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Tendance lourde en F1: pourquoi le généraliste Renault laisse place à la marque (re)naissante Alpine

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 23/03/2021 à 19:42 GMT+1

FORMULE 1 2021 - Luca De Meo a surpris en retirant le Losange des circuits pour mettre en avant Alpine, une marque confidentielle et renaissance, mais à l'origine de l'aventure en F1 au milieu des années 70. En fait, le directeur général du groupe Renault a pris en considération le pedigree de ses adversaires en piste, qu'il veut aussi concurrencer dans les points de vente.

Les élégantes Aston Martin et Alpine, la surprenante Williams : les monoplaces de la saison 2021

Retour vers le passé, cap sur le futur. En éclipsant 43 ans d'histoire du nom Renault en Formule 1 pour repartir avec le palmarès vierge d'Alpine, le Losange opère un virage à 180° cette année. Pour suivre la tendance du paddock qui met l'accent sur les marques haut de gamme s'adressant à une clientèle plus restreinte, tout en faisant rêver le plus grand nombre.
La marque de Boulogne-Billancourt est entrée en Formule 1 en 1977, alors que le sport mettait en scène des équipes indépendantes à travers une rivalité entre Ferrari et les "garagistes" britanniques, comme aimait schématiser Enzo Ferrari. Dans ce décor qui paraissait immuable, Renault avait réalisé une percée technologique avec sa propre monoplace à V6 turbo, et Porsche et Honda s'étaient engouffrés dans la brèche avec plus de moyens pour décrocher des titres avec McLaren et Williams.
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Esteban Ocon (Alpine) - 2021

Crédit: Getty Images

Renault premier constructeur généraliste champion

Renault avait connu une deuxième vie en Grand Prix à partir de 1989, en dominant le peloton grâce à son V10 et ses partenaires Williams et Benetton, champions du monde six ans de suite. Une réussite totale tout autant qu'un aboutissement, car la seule progression possible était de gagner en son nom propre. Mais dans ces années 2000, quelque chose avait changé : la F1 était devenue le terrain de chasse des mastodontes de l'industrie automobile mondiale. Mercedes avec McLaren, Ford à travers Jaguar, Toyota, BMW, Honda, s'y bousculaient dans une course à l'armement à laquelle Renault n'avait pas cédé. A raison. Avec des moyens rationalisés, le Losange avait mis fin à l'hégémonie de Ferrari chez les pilotes comme chez les constructeurs.
Ces doublés de 2005 et 2006 signés avec Fernando Alonso avaient créé un précédent : Renault était devenu le premier constructeur généraliste champion du monde de Formule 1. Un exploit que ni Toyota ni aucune autre marque "grand public" n'est parvenue à reproduire depuis. La fin d'un modèle en Formule 1 ? Par la force des choses oui, car la crise des subprimes a provoqué le retrait de tous ces acteurs, excepté Renault et Mercedes, qui a fait de la discipline une plateforme imbattable de la promotion de son savoir-faire.

Aux origines il y avait Alpine

Ces dernières années, VW a démenti régulièrement son intérêt pour la Formule 1, laissant Renault seul représentant du secteur des grands de l'industrie. Alors, pourquoi persister face à aucun rival de son rang ? En débarquant à la tête de l'entreprise, en 2020, Luca de Meo n'a pas mis longtemps à trancher le dilemme, persuadé qu'une marque premium avait plus à profiter de l'image de la Formule 1 et ses passerelles technologiques. Suivant l'exemple de Ferrari depuis toujours, McLaren depuis 2013 avec sa P1 et la lignée de GT qui a suivi, et désormais Aston Martin qui a fait appel à Daniel Craig pour rappeler que James Bond ne roulait pas avec n'importe quelle voiture.
Luca de Meo n'a pas eu à chercher longtemps le blason idéal. A l'origine de l'engagement Renault en F1 en 1977, vainqueur du premier rallye de l'histoire du Championnat du monde en 1973, titrée en 1973, reine des 24 Heures du Mans en 1978, Alpine était le prequel qui avait tout dans son histoire et ses gênes pour cocher la case F1. Et raviver la passion chez les nombreux fans qui avaient été ravis de revoir une Alpine, l'A110, sortir de l'usine Dieppe en 2017. Vingt-deux ans après la dernière A610.
"C'est une véritable joie de voir le nom puissant et vibrant d'Alpine sur une Formule 1, a déclaré Luca De Meo, directeur général du groupe Renault, le jour de la présentation de l'A541 de Fernando Alonso et Esteban Ocon, le 2 mars. De nouvelles couleurs, un nouvel encadrement, des projets ambitieux : il s'agit d'un nouveau départ, basé sur quarante ans d'histoire."

"Le nom de Groupe Renault était bien, mais..."

Fini le jaune de Renault, place au célèbre bleu métallisé sur la monoplace de Grand Prix, agrémenté de rouge et de blanc. Là où Renault s'éparpillait dans une image mondialiste, à la recherche de notoriété dans les marchés émergents, Alpine fait chemin inverse en s'adressant à ses clients select, en revendiquant ses couleurs françaises à l'instar de Ferrari son rouge italien, ou Aston Martin son vert britannique caractéristique. Très naturellement, la machine de Grand Prix s'appelle A541. En cela, elle établit un lien avec le prototype qui avait servi en 1975 de laboratoire à la première Renault F1. Sans oublier le clin d'œil d'Alpine à son créateur lors de la présentation de l'équipe ; une A541 sous fond de pics enneigés. Jean Rédélé aimait les Alpes.
"Alpine est connu pour ses victoires en rallye, aux 24 Heures du Mans, c'est une marque sportive. Les spécialistes ne doutent pas, a insisté Laurent Rossi, le nouveau directeur de la marque, pendant cette grand-messe médiatique. Le nom de la monoplace de Formule 1 de cette année, la A541, fait référence directement à la A500. Et puis, si on regarde autour de nous, la plupart des équipes sont d'authentiques marques sportives. De ce point de vue, Alpine l'est aujourd'hui avec l'A110. Le nom de Groupe Renault était bien, mais cette année le nom Alpine est encore plus légitime dans le monde de la Formule 1 moderne."
Laurent Rossi (Alpine) à Sakhir le 11 mars 2021

Des réseaux sociaux au réseau de vente

Sur les réseaux sociaux, les fans de F1 n'ont pas tardé à plébisciter la robe de l'A541. Mais si la marque est déjà un vecteur d'émotions, les hommes qui vont présider à son destin en compétition n'oublient pas l'objectif d'en faire une marque reconnue au milieu de ses concurrentes, et un succès commercial.
"La F1 offre une formidable plateforme marketing avec un demi-milliard de fans dans le monde. Cela nous donne une opportunité unique de construire une image de marque créant de la valeur autour d'Alpine, a ajouté Laurent Rossi. La F1 est incroyablement importante au développement de la marque. A partir de là, on va continuer à croitre le réseau Alpine en lui-même, puis délivrer de nouveaux modèles à moyen terme."
L'histoire chaotique d'Alpine a repris en 2017 avec des moyens sans précédents mais l'A110 reste un véritable pari car ses ventes ne sont pas encore au niveau espéré. L'A541 est là pour l'aider en ouvrant la voie du succès sur les pistes.
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