Formule 2 | Isack Hadjar, "Petit Prost", grand talent de la filière Red Bull... et 3e pilote français en F1 ?
Mis à jour 29/11/2024 à 13:12 GMT+1
Isack Hadjar s'apprête à vivre des prochains jours agités et importants pour la suite de sa carrière. Le Français, chouchou de Helmut Marko, conseiller de Red Bull, dispute le titre de F2, antichambre de la F1. Être sacré ne lui garantirait rien. Mais puisque la situation de Sergio Pérez demeure problématique, le timing n'est peut-être pas si mauvais.
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Video credit: Eurosport
Qui sait ? D'ici quelques jours, la France comptera peut-être un deuxième champion de F2 - l'antichambre de la F1 - en deux ans. En 2023, il y avait eu Théo Pourchaire, boudé par la catégorie reine pour des raisons bien moins sportives que politiques. Le 7 décembre prochain, il pourrait y avoir Isack Hadjar si le Parisien parvient, au Qatar puis à Abou Dabi, à combler les 4,5 points qui le séparent de Gabriele Bortoleto, pilote brésilien dont la promotion chez Sauber est d'ores et déjà actée.
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Isack Hadjar (Campos) en Formule 2 lors du meeting d'Imola 2024
Crédit: Red Bull
Que l'issue soit favorable au pilote tricolore ou non, on se fait un peu moins de soucis pour lui que pour d'autres. Car il flotte, depuis bien longtemps, une atmosphère particulière autour de ce prodige de 20 ans. Question de talent, bien sûr. De personnalité, aussi.
"Quand on le découvre, il y a plusieurs choses marquantes chez lui, se souvient Éric Chappard, patron du karting de Moissy où Hadjar a fait ses premiers tours de roues. D'abord, on voit que c'est un gamin adorable, attachant et bien entouré. Ensuite, on se rend très vite compte qu'il est très actif. C'est un Zébulon, un électron libre. Et puis, sur la piste, on découvre que c'est un acharné. Il ne lâche jamais rien. Et je pense que c'est, encore aujourd'hui, quelque chose qui le démarque."
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Isack Hadjar (Red Bull) au Grand Prix de Grande-Bretagne 2024
Crédit: Getty Images
Un vrai personnage, un talent brut
Son parcours et ses performances au karting sont corrects sans être extraordinaires, au milieu de compétitions très denses. Mais le gamin dégage quelque chose de différent. "Il avait déjà une culture importante du sport automobile, rembobine le responsable. Il connaissait déjà beaucoup de choses pour son âge. Et puis, quand on l'écoute parler, on sent qu'il dégage à la fois beaucoup de sérénité et de maturité."
Son ascension est constante et encourageante. En 2019, il aborde la F4, catégorie de découverte de la monoplace. Sa première saison en championnat de France est bonne. La seconde encore meilleure. "La première fois qu'on l'a fait rouler, il sortait d'une saison où il avait terminé 4e ou 5e [3e en réalité, NDLR], dévoile dans notre podcast Les Fous du Volant Thibaut de Mérindol, grand dénicheur de talents. Rien de bien exceptionnel à ce moment-là. Mais je me souviendrai de ce test toute ma vie."
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Piastri, Ocon, Gasly, Hadjar... "Il y a des pilotes qui se révèlent immédiatement"
Video credit: Eurosport
Il raconte : "C'était à Estoril. Ce jour-là, il y avait aussi Victor Martins, qui était le pilote de référence à ce moment-là car il était champion en titre en Formula Renault Eurocup [avant sa fusion avec le championnat d'Europe de F3 régionale désormais appelé FRECA, NDLR]. Victor avait pris part à ce test-là pour établir des données de référence. Et dès la première matinée, Isack a affolé les compteurs. Il était aussi rapide, voire plus, que Victor. Il y a des pilotes qui font des démonstrations dès le premier coup de volant. C'est la sensation qu'on a eue avec Oscar Piastri par exemple. Isack, c'est aussi ce qu'il a fait."
A Monaco, Hadjar avait impressionné Marko
Thibaut de Mérindol s'empresse alors de le convaincre de signer au sein de sa structure R-ace GP pour y disputer la saison 2021 de FRECA. "Isack est un vrai personnage, un talent brut, insiste celui qui a vu émerger une bonne partie des meilleurs pilotes du monde. [...] On a fait cette saison ensemble, durant laquelle il a gagné Monaco, et qui lui a permis d'être détecté par Red Bull."
Alors qu'il n'a que 16 ans, Hadjar illumine la Principauté lors du troisième rendez-vous de la saison. Pole, victoire et meilleur tour lors de la première course. Deuxième place lors de la seconde. Tout le monde a vu. Y compris Helmut Marko, grand manitou de la filière jeunes chez Red Bull. "J'étais déjà rentré à mon hôtel lorsque mon manager de l'époque m'appelle pour me prévenir que Helmut Marko veut me voir, révélait Hadjar à L'Equipe il y a quelques mois. Et puis, j'ai traversé la ville pour aller à l'hôtel de Red Bull afin de le rencontrer. Lorsque je suis rentré, il discutait avec Christian Horner, Max Verstappen et Sergio Pérez."
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Verstappen aussi grand que Vettel et Prost ?
Video credit: Eurosport
Le Parisien s'engage avec la plus prestigieuse des académies de pilotes. Sa première saison en F3, l'année suivante, est une réussite (4e). Marko, pas franchement réputé pour chouchouter publiquement ses jeunes pousses, en fait déjà un candidat pour la F1 en 2024, si son passage dans l'antichambre en 2023 est une réussite. Ce ne sera finalement pas le cas mais la deuxième année est la bonne. Malgré un sacré lot de malchance cette saison, Hadjar a le titre à portée de volant.
Surnommé le "Petit Prost"
S'il est sacré, le pilote de 20 ans devra trouver un autre programme pour 2025, le règlement empêchant le champion de F2 de redoubler. Marko, qui en a fait son "Petit Prost", selon ses propres mots, n'a cessé de vanter ses qualités. L'été dernier, l'Autrichien estimait que le jeune Français avait "clairement le potentiel pour la F1". Il y a quelques semaines, il rappelait que son padawan était "plus rapide" que Franco Colapinto, dont le début d'intérim parmi l'élite a impressionné.
Un temps, la promotion de Liam Lawson chez Red Bull, en lieu et place d'un Sergio Pérez en perdition, a été l'option envisagée. Elle aurait permis de libérer une place, pour Hadjar, au sein de la couveuse Racing Bulls. Mais les performances moins consistantes du jeune Néo-zélandais, et surtout la manne financière apportée par les sponsors de Pérez, ont fini par figer les positions.
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Isack Hadjar aux côtés de Helmut Marko, en octobre 2024, à Austin
Crédit: Getty Images
Hadjar n'a donc pas d'autres choix que de se tenir prêt, et aura une petite occasion de se montrer, à Abou Dabi, en pilotant la monoplace de Max Verstappen lors de la première séance d'essais libres. L'opportunité est maigre mais les derniers mois ont démontré que les lignes pouvaient parfois bouger en cours de saison. "Il se passe beaucoup de choses chez Racing Bulls et Red Bull, tout peut arriver, a-t-il insisté lors d'une interview accordée à Motorsport.com. Et évidemment, je suis le prochain sur la liste. C'est juste un fait."
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