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L'Euro 2018, un coup d'accélérateur pour la pratique du futsal en France ?

ParAFP

Publié 30/01/2018 à 00:05 GMT+1

EURO 2018 - Discipline incontournable en Amérique latine ou en Espagne, le futsal tarde à exploser en France. Mais dans le sillage de sa sélection, qui va disputer le premier Euro de son histoire, la Fédération française espère donner un coup d'accélérateur à une pratique encore méconnue du grand public.

Pelayo Gomez (Cannes)

Crédit: Getty Images

"Honnêtement, on n'a jamais vu autant de caméras de notre vie !", se réjouit Abdessamad Mohammed, l'un des héros de l'équipe de France, première nation amateure à avoir réussi à se qualifier pour l'Euro (30 janvier-10 février en Slovénie) au terme d'une odyssée de 7 matches. Et pour cause, contrairement au Brésil, à la péninsule ibérique ou aux pays d'Europe de l'Est, qui sont entrés dans l'ère du professionnalisme depuis l'après-guerre, la discipline souffre d'un manque d'exposition en France.
"On est partis de très loin", confie à l'AFP Pierre Jacky, sélectionneur de l'équipe de France depuis 2004, cinq ans avant la création du championnat national de futsal. "Au début, nous n'avions pas de championnat donc on faisait une équipe de France avec des joueurs de foot (traditionnel), complétée avec des 'futsaleurs' de la Ligue du nord qui jouaient à l'époque en Belgique", se remémore-t-il.
Entretemps, l'explosion du foot à cinq -- discipline qui n'a rien à voir avec le futsal malgré de nombreux points communs -- n'a pas arrangé les choses. "C'est vrai qu'aux yeux du grand public ou quand t'en parles autour de toi, il y a une certaine confusion", souligne l'international Sid-Ahmed Belhaj.
Débrouillardise
Et pourtant, le futsal est loin d'être une discipline confidentielle. Si la FFF recense environ 27.388 licenciés "spécifiques" pour la saison 2016/2017, elle estime "à plus de 200.000" le nombre de pratiquants qui jouent au futsal en plus du foot à 11, notamment lors de mini-tournois en hiver. Dans le scolaire, il s'agit même du 2e sport le plus pratiqué avec plus de 150.000 "futsaleurs" garçons inscrits à l'UNSS. Un "chiffre en progression de 20% chaque année" selon Pierre Jacky, qui attend de l'Euro "plutôt un engouement décuplé, parce qu'il existe déjà".
Reste que pour les joueurs de haut niveau, il est quasiment impossible de vivre du futsal dans l'Hexagone. Hormis l'exception Kevin Ramirez, tous les joueurs de l'équipe de France sont obligés de travailler à côté de leur passion. "C'est la débrouillardise ! Pour aller aux rassemblements des Bleus, c'est au bon vouloir des collègues. On s'échange nos services pour que je puisse finir à l'heure et arriver à l'entraînement dans les temps", explique Abdessamad Mohammed, 27 ans et chauffeur de bus à la RATP.
"C'est assez compliqué malgré tout parce qu'il y a beaucoup de fatigue due au travail, pas mal de stress aussi. Si j'étais professionnel, à titre personnel, je me développerais beaucoup plus en tant que joueur", ajoute-t-il, en citant par exemple l'impossibilité d'assurer une bonne alimentation, "faute de temps".

Le modèle du foot féminin

Pour rattraper le retard sur les nations majeures et hisser la discipline vers le professionnalisme, le président de la Fédération Noël Le Graët a récemment lancé un plan de développement, un peu calqué sur le modèle du foot féminin. Outre la réhabilitation de plusieurs terrains laissés à l'abandon et "la structuration" progressive des clubs de l'élite, la "3F" envisage la création "d'un pôle espoir" dès l'année prochaine. "On va regrouper au sein d'un lycée en France une vingtaine de gamins. On peut penser que cette classe d'âge de 16-18 ans va dans 10 ans permettre à la France de rivaliser avec les meilleures équipes en Europe et dans le monde", espère Pierre Jacky.
Avant d'en arriver là, certains internationaux aimeraient bénéficier dès à présent de "contrats fédéraux", à l'image de ce que font certains clubs de National, pour pouvoir se consacrer pleinement à leur carrière. Mais comment financer un tel projet ? Si la "force financière de la FFF" parait suffisante selon Pierre Jacky, "il y a fort à parier que si le futsal, au niveau de son élite -- sélection et clubs de première division -- arrive à s'affirmer, il y aura peut-être un financement propre" qui s'opère avec des "chaînes de TV qui peuvent se mettre sur cette niche". Le pari est lancé.
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