F1 - Grand Prix de Malaisie : Il y a Mercedes et les autres

Cela faisait près de soixante ans que Mercedes n’avait pas connu cela. La firme allemande n’avait plus réalisé un doublé en Formule 1 depuis le Grand Prix d’Italie 1955, où Juan Manuel Fangio avait devancé Piero Taruffi. Une attente qui a pris fin dimanche en Malaisie. Lewis Hamilton et Nico Rosberg ont trusté les deux premières places sur le tracé de Sepang pour placer leur équipe en tête du Championnat du monde des constructeurs.

Après le succès de Rosberg à Melbourne en ouverture de la saison, la victoire du champion du monde 2008 ce week-end confirme la domination sans partage des Mercedes en ce début d’année. "C’est super de voir Mercedes mener le championnat, mais nous savons que nous devons faire fructifier ce début de saison, s’est félicité Hamilton après la course. Tout peut se passer comme nous l’avons vu en Australie, donc c’est un résultat important pour nous. Un doublé ne se produit pas fréquemment et c’est un réel accomplissement pour l’équipe."

Au-delà du résultat, c’est la manière qui a impressionné les observateurs en Malaisie. Hamilton a réussi un Grand Chelem, de la pole position à la victoire, en passant par le meilleur tour et le fait d’avoir bouclé tous les tours de la course en tête. Le Britannique n’a jamais tremblé pour s’adjuger un succès précieux après son zéro pointé en Australie. Il a terminé la course avec près de 25 secondes d’avance sur Sebastian Vettel (Red Bull), qui s’est accroché tant bien que mal sans pouvoir rivaliser. "La course était plus difficile qu’il n’y parait et les conditions climatiques extrêmes rendent le défi toujours excitant ici. Mais je pouvais prendre soin de la voiture, des pneus et de la consommation d’essence en conservant un bon rythme, ce qui m’a rendu la tâche plus facile." C’est dire si la marge de Mercedes est grande.

La course s’est déroulée sans accroc, exactement comme l’avait prévue l’équipe technique. Mercedes a même bénéficié du soupçon de réussite qui fait la différence, Rosberg profitant indirectement d’un drapeau jaune pour défendre sa deuxième place devant Vettel. "Nous savions depuis les essais libres que nous avions le bon rythme, donc il s’agissait de gérer l’équipe et la voiture pendant 56 tours sans rencontrer le moindre problème ou sans commettre la moindre faute, a expliqué Paddy Lowe, directeur technique de Mercedes. Nous sommes dans un sport très complexe et de petits détails peuvent détruire une course, comme l’avons vu ces dernières semaines. Mais nous avons commis un sans-faute dimanche." Selon Hamilton et Rosberg, tout le mérite en revient à l’équipe technique. "Tout le monde dans les usines et tous les employés de la marque peuvent se sentir très fiers aujourd’hui (dimanche)", a souligné l’Allemand.

Au vu de son début de saison parfait, qui a propulsé ses deux pilotes au sommet du Mondial des pilotes (Rosberg devant Hamilton), Mercedes pourrait s’enflammer et se mettre à rêver grand pour la suite de la saison. Mais les dirigeants appellent les troupes à l’humilité, alors qu’il faudra remettre le couvert dès le week-end prochain à Bahreïn. "Nous ne pouvons pas nous permettre de nous relâcher : nous avons toujours de la marge pour nous améliorer et la course nous a démontré que la concurrence était juste derrière nous. Nous savourons ce moment mais nous savons tous que si tu n’avances pas dans ce sport, tu recules", a lâché Toto Wolff, directeur exécutif à Mercedes. Un leitmotiv pour une écurie qui n’avait jamais semblé si forte depuis son retour en F1 en 2010.