Grand Prix de Monaco | L'aubaine pour Mercedes et Lewis Hamilton : les dessous de la Red Bull dévoilés à Monaco

Monaco offre chaque année des vues imprenables sur les monoplaces. Pas toutes, uniquement celles accidentées. Et encore, dans des circonstances bien particulières. Le week-end dernier, le grutage de la Mercedes de Lewis Hamilton, crashée en bas de Mirabeau lors des essais libres 3, et celui de la Red Bull de Sergio Pérez, chiffonnée contre le rail du virage n°1 en début de qualification, ont fait particulièrement réagir.

Les deux bolides étaient les plus grosses attractions du moment, pour des raisons différentes : la W14 allemande donnait à voir pour la première fois ses dessous dans sa version modifiée, et la RB19, reine du championnat, révélait son mystère, pour ceux qui ne l'auraient peut-être pas encore vue…

En mauvaises postures, loin d'un sifflet - une ouverture dans un mur de protection bordant la piste - les deux machines ont du être évacuées séances tenantes au bout d'un filin. Monaco a tellement élevé ses standards de sécurité qu'une minute voire moins est généralement suffisante pour faire disparaître une épave par les airs, et permettre à l'action de reprendre ses droits en piste.

Deux des neuf grues installées en des endroits stratégiques autour du dédale princier de 3,337 mètres ont donc parfaitement rempli leur rôle. Et satisfait la curiosité des connaisseurs. Rapidement, les commentaires n'ont pas tardé à se répandre dans le microcosme de la F1, et irriguer les plateformes digitales.

"Grâce à Pérez, l'ensemble de la F1 a vu le plancher fabuleux de la Red Bull, a réagi Ted Kravitz, journaliste de Sky Sports. Voyez par vous-même : c'est une merveille, une beauté. Surtout quand on le compare au plancher de la Mercedes et de la Ferrari, qu'on a aussi vu sur des grues." La SF23 de l'Espagnol a plus exactement été évacuée sur une plateforme de dépanneuse, ce qui a juste compliqué un peu le travail des indiscrets.

Et là, ce fut le choc selon notre confrère anglais. Les planchers de la Mercedes et de la Ferrari n'ont rien de commun avec ceux de la création d'Adrian Newey. "Ils ont l'air préhistoriques ! Même les cloison de guidage de l'air ont leurs propres ramifications sur la Red Bull !", s'est-il étonné, dans des propos repris par crash.net. "C'est tellement complexe, en trois dimensions ! Des éléments descendent, s'enroulent, il y a des pièces en forme de cercle où les vortex (tourbillon d'air) naissent à mi-distance au niveau du plancher... Et puis, ce qu'ils font avec la zone sous la crash box et la boîte de vitesses…". Les spécialistes apprécieront.

Pour Ted Kravitz, pas de doute : "Quand on regarde ces photos, qu'on les compare à la Mercedes et à la Ferrari, pas étonnant que la RB19 soit si bonne" Et d'ajouter, à propos de cet accident industriel : "Ils (Red Bull) vont détester ça, évidemment !"

Contrarié comme on l'imagine, Christian Horner a choisi de banaliser l'exceptionnel. "C'est très impoli de regarder les jupes des gens !, a tancé le directeur d'équipe de Milton Keynes. Cela a été un peu un spectacle pour toutes les équipes ce week-end. Tout le monde a été en l'air à un moment donné. Donc c'est pareil pour tout le monde." Sauf que pour Red Bull, c'est plus grave.

Mais, c'est vrai, l'espionnage est peut-être l'activité la plus pratiquée au sein du paddock. Dans la pit lane, plus précisément. Pas plus tard que jeudi, on a vu les photos des nouveaux pontons de la W14 inonder les réseaux sociaux. Les W14 étaient dans le garage, avec les nouvelles pièces visibles, et beaucoup sont venus plus ou moins discrètement au renseignement. "Chaque équipe emploie des photographes-espions pour prendre des photos des voitures lorsqu'elles sont en pièces détachées. C'est donc une pratique courante", a tenté de relativiser Christian Horner, qui ordonne régulièrement à ses mécaniciens de dissimuler l'arrière des bolides autrichiens.

"Avec ce règlement, la pièce la plus importante et celle qu'on n'est normalement pas censé voir, a reconnu Andrew Shovlin, le directeur des Opérations en piste de Mercedes. Les équipes font donc tout leur possible pour avoir ces photos. Et Monaco est une bonne opportunité pour s'en procurer."

Nulle doute qu'on s'est empressé de les décortiquer dès réception chez Mercedes, samedi, histoire de voir si les designers de Milton Keynes avaient apporté des raffinements pour l'épreuve monégasque. Lewis Hamilton s'y est même mis, confiant avoir pris lui-même des photos de son smartphone quand il a vu la RB19 en suspension.

L'étrange travail de "retro design" - le terme qui remplace le mot "copie" - va donc continuer. Et s'arranger avec le discours officiel selon lequel chacun fait ce qu'il peut, dans son coin.

"La Formule 1 est une méritocratie et ils [Red Bull] ont simplement fait du bon boulot. Leur voiture est bonne dans toutes les conditions, a redit Toto Wolff, le directeur de l'équipe allemande, dimanche soir. Nous devons juste faire un meilleur travail pour les rattraper, trouver des solutions intelligentes. J'espère que notre courbe d'apprentissage et de développement est plus élevée que la leur et qu'elle nous permettra de se battre pour gagner à nouveau."