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Grand Prix de Bahreïn 2023 | Oscar Piastri (McLaren), la nouvelle bombe prête à exploser

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 03/03/2023 à 12:07 GMT+1

GRAND PRIX DE BAHREÏN - Il débarque ce vendredi en Formule 1 avec un palmarès XXL dans les catégories de jeunes et une faim de compétition réfrénée pendant un an, le temps d'une douloureuse mise en veille chez Alpine et un transfert à sensation chez McLaren, sous fond d'incompréhension sinon de trahison. L'Australien Oscar Piastri est prêt à éblouir son monde, comme d'autres grands avant lui.

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On nous avait annoncé Lewis Hamilton et Sebastian Vettel en 2007, Max Verstappen en 2015. On avait aussi vu arriver de loin Charles Leclerc, en 2018. Depuis, aucun jeune pilote n'avait bénéficié d'une telle hype. Mais Oscar Piastri est désormais sur la grille de départ, précédé d'une double réputation, sur la piste et en dehors. Ce qu'il assume et revendique avec la certitude d'aller au devant d'un destin exceptionnel.
Oscar Piastri, 21 ans, "The next big thing" comme disent les Anglais, a tout raflé en un temps record dans les catégories de promotion. Champion de Formule Renault Eurocup en 2019, il a enchaîné les titres comme débutant en Formule 3 en 2020 puis de Formule 2 en 2021. On aurait pu croire que la Formule 1 serait prête à dérouler son tapis rouge dans la foulée pour lui, mais il n'en fut rien.
A l'académie Alpine, le natif de Melbourne a été prié d'attendre en coulisses pendant un an, à coups de sessions au simulateur et d'entraînements sur des monoplaces datées, pour gagner le droit de débuter chez Williams, la dernière de la classe. Un délai beaucoup trop long et une perspective bien trop aléatoire pour ce jeune homme pressé, parti voir chez McLaren à l'issue d'un feuilleton médiatico-juridique qui a secoué le monde de la Formule 1. Et créé un précédent dont lui et tout son clan sont fiers : désormais, les écuries verrouillent les contrats de leurs apprentis à double-tour, parce que la confiance n'est rien sans un document contraignant.
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Oscar Piastri (McLaren) lors des tests à Abu Dhabi le 22 novembre 2022

Crédit: Getty Images

"Très calme, très mature"

Jugé ingrat par les Bleus et une bonne partie du paddock, Oscar Piastri a laissé depuis l'été dernier son manager, Mark Webber, enfoncer le clou et Alpine. Selon l'ancien pilote de Red Bull, la marque française n'a financé que 20% de la formation de son protégé pour en arriver à, à coup de sponsors extérieurs ou de la famille Piastri. Et puis, surtout, le A fléché aurait carrément manqué de loyauté ! "Il a été l'un des personnages les plus loyaux de cette situation (…) ce qui fut parfois difficile sans savoir de quoi l'avenir serait fait", n'a pas hésité à déclarer le double vainqueur du Grand Prix de Monaco, en janvier dernier à Speedcafe.
"Il savait qu'il pouvait rouler cette année (en 2022). C'est ce qui l'importait. Il avait fait quelques jours de test, mais un pilote doit rouler, et cette situation le blessait vraiment…" Et d'expliquer que McLaren le voulait vraiment, ce qui faisait "une grosse différence" par rapport à Alpine.
Dans cet imbroglio, l'Australien de 46 ans, 9 fois vainqueur en Grand Prix, également passé par Minardi, Jaguar et Williams, a assuré avoir vu un Oscar Piastri "détendu". Un trait de caractère que le garage McLaren n'a pas tardé à découvrir, à son tour.
"Il est incroyablement calme tout le temps. Il est très calme, très mature et vraiment imperturbable", résume Tom Stallard, l'ingénieur principal de sa MCL60 n°81 cette saison, qui a longtemps travaillé avec Jenson Button à Woking. "Il a fait beaucoup de progrès, et je pense qu'il comprend maintenant vraiment ce dont une voiture a besoin. Il y est parvenu de façon très efficace, et c'est très excitant pour nous."
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Oscar Piastri (Alpine) en 2022

Crédit: AFP

Pas le genre à s'emballer le samedi

Avant l'équipe britannique, R-Ace avait été intriguée fin 2018 par le potentiel du natif de Melbourne au volant d'une Formule Renault d'Eurocup. Puis impressionnée. "Il n'était pas dans l'instinct mais dans le contrôle, l'intellectualisation de son sport et de ses sensations, se souvient Thibaut de Mérindol, le directeur de l'écurie vendéenne. Ça le rendait précis dans la retranscription de ses sensations."
Non, pas de doute : "Il est à ranger dans la catégorie des pilotes cérébraux, qui construisent leur performance sur une compréhension globale de leur sport et sur la maîtrise et le développement de leur savoir-faire, complète le patron de Fontenay-le-Comte " Et d'ajouter : "Quand il roule chez nous en 2019, et quand il gagne la F3 en 2020 chez Prema, c'est loin d'être le meilleur en vitesse pure sur un tour. Pour preuve, il ne fait pas une pole position l'année de son titre en Formule 3. Quand il gagne chez nous, en 2019, il fait cinq pole positions mais son concurrent direct en fait plus. Il gagne l'Eurocup parce que c'est un très bon racer, un très bon gestionnaire de ses pneus en course, qu'il a une très belle intelligence de course et une maîtrise des départs. Tout ça sans commettre de faute. Il a une optimisation sur la course. Ce qui me fait plaisir, c'est qu'il a fait des pole positions en Formule 2 en 2021. Ça veut dire qu'il a été capable de développer sa vitesse pure sur un tour, qu'il a su la travailler."
Parfaitement conscient de ses qualités et de ce qui lui reste à acquérir, Oscar Piastri ne se fixe aucune limite à terme. "Je pense que chacun doit avoir cette certitude de pouvoir gagner, ou s'il n'est pas en position de le faire, de faire de son mieux, dit-il. J'ai beaucoup à apprendre - je suis dans ma première saison - et Lando [Norris] est dans sa cinquième saison, mais en premier lieu, je dois me remettre dans le bain de la compétition après plus d'un an sans courir. Nous verrons alors ce que ça nous réserve." Sollicité pour comparer les deux Australiens, Lando Norris n'a pas manqué de faire un bon mot en riant : "J'ai l'impression de parler comme si j'étais super expérimenté."
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Oscar Piastri (Mclaren) en tests de pré-saison à Sakhir en 2023

Crédit: Getty Images

Transition réussie entre Ricciardo et le clan Piastri

Installé dans le baquet de Daniel Ricciardo, remercié un an avant la fin de son contrat, Oscar Piastri sait qu'il est là pour faire oublier son compatriote, le plus vite possible. Sans dévaluer les conseils du pilote de Perth, malgré l'échec cuisant qui l'a conduit à retourner chez RB, comme réserviste. A la question de Formula1.com de savoir ce qu'il pouvait lui conseiller à son jeune successeur, "Dan The Man" a répondu : "Apprendre, être une éponge, mais piloter. Ne pas voir la barre trop haut pour soi-même. Si on fait mieux qu'on pensait, c'est sensationnel, mais il faut y aller course par course. Aussi longtemps qu'on apprend, qu'on sent qu'on s'améliore au fil des courses, c'est tout ce qu'on peut demander pour soi-même."
Message reçu cinq sur cinq, dès septembre dernier, lorsque l'affaire s'était dénouée. Dans un premier temps, Mark Webber a appelé Daniel Ricciardo pour s'excuser de l'avoir poussé dehors. "Je sais comment est la F1", a assuré "Banana Dan". Puis lorsque DR a appelé lui-même Oscar Piastri pour l'assurer qu'il ne lui en tenait pas rigueur. "Ça m'a beaucoup aidé, cela a été super pour moi, a avoué Piastri. Daniel est un grand professionnel. Mon respect pour lui était déjà extrêmement élevé et il n'a fait qu'augmenter à travers sa réponse. Si je peux me rapprocher du succès qu'il a eu en piste et de la personnalité qu'il a eue en dehors, je pense que je ferais un boulot correct." Réponse à partir de ce vendredi à Sakhir.
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