à la soufflerie, autour d'une monoplace à fort potentiel de développement. Et il s'avère que l'écurie de Silverstone a constitué depuis 18 mois un staff de haut volée, digne des meilleurs de la place.
Il suffit de consulter l'organigramme pour s'en convaincre : Martin Whitmarsh, directeur général depuis octobre 2021, est un ancien de McLaren, où il a gravi les échelons de 1989 à 2014 pour devenir le bras droit puis le successeur de Ron Dennis. Dan Fallows, directeur technique depuis avril 2022, a passé 15 ans chez Red Bull, où il était chef du département aérodynamique. Arrivé en octobre dernier, Eric Blandin occupe le poste qu'il avait déjà chez Mercedes : celui d'aérodynamicien en chef.
Nouvelle usine en mai, nouvelle soufflerie en 2024
Fort de ces solides CV, Aston Martin a ouvert de nombreux chantiers, dont celui de la création de l'AMR23, dont la réussite en appelle d'autres. En à peine un an, Dan Fallows a renouvelé à 95% la monoplace de 2022, qui ne restera pas dans les mémoires. Surtout, il l'a fait dans une usine obsolète héritée des années Jordan (l'ancêtre de Midland, Spyker, Force India et Racing Point), qui sera détruite pour laisser la place à une structure dernier cri à Silverstone, en mai. Au fil des mois, les futures installations vont recevoir de nouveaux outils dont l'un des fleurons sera la soufflerie, prévue pour entrer en service mi-2024. Car pour l'heure, Aston Martin "souffle" à Brackley, chez Mercedes. Loin d'être idéal.
Depuis qu'il a racheté l'équipe, Lawrence Stroll tient indéniablement ses promesses. Ses méthodes sont musclées, elles déplaisent à ses alter ego dans le paddock, mais il faut reconnaître qu'Aston Martin a changé de dimension. Il ne reste plus rien de la culture des années Force India / Racing Point, marquée par des moyens limités, pour ne pas dire minimalistes. Andrew Green a longtemps fait des miracles avec une machine à faible rendement aérodynamique, mais ce temps est révolu tout comme celui de la "Mercedes rose" si polémique.
Ferrari et Mercedes en plein doute
Par la justesse de son recrutement, Aston Martin fait en réalité penser aux débuts de l'écurie Red Bull. En 2005, Christian Horner et Helmut Marko avaient constitué autour d'Adrian Newey une équipe capable de se hisser au sommet, et d'y rester pendant des années. Aujourd'hui, les Verts ont réuni un groupe de personnes soudées, motivées par leur nouveau challenge, et sont prêts à s'inscrire dans la durée face à des formations rivales en plein questionnement. Chez Ferrari, Enrico Cardile doit justifier ses galons de directeur technique, corriger la SF23 sans son inspirateur, Mattia Binotto. Chez Mercedes, Mike Elliott n'a pas fait oublier James Allison depuis sa promotion à la tête du département technique, mi-2021. Chez Alpine, Mat Harmann doit encore qu'il est capable de faire franchir un nouvel palier aux Bleus.
Et il ne faut pas oublier que l'équipe basée à Silverstone a déjà gagné en Formule 1, sous le nom de Racing Point, en 2020. Et si elle a traversé péniblement 2021 et 2022, elle a su se relever très vite.
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