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Grand Prix de Monaco - Charles Leclerc "dégoûté" par une équipe Ferrari où "tout était super brouillon"

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 29/05/2022 à 22:09 GMT+2

GRAND PRIX DE MONACO - De sa pole position, Charles Leclerc devait jouer sur du velours, dimanche. Mais Ferrari s'est embarquée dans la pire des stratégies avec le Monégasque, et aussi son coéquipier Carlos Sainz, face à Red Bull. Au bout du fiasco, la victoire à sa portée s'est transformé en quatrième place. "On avait tout pour gagner et on l'a foutu à la poubelle", a dit le Monégasque.

Charles Leclerc (Ferrari)Charles Leclerc (Ferrari) au Grand Prix de Monaco 2022

Crédit: Getty Images

Ferrari s'est sabordé en laissant échapper un doublé qui lui était promis, dimanche à Monaco. Bien sûr, on est très facilement exposé à des offensives adversaires quand on roule en premier, et spécialement sur une surface à l'adhérence changeante. Cela n'avait sûrement rien d'évident de démarrer en pneus "pluie" sur une piste mouillée, et déterminer s'il fallait passer par l'étape des gommes "intermédiaire" sur un bitume séchant, avant de chausser les "slicks".
Ces deux dernières saisons, la Scuderia s'était plusieurs fois pris les pieds dans le tapis, mais en ce début de saison 2022 elle avait bien manœuvré dans ce registre crucial de la stratégie. Elle avait un atout-maître dans son jeu dans les rues de la Principauté en la personne de Charles Leclerc, et un pilote immédiatement en couverture avec CS, et pourtant elle a choisi la solution du pire au moment le plus déterminant de la sixième manche du Mondial.
Tout s'est joué lors des tours 17 à 23, lorsqu'elle a eu à décider quelles gommes monter sur les F1 75 du Monégasque et de l'Espagnol, afin de garder les Red Bull de Sergio Pérez et Max Verstappen derrière. Elle a malheureusement laissé l'écurie autrichienne opérer sans réagir pour au moins couvrir ses arrières.
Charles Leclerc (Ferrari) au Grand Prix de Monaco 2022

Tout faux en stratégie

Le Mexicain était troisième lorsqu'il est passé prendre des "intermédiaire", au 17e tour. Ces pneus lui ont donné un avantage chronométrique immédiat et Ferrari a joué avec le feu en laissant Charles Leclerc deux tours de plus en piste, quand il aurait fallu le faire rentrer de suite pour chausser les gommes vertes. Les Rouges se sont aperçu de leur erreur lorsque le natif de Monte-Carlo est ressorti des stands derrière "Checo", au 19e passage. Puis ils ont réalisé leur seconde faute en appelant les bolides n°55 et n°16 en même temps - ce qui n'a rien d'idéal en terme de rapidité d'intervention - au 22e tour, pour prendre des "dur". Sans que cela ne change quoi que ce soit. Un tour plus tard les Red Bull sont passées au stand elles aussi ensemble, et elles avaient tellement de marge que Charles Leclerc n'a rien pu faire d'autre que s'incliner devant Max Verstappen au retour de ce dernier en piste. Au prix d'un franchissement délibéré de ligne jaune pour le bloquer.
Pas en chance, Carlos Sainz et Charles Leclerc ont aussi rencontré du trafic à leur retour en piste. Ils ont été chacun bloqués par des retardataires mais cela n'explique ni n'excuse le fiasco opérationnel de Mattia Binotto et toute son équipe de stratégistes dimanche. Dans une course fermée à double tour, même pas relancée par le drapeau rouge sorti suite à l'accident de Mick Schumacher (Haas), Carlos Sainz et Charles Leclerc n'ont rien pu tenter, respectivement contre Sergio Pérez, leader, et Max Verstappen, troisième.
A la question de savoir comment vivait cet échec, Charles Leclerc s'est avoué "dégoûté", sur Canal+. "J'ai fait tout ce qu'il fallait depuis le début de la course, a-t-il poursuivi. Ce choix-là (prendre des "intermédiaire" ou slicks), on me l'avait demandé quatre tours avant, et j'avais dit qu'on pouvait aller directement sur les slicks mais que ce n'était peut-être pas le moment tout de suite, et qu'on pouvait attendre un petit peu. Il faut que ça n'arrive pas trop souvent dans une année, parce qu'aujourd'hui on avait tout pour gagner et on l'a foutue (la victoire) à la poubelle. Ça fait mal encore une fois à la maison."

Leclerc dans la pit lane, Ferrari lui demande de rester en piste

Ferrari a perdu la course en ne réagissant pas assez vite lorsque Pérez, en "intermédiaire", s'est mis à rouler sept secondes plus vite que Carlos Sainz. C'est vrai, l'Espagnol venait de lui redire que son option préférée était d'attendre pour passer "directement" aux pneus lisses (slicks). Et elle s'est fait encore doubler par Red Bull dans la décision de passer aux "dur". Elle a perdu le lead en matière de stratégie lors du premier coup, et n'aurait finalement pas dû faire rentrer Charles Leclerc pour des "intermédiaire".
Le Monégasque n'en voulait d'ailleurs pas non plus, et il a explosé de colère lorsque la confusion la plus totale a régné dans ses écouteurs à la fin du 22e tour. "Rentre, rentre ! Non, reste en piste", l'a exhorté son ingénieur. A ce moment-là, le mal était déjà fait. "Je me suis énervé parce qu'on m'a dit d'abord de m'arrêter, puis ensuite j'étais dans les stands et on m'a demandé de rester dehors, a raconté Charles Leclerc. Tout était super brouillon. Il faut qu'on soit aussi bons ici qu'ailleurs et on ne l'était clairement pas. Ça ne va pas."
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Charles Leclerc, Ferrari, GP Monaco, Getty Images

Crédit: Eurosport

Il a finalement vu pour la première fois la ligne d'arrivée de son Grand Prix national, toutes catégories confondues, mais c'est une maigre consolation, et pas le genre de résultat dont il a besoin pour tenir en respect Max Verstappen. Dimanche, il a cédé trois points au Néerlandais, un moindre mal. "La saison est longue, on a la performance pour récupérer, mais bon… On ne peut pas se permettre de faire des courses comme ça, a-t-il soupiré. Dans des situations comme ça, c'est très compliqué. Je disais bien sûr (quel était) l'état de la piste. Après, c'est le team qui a pris la décision, et à ce moment-là il pensait que c'était la meilleure chose pour moi. Mais ça ne l'était clairement pas. C'est difficile à accepter, et aujourd'hui je ne pouvais rien faire de plus. J'espère qu'on apprendra de cette erreur et que la prochaine fois on prendra la bonne décision."

Les Williams ont coûté cher dans le trafic

De son côté, Mattia Binotto n'a pas livré des explications susceptibles de satisfaire les supporters de la marque. "Il n'est pas content, c'est normal, a soufflé le directeur d'équipe. Personne aujourd'hui n'est content chez Ferrari. On a fait une erreur de stratégie qui nous a coûté une victoire. Quand tu es premier et que tu te retrouves quatrième, il est évident que quelque chose n'a pas fonctionné. Ceci dit, ce n'était pas facile de juger. La vitesse des pneus "intermédiaire" nous a surpris. On aurait sûrement dû rentrer un tour avant avec Charles, ou rester dehors pour protéger la position sur Max (avec Sainz). Et à la limite aller directement sur les pneus pour conditions sèches. On va revoir pourquoi on a mal jugé à ce moment-là, ce qui s'est passé."
"On a eu également un peu de malchance avec le trafic, a-t-il plaidé. Je crois que Charles a trouvé beaucoup de trafic avec Albon (Williams), presque un tour. Ça lui a fait perdre du temps sur Max. Même Carlos a trouvé du trafic avec Latifi. Je crois que ça lui a fait perdre la victoire."
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Ferrari-Teamchef Mattia Binotto fordert eine Anhebung der Budgetobergrenze

Crédit: Getty Images

"En plus, il y a la ligne jaune à la sortie de la pit lane, a-t-il ajouté. Pourquoi les deux Red Bull étaient sur la ligne jaune à la sortie de la pit lane, alors que les race director notes disent clairement qu'il faut rester à droite ? Pour nous, ce n'est pas clair." Ferrari a porté réclamation sur le franchissement de ligne jaune de Verstappen, après son undercut sur Leclerc, et celui de Sergio Pérez. En soiréen les commissaires de course ont rejeté la protestation de l'équipe italienne.
Pressant sur Sergio Pérez en fin de course sans pouvoir attaquer la Red Bull n°11, Carlos Sainz a aussi dit son dépit. "J'ai eu l'impression que nous avions fait tout ce que nous devions faire ici, a-t-il expliqué, à l'arrivée. Nous sommes restés patients avec les pneus pour piste mouillée, nous avons bien fait de prendre les slicks. Rester coincé derrière une voiture à un tour m'a coûté la victoire. Vous pouvez donc comprendre ma frustration parce qu'un retour propre en piste m'aurait permis de gagner. J'ai dû passer 12 virages derrière la voiture retardataire, ce qui m'a coûté deux secondes et la victoire, mais je ne vais trop me plaindre. Le sport est parfois ainsi et Checo n'a pas eu de chance à Djeddah. Dans ce sport, ça change d'un jour à l'autre." Après le meilleur samedi, Ferrari a proposé le pire dimanche.
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Pit stop Charles Leclerc, Getty Images

Crédit: Getty Images

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