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France – Allemagne, cette (re)découverte

Laurent Vergne

Mis à jour 19/08/2016 à 17:34 GMT+2

JO RIO 2016 – Une affiche de rêve. La France, tenante des titres olympique et mondial, reçoit vendredi la réplique de l'Allemagne, victorieuse de l'Euro 2016 en janvier. Les Experts, bien ancrés au sommet, vont devoir se méfier de cette jeune Mannschaft. Deux équipes qui doivent se redécouvrir, après plusieurs années sans véritable combat au plus haut niveau.

France - Allemagne : Le champion olympique contre le champion d'Europe

Crédit: AFP

Privilège d'avoir disputé leur quart de finale dès 10 heures du matin, les Bleus ont pu, après avoir ramené la fougue brésilienne à la raison, regarder tranquillement sur le canapé l'opposition entre l'Allemagne et le Qatar, dont le vainqueur leur était promis en demi-finale. A la sortie de France-Brésil, la question a évidemment été posée à Claude Onesta et à ses hommes : vers qui allait leur préférence. "Je n'espére rien du tout. Parce que ça n'a aucun intérêt et aucun effet", a eu vite fait de trancher Claude Onesta. Nikola Karabatic a formulé exactement la même pensée, mais avec d'autres mots : "Honnêtement, on s'en fout. On prend ce qui nous tombe dessus."
C'est donc l'Allemagne qui va leur "tomber dessus" vendredi (à 20h30). Les Experts avaient en fait le "choix" entre une connaissance récurrente du moment, le Qatar, qu'ils ont vaincu en finale du Mondial 2015 (25-23) mais aussi ici, à Rio, lors du premier tour (35-20), et une Allemagne jadis rival privilégié mais que le destin avait éloigné d'eux depuis un petit moment. Au fond, justement parce qu'ils leur ont collé une volée la semaine dernière, ce n'est peut-être pas plus mal d'éviter des retrouvailles avec les Qataris.
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Didier Dinart, Nikolas Karabatic, Claude Onesta.

Crédit: Panoramic

Les Allemands, il va falloir qu'on les étudie parce qu'il y a longtemps qu'on ne les a pas joués

"Si c'est le Qatar, nous avait soufflé le sélectionneur après la victoire contre le Brésil mais avant de connaître son adversaire en demie, vos articles seront déjà écrits. Du côté des spectateurs, tout le monde sera déjà en train de réserver pour la finale et il n'y aura que 15 couillons qui devront essayer de déjouer les plans de tous les autres." Finalement, les couillons n'auront pas à éviter de tomber dans ce panneau-là, d'ailleurs un peu trop gros pour eux. Ce sera donc l'Allemagne. Le champion d'Europe en titre, sacré au mois de janvier, contre le champion du monde et olympique sortant. Difficile de faire plus clinquant.
Les deux voisins, si régulièrement au sommet, pourraient se connaître par cœur, mais c'est tout le contraire. Des deux côtés, cette demi-finale aura le parfum excitant, mais dangereux, de la redécouverte. "Avec l'Allemagne, l'histoire est vieille", souligne l’arrière droit Antoine Dipanda qui, pour le coup, ne l'a pas vécue. "Les Allemands, il va falloir qu'on les étudie parce qu'il y a longtemps qu'on ne les a pas joués", commente Claude Onesta. Les deux équipes ont certes croisé le fer lors des Championnats du monde 2013 et 2011, mais uniquement dans les phases de poules et on sent bien, dans les commentaires de chacun, que cela ne compte pas vraiment.

Omeyer : "La défaite de 2007 avait fait très mal mais on avait su s'en servir"

Pour trouver autre chose qu'une rencontre de poules, il faut remonter à l'Euro 2008, et au match pour la troisième place, remporté par les Français. Mais là encore, rien de très significatif. Une médaille de bronze à l'Euro, ce n'est pas le bronze aux J.O. L'enjeu était relativement limité. Non, la vraie dernière référence, c'est cette fameuse demi-finale du Mondial 2007, que l'Allemagne, chez elle, à Cologne, avait enlevé après prolongation (32-31) via une fin de match houleuse. Dans la foulée, la Mannschaft avait été sacrée. Son dernier titre avant l'Euro 2016.
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Thierry Omeyer - Handball France JO Rio 2016

Crédit: Panoramic

C'était juste avant que les Experts ne remettent la main sur le hand mondial, avec une autorité encore jamais vue. Thierry Omeyer n'a pas oublié la demie de Cologne. "Elle avait fait très mal, se souvient le gardien bientôt quadra, mais on avait su s'en servir pour se remobiliser et aller gagner de nouveaux titres." Elle était venue après le non moins mémorable quart de finale du Mondial 2001 à Albertville remporté par les Bleus (ah, l'égalisation de Jackson Richardson pour arracher la prolongation...) et la demie du Mondial 2003, arrachée par l'Allemagne.
Puis, le grand classique du début des années 2000 a disparu de la circulation. La faute, surtout, aux Allemands, qui n'ont plus été en mesure de suivre le rythme infernal des Français. De leur titre mondial en 2007 à la victoire du dernier Euro, s'étaient écoulées neuf années sans le moindre podium international. A l'évidence, côté tricolore en tout cas, on ne fera pas de ces fameuses joutes passées un argument de vente pour motiver les joueurs. "Les histoires anciennes n'appartiennent qu'au passé, souligne Claude Onesta. Très peu de joueurs, et chez eux, pratiquement personne je pense, n'y était. Nous, on devra être dans l'analyse, pas dans la référence au passé."

Amener les Allemands à se confronter à leur fragilité

L'analyse incite, à l'évidence, à la prudence. L'Allemagne a tout pour prendre la relève de la France au sommet. Reste à savoir quand. "Nous, on veut rester au sommet, les Allemands ont envie de nous en déloger", résume Luc Abalo. "C'est une équipe très jeune avec beaucoup de qualités, il suffit d'avoir vu l'Euro pour voir la qualité de jeu qu'ils sont capables de produire", concède quant à lui le sélectionneur, méfiant et respectueux.
Dans le sillage de sa star, l'ailier gauche Uwe Gensheimer (30 ans), pourtant absent à l'Euro, l'Allemagne regorge effectivement de talents à tous les postes, avec son gardien Andreas Wolff (25 ans), les pivots Patrick Wiencek (27) et Hendrik Pekeler (25), les arrières Steffen Weinhold (30), Finn Lemke (24) et Kai Häfner (27), l'ailier droit Tobias Reichmann (28) ou encore la dernière pépite, le dynamiteur Paul Drux (21 ans!).
Mais si l'Allemagne, sacrée championne d'Europe sans certains de ses leaders et avec une équipe à 24 ans de moyenne d'âge, lance bien un défi aux Experts, Onesta, malicieux, prévient aussi l'insolent challenger. "C'est aussi une équipe jeune qui a une forme de fragilité, estime-t-il. Donc il faudra les amener à cette fragilité et peut-être petit à petit détruire et consommer la confiance qu'ils sont capables d'avoir. S'ils sont en difficulté, s'ils sont en crise, il va falloir qu'il nous montre qu'ils sont capables de jouer avec autant de talent et d'efficacité." Vraiment, ces retrouvailles promettent...
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