Webber, coup de tonnerre

Débouté de peu pour la pole à Melbourne puis sacrifié sur l'autel de la stratégie avant de commettre quelques fautes pour sa course à domicile le week-end dernier, Mark Webber (Red Bull) s'est ressaisi dans un environnement difficile en décrochant la position de pointe, samedi à Sepang. Sous des trombes d'eau, l'Australien s'est montré le plus véloce lors d'une troisième partie de qualification scindée en deux partie, pour de sages questions de sécurité, et privée des ténors de Ferrari et McLaren, lancés trop tard en Q1 avec des pneus inadaptés.

Soumis à l'énorme pression de fournir un résultat significatif après deux Grands Prix moins compétitifs que Sebastian Vettel, Mark Webber a dominé lorsque le décompte chronométrique a repris à moins 7 min 17 sec, sous un ciel moins déchaîné. Il a délogé Adrian Sutil (Force India) de la première place en tournant en 1:50.451 à deux minutes du drapeau à damier et a poursuivi pour défendre son bien, ce qu'il est parvenu à faire en proposant 1:49.327. A cet instant, Nico Rosberg et Sebastian Vettel constituaient les plus sérieuses menaces. Malgré leur détermination, les pilotes de Mercedes et Red Bull n'ont rien pu faire, à respectivement 1.346 sec et 1.462 sec.

"Ce fut une session très compliquée", a commenté Webber. "Vu les flaques qu'il y avait sur la piste en Q1 et Q2, tenter de faire un tour clair était difficile. Mon tour le plus rapide en Q2, en inter, fut un véritable défi pour aller plus vite que Pedro [de la Rosa], et je devais continuer d'attaquer car les conditions pouvaient changer. Collectivement, nous avons pris toutes les bonnes décisions, Ciaron [Pilbeam, son ingénieur de course] et moi, en se fiant au ciel. Il m'a dit de passer en intermédiaires en Q3. Je lui ai dis : 'Regarde la piste, qu'en penses-tu ?' Il m'a répondu : 'Vas-y' ; j'ai fait la pole dans mon troisième ou quatrième tour et ce fut un happy end."

"A certains moments, ce fut très dur de rester sur la piste", a relevé Rosberg. "Mon run en Q3 fut vraiment mon meilleur de la journée et j'ai établi un bon chrono dans mon premier tour. Dans mon second tour, mes pneus ont commencé à se dégrader et ce n'était plus possible d'aller plus vite. Dès que nous y sommes allés, j'ai pensé qu'il fallait les intermédiaires et j'aurais pu rentrer mais ça a finalement marché pour nous." 

"C'était très piégeur au début de la Q3. Il y avait plein d'eau et c'était la bonne décision de déployer le drapeau rouge car c'était tout simplement impossible pour nous", a souligné Vettel. "Il y avait tout simplement trop d'eau. Les gardes au sol des voitures sont très basses et on finit par plus nager que conduire. Mais je pense que nous avons fait ce qu'il fallait en Q3. L'eau a disparu plus vite que la majorité des gens ne pensait et Mark avait alors les meilleurs pneus."

Par ces conditions délicates, il fallait apparemment arborer la témérité propre à la jeunesse et un passeport allemand aussi puisque les suivants au classement se nomment Adrian Sutil (Force India) et Nico Hülkenberg (Williams), champion de GP2 2009. Ces valeurs montantes ont repoussé Robert Kubica (Renault) au 6e rang et les expérimentés Rubens Barrichello (Williams) et Michael Schumacher (Mercedes) aux 8e et 9e places de la grille de la 3e manche du Mondial, dont le départ sera donné dimanche à 11h00. Kamui Kobayashi (Sauber) et Vitantonio Liuzzi (Force India) ont complété le top 10 dans cet ordre.

"Je suis évidemment un peu déçu car il fut manifeste dès le début de la session que nous étions bien. J'aurais clairement pu faire mieux", a reconnu le septuple champion. "Dans mon dernier tour en Q3, j'ai voulu assurer un chrono et y aller pour de bon ensuite, mais une fois fini mon premier tour mes pneus étaient usés. Au moins, c'est bien de connaître les limites des pneus pluie pour dimanche. Bravo à Nico pour avoir obtenu notre première 1ère ligne."

Pour trouver trace de Jenson Button (McLaren), victorieux à Melbourne, Fernando Alonso (Ferrari), Lewis Hamilton (McLaren) et Felipe Massa (Ferrari), il faut descendre aux 17e, 19e, 20e et 21e niveaux de la grille de départ. Ces tête d'affichent se sont toutes fourvoyées en Q1, démarrée sur une piste humide. Pensant passer le cut, ils ont tous chaussé des pneus intermédiaires avant de constater que les "pluie" étaient requis. L'Anglais, champion du monde en titre, avait enregistré le 13e meilleur chrono lorsqu'il a planté sa MP4 dans les graviers. Heureusement pour lui, l'averse était tellement violente que toute amélioration était illusoire. Ce qu'on constaté les champions du monde Alonso et Hamilton ainsi que Massa.