Renault avec Williams

L'histoire repasse-t-elle les plats ? On en jugera à partir de 2012. Lundi, cinq jours avant de courir à domicile, à Silverstone, Williams a officialisé un accord de motorisation "à long terme" avec Renault, à valoir dès l'an prochain avec le V8 atmosphérique, puis à partir de 2014 avec le V6 turbo selon une extension à confirmer. L'écurie basée à Grove et le motoriste installé à Viry-Châtillon reprendront ainsi le cours d'une association fructueuse ayant apporté à l'écurie britannique cinq titres mondiaux Constructeurs, quatre titres Pilotes et 63 victoires de 1989 à 1997.

"Nous sommes ravis et enthousiasmés par notre nouveau partenariat avec Renault. Notre relation précédente avec Renault a été l’une des plus réussies dans l’histoire de Williams", s'est félicité Frank Williams, fondateur de l'écurie qui utilise cette année un modeste Cosworth. "Mais nous ne voulons pas trop nous attarder sur le passé. Nous devons regarder vers l’avenir et continuer à reconstruire notre réputation sur la piste, ce en quoi cette annonce va nous aider, j’en suis certain", a-t-il poursuivi. "Il y a une grande fierté à faire revivre le nom de Williams-Renault", a déclaré Bernard Rey, président de la structure moteur. "Ensemble, nous avons produit des voitures de course reconnues pour leur innovation technique. Cela reste toujours la période la plus fructueuse de Renault en F1 à ce jour", a-t-il ajouté.

Néanmoins, la situation est différente de 1989, lorsque Renault - spécialiste reconnu du V6 turbo - était revenu en F1 avec un V10 atmosphérique comme motoriste exclusif de Williams. A l'époque, les moteurs étaient en développement libre et le Losange apportait un budget complémentaire, équivalent à un sponsor de premier plan. En 2012, Williams utilisera le V8 français au même titre "client" que Red Bull, Lotus et Renault, sans budget additionnel. Par ailleurs, Williams était dans les années 80 une écurie extrêmement puissante, plusieurs fois couronnée avec Cosworth puis Honda. Elle attirait les meilleurs pilotes du moment, tels Nigel Mansell, Nelson Piquet, Alain Prost, Ayrton Senna, Damon Hill et Jacques Villeneuve. Aujourd'hui, elle est à cent lieues de tout ça, obligé d'engager un pilote payant pour compenser une cascade de défections financières. Depuis la fin de son partenariat avec BMW, Williams n'a plus le même standing et il suffit de regarder les classements du championnat 2011 pour s'en convaincre : l'écurie figure au 9e rang avec 4 points, devant Lotus, HRT et Virgin qui n'ont pas marqué. Au Mondial Pilotes, Rubens Barrichello est 15e avec 4 points et Pastor Maldonado est 24e et avant dernier sans aucun point.

Et puis, le moteur n'a plus aujourd'hui le même impact sur la performance car sa définition technique est figée. Williams devra donc attendre 2014 et le retour au turbo pour bénéficier d'une technologie en évolution. Pour autant, Adam Parr pense que ce partenariat arrive au bon moment. "Bien sûr, changer de moteur nécessite un surcroît de travail, mais avec une règlementation relativement stable pour 2012 le changement nous donne une opportunité supplémentaire de développement", note le P-DG de WilliamsF1. En réalité, Williams est en train de tout changer, puisque l'Australien Sam Michael, qui dirige officiellement les travaux d'Ed Wood sur la future FW34, laissera la direction technique au Britannique Mike Coughlan en fin d'année. La semaine dernière elle a annoncé les recrutements de Jason Somerville comme responsable de l'aéro et de Mark Gillan comme ingénieur leader.

Restera alors à régler la question des pilotes. Si le Vénézuélien Pastor Maldonado, arrivé cette saison avec force sponsor, dispose d'un contrat à long terme, le vétéran brésilien Rubens Barrichello, 39 ans, paraît en fin de cycle. Et ses prestations clairement en déclin cette année ne lui garantissent rien pour la suite.