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Charles Leclerc soumis à la consigne : Ferrari, une contrefaçon chinoise

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 15/04/2019 à 08:15 GMT+2

GRAND PRIX DE CHINE - Ferrari a passé rapidement une consigne à Charles Leclerc pour mieux propulser Sebastian Vettel sur le podium, dimanche. Malheureusement renvoyé à son statut de n°2, le Monégasque ne s'en est jamais remis.

Charles Leclerc (Ferrari) au Grand Prix de Chine 2019

Crédit: Getty Images

Sûr qu'au tarif de 40 millions d'euros la saison contre huit fois moins à son jeune coéquipier, Ferrari doit encore quelques égards à Sebastian Vettel. S'étonner de ce qu'il s'est passé dimanche à Shanghai c'était peut-être oublier un peu vite cette réalité. Et il faut malheureusement créditer la Scuderia d'une certaine constance. Elle avait assuré, à la présentation de sa monoplace 2019, vouloir donner la priorité à l'Allemand en cas de dilemme. Elle a tenu parole à Melbourne, et la magnifique course de Charles Leclerc à Sakhir n'y aura finalement rien changé. Et avant le départ de Shanghai, Mattia Binotto, le directeur de la Scuderia, avait averti qu'il en faudrait bien plus pour changer l'ordre établi. C'était dit, en cas de "50-50", Vettel garderait la main. Tant pis pour les naïfs, les amoureux du sport.
Le 11e tour a scellé cette réalité, et ce n'est même pas s'avancer beaucoup que dire ça risque fort de rester ainsi toute la saison. Lewis Hamilton était déjà parti devant pour de bon, avec Valtteri Bottas à sa poursuite et des SF90 étaient déjà loin. "Il faut que tu ailles plus vite, sinon tu devras laisser passer Sebastian", a lancé la radio. Sur un ton sans équivoque.
A ce moment, le sort de Charles Leclerc était déjà scellé. L'ex-pilote Sauber a tenté une vaine réplique - "Je m'échappe". Quelques instants plus tard, la sentence a sonné comme une exécution. "Laisse passer Sebastian ! Laisse passer Sebastian !"
Passé devant, Vettel n'a pas pris ses distances pour autant, mais pour Ferrari ça ne changeait rien. Pas plus que la complainte de l'as la principauté "Je perss pas mal de temps... je ne sais pas si vous savez…"

Leclerc promené par son muret

Non, l'incroyable Max Verstappen était, depuis le départ, davantage le sujet de préoccupation, calé à l'affût à la cinquième place. Avec son habitude de provoquer ses adversaires au stand, le Néerlandais avait une vraie chance de passer devant sur un coup undercut. Avoir Leclerc en tampon, c'était s'acheter une seconde précieuse… Ferrari n'a d'ailleurs pas caché son inquiétude en exhortant Vettel : "Attaque plus !"
Au 18e des 56 tours, le pitstop de la Red Bull n°5 a prouvé que la situation était tendue. Avec son train de "dur" neuf, le Batave a fait un premier tour "in" canon, et Vettel rentré juste après lui a senti le vent du boulet au tour suivant en ressortant juste devant. Au prix d'une défense de forcené, il a ensuite recroisé la trajectoire pour repasser devant au virage n°14.
Quand Charles Leclerc rentre enfin au box, au 23e tour, il sait que le podium s'est envolé car Ferrari a fini de détruire sa course en le gardant trop longtemps en piste. Il est à dix secondes de Max Verstappen.
Au 28e passage, Leclerc ignore s'il va devoir finir avec ses "dur" ou s'il va rentrer. "Dois-je faire attention à mes pneus ?", demande-t-il. "Non, il faut attaquer", lui répond-t-on. Au 36e tour, Ferrari actera un second arrêt pour Vettel, pour couvrir le pitstop de Verstappen. Et au 43e tour, l'écurie italienne remettra des "medium" à Leclerc pour croire à un impossible retour sur Verstappen.
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Charles Leclerc et Sebastian Vettel (Ferrari) au Grand Prix de Chine 2019

Crédit: Getty Images

"Si Charles est contrarié, il en a le droit"

A l'arrivée, Leclerc a encore fait bonne figure, en s'étonnant poliment de son premier arrêt tardif. "Obéir à la consigne de l'équipe fut très douloureux parce que je pense qu'on était dans le même rythme, a-t-il dit au micro de Canal+. Quand on a switché, on avait malheureusement la même performance. Après, je suis resté plus longtemps dehors, je ne sais pas pour quelle raison. Du cockpit, c'était un peu difficile à digérer."
C'est vrai, le problème technique qui l'avait empêché de faire un relais de course vendredi après-midi a peut-être pesé, mais le résultat aurait été le même pour l'écurie. "Nous n'étions pas en mesure d'inquiéter les Mercedes", a-t-il conclu.
De son côté, Vettel a paru un peu embarrassé. "On n'est pas entièrement heureux, a-t-il dit, à Canal+. Le meilleur résultat pour l'équipe aurait été troisième et quatrième. La course a été difficile, on n'était pas assez rapide. Je pensais être le plus rapide (de l'équipe), j'avais ce sentiment en début de course. Je pense que nous avons bien joué pour l'équipe. Ce n'est jamais bien (ndlr : la consigne) mais on devait essayer car je me sentais plus rapide. J'ai été déjà dans cette position par le passé. Après, je crois que nous étions sur une stratégie différente aujourd'hui. C'est plus facile pour moi à digérer dans ma position, c'est sûr. Au précédent Grand Prix, Charles était plus rapide et je l'ai laissé passer."
"Si Charles est contrarié, il en a le droit et nous devons l'accepter", a épilogué Mattia Binotto. "Je comprends ce sentiment mais, à ce moment de la course, les Mercedes étaient plus rapides et nous avons essayé de donner à Seb la meilleure chance possible. Il ne s'agissait pas de favoriser un pilote."
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