Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Jeux Paralympiques - Basket-fauteuil : Nilofar Bayat, l'athlète afghane qui hait les Talibans

Paolo Pegoraro

Publié 20/08/2021 à 21:51 GMT+2

TOKYO 2021 - Nilofar Bayat est capitaine de la sélection afghane féminine de basket-ball en fauteuil roulant. Elle milite aussi pour les droits des femmes. Dans l'Afghanistan d'aujourd'hui, elle craint sérieusement pour sa sécurité. "Les talibans me tueraient s'ils me trouvaient, ils n'aiment pas les femmes comme moi", a-t-elle déclaré aux médias espagnols.

Nilofar Bayat

Crédit: Getty Images

La couverture de Marca de mardi dernier - avec la photo d'une fille afghane en plein dribble agrémentée du titre "Que vont-elles devenir ?" qui symbolise les préoccupations quant à l'avenir des femmes de ce pays - lui a volé la vedette, mais son histoire résonne peut-être encore plus avec le moment historique que nous vivons.
Nilofar Bayat est la capitaine de sélection féminine afghane de basket-ball en fauteuil roulant : elle a tenté, sans succès, de qualifier son équipe pour les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020, butant sur l'Australie et la Chine dans le tournoi pré-olympique de la zone asiatique. Mais même si elle avait validé son billet pour Tokyo, elle n'aurait de toute façon pas pu s'y rendre : à cause de la prise du pouvoir par les talibans, l'Afghanistan ne participera pas au plus grand événement handisport mondial. Avocate estimée de 28 ans, Nilofar Bayat est par ailleurs très sensible aux droits des femmes. Son signe distinctif ? Une haine viscérale des talibans.
"Les talibans ont leurs propres lois et ne permettent pas aux femmes d'aller à l'école ou à l'université, de travailler ou même de faire du sport", a-t-elle déclaré au Mundo depuis son domicile de Kaboul, où elle vit avec ses parents et ses frères et sœurs. Ce sont ces mêmes talibans qui ont bouleversé sa vie alors que Nilofar n'avait que deux ans : une roquette lancée contre sa maison a tué l'un de ses frères, a blessé son père et l'a condamnée à passer le reste de sa vie en fauteuil roulant, sa colonne vertébrale ayant été touchée.
Malgré tout, Nilofar a réussi à exceller dans le sport, et durant le mandat du président Hamid Karzaï soutenu par les Etats-Unis d'Amérique, elle est allée au bout de ses études de droit : un scénario qui relève de l'utopie dans l'Afghanistan d'aujourd'hui. Maintenant que les troupes américaines se sont retirées, rendant le pays aux "barbus", tout le monde redoute un retour à l'obscurantisme moyenâgeux d'il y a 20 ans.
Surtout Nilofar en raison de ses prises de position : "Personne en Afghanistan n'a d'avenir. Je ne suis pas en sécurité ici, les talibans me tueront s'ils me trouvent, car j'ai parlé et travaillé pour les Afghans et leurs droits. A chaque coin de rue de Kaboul, il y a un poste de contrôle. Je ne peux même pas sortir travailler."
Les talibans n'aiment pas les femmes comme moi
Alors qu'elle a été contrainte de troquer son hijab pour la burqa, mais toujours réfugiée chez elle, elle se prépare à fuir un pays où il n'a suffi que de quelques jours pour qu'elle se sente en grand danger, craignant même pour sa vie. "Les talibans n'aiment pas les femmes comme moi", résume-t-elle sans la moindre hésitation aux médias espagnols.
picture

Nilofar Bayat et l'équipe de basket-fauteuil féminine d'Afghanistan à Bangkok en 2018

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité