Amundi Evian Championship - Tout ce qu’il faut savoir sur Céline Boutier, l’étoile du golf français

Ne cherchez pas plus loin l’exploit sportif français de ce dimanche. Au terme d'un week-end de rêve, Céline Boutier s’est imposée lors de l’Amundi Evian Championship, qui est l’un des cinq tournois majeurs du circuit féminin. Aucune de ses compatriotes n’avait accompli pareille performance depuis Patricia Meunier-Lebouc, il y a vingt ans. Cela en dit long sur la prouesse de la Francilienne, d’un naturel discret mais qui mériterait d’être davantage connue du grand public.

Née en région parisienne, Céline Boutier commence à manier le putt dès l’âge de six ans. Elle est alors formée par son père, au parcours hors du commun. Originaire de Thaïlande, Christophe Boutier débarque en France à 28 ans. Il est d’abord mécano puis patron de son garage à Montrouge, et se tourne vers le golf sur le tard, à 45 ans. Une fois ses diplômes d’enseignant en poche, Christophe emmène ses enfants sur les greens. Un terrain sur lequel Céline fait preuve d’une abnégation sans faille.

"Je sentais que Céline allait y arriver parce que, même par -3°C, elle était la seule enfant, s'est remémoré le paternel dans un entretien à L’Équipe, en 2019. Il pleuvait, elle continuait. Elle était mouillée, elle disait : 'Ce n’est pas grave.' Pourtant, elle a souffert avec moi." La jeune fille passe ainsi d’innombrables heures à taper dans la petite balle blanche, au Paris Country Club comme dans le jardin familial. Son père ne l’entraîne plus depuis plusieurs années, mais continue à la suivre de près, en particulier sur les tournois européens.

Partout où elle passe, Céline Boutier impressionne par son abnégation et sa détermination. "C’est une énorme bosseuse", a révélé Maïtena Alsuguren, DTN adjointe de la FFGolf, au Parisien en 2019. "Céline, c’est un peu l’élève modèle qui a son Bac avec mention, sort major d’une grande école et se lance dans le business, poursuit-elle. Tu te dis qu’elle a des chances de faire quelque chose de remarquable."

Grosse dormeuse (elle reconnaît avoir besoin de ses 10 heures de sommeil par nuit), passionnée par le design d’intérieur, la golfeuse de 29 ans, méticuleuse et exigeante, ne néglige aucun détail dans sa quête de performance. Et si les projecteurs ne sont pas braqués sur elle, ce n’est pas pour lui déplaire. "Elle est assez timide et réservée. Elle n’extériorise pas", a précisé Karine Mathiot, son ancienne entraîneure, toujours dans les colonnes du Parisien.

Après avoir passé une année au Creps de Toulouse, Boutier fait le grand saut en 2012 : elle quitte la France pour rejoindre la prestigieuse université de Duke, aux États-Unis. Ce départ de l’autre côté de l’Atlantique est censé lui permettre de franchir un cap supplémentaire dans sa progression et de devenir, à terme, joueuse professionnelle. Un statut qu’elle obtient en 2016.

Depuis, celle qui a été numéro 1 mondiale amateur (en 2014) s’est installée au Texas, où entraîne son coach Cameron McCormick, également mentor de Jordan Spieth. Idéal pour enchaîner les tournois et engranger des points sur le circuit LPGA, d’un niveau significativement supérieur au circuit européen. En revanche, il en faudra plus pour lui faire oublier son pays natal. "Les États-Unis, c’est bien pour le sport, pour le golf. Mais je suis un peu seule et loin de mes parents. Mon vrai 'chez moi', c’est encore la France", a avoué l’intéressée à Madame Figaro.

Cet exil porte ses fruits, puisque Céline Boutier compte déjà quatre titres LPGA à son palmarès en comptant l’Evian Championship, ce qui fait d’être la golfeuse française la plus titrée de l’histoire. En ajoutant à cela deux victoires en Soldheim Cup avec l’équipe européenne (2019 et 2021), on obtient une très jolie carte de visite pour celle qui pointe désormais, à l’issue de son succès haut-savoyard, à la 13e place mondiale.

Consacrée devant un public acquis à sa cause, Boutier aura sans doute envie de revivre des émotions similaires dans un an environ, lors du tournoi de golf des Jeux Olympiques. Celui-ci se déroulera à Saint-Quentin-en-Yvelines, sur un parcours qui ne lui est pas inconnu. "Je connais par cœur le Golf National, j'ai un peu grandi là-bas lors de mes années avec la Fédération française de golf, j'ai hâte d'y être. Je me sens prête à mieux gérer la pression du public français", a-t-elle assuré ce dimanche. Une chose est sûre : si la belle histoire se concrétise, il lui sera impossible de passer inaperçue.