Un an après la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques 2024 - Que devient Tony Estanguet ?

"Le plus difficile quand on s’aime, c’est de se dire au revoir." Ce 11 août 2024, Tony Estanguet tire le rideau. Il ne pleut plus. Le Stade de France est plein comme un œuf, des milliards de téléspectateurs à travers le monde saluent une dernière fois celui qui incarne la réussite des Jeux Olympiques parisiens. Un an plus tard, que devient celui qui fut l’architecte de la plus belle fête du siècle ?

Après le succès fou des JOP 2024, Estanguet aurait pu surfer sur la vague mais il a éconduit le ballet des courtisans. Sans doute avec ce sourire cajoleur devenu sa marque de fabrique. Passé la tempête de l’avant et le tourbillon du pendant, il a bien fallu gérer l’après. Moins enivrant, peut-être, plus reposant sans doute. Alors comment a-t-il rythmé ces douze mois ?

Ses réseaux sociaux donnent peu d’indices et l’aridité de ses post depuis la fin de la grand-messe donne une idée de la trajectoire qu’il a choisie. Estanguet s’était promis de souffler, promesse tenue. Sa mission s’est officiellement achevée à la fin de l’année 2024 jusqu’à la clôture des comptes même s’il est resté mobilisé en coulisses pour tenir les cordons de la Bourse jusqu’en juin dernier. Et quand la Cour des comptes a dévoilé son ardoise à elle, bien loin des résultats du Cojo, Estanguet est sorti de sa tanière pour montrer les dents. Jusqu’au bout, Estanguet a voulu que Paris 2024 soit une réussite et il en reste le meilleur VRP.

Mais depuis janvier, il s’en est, par la force des choses, éloigné. Après des années à sacrifier sa vie de famille, même si lui préfère le mot engagement important, il lui a fallu rattraper le temps perdu auprès de ses trois fils de 18, 13 et 11 ans. Cet été, le triple champion olympique de canoë-kayak passe beaucoup de temps sur les bassins avec ses deux grands, Titouan (triple médaillé aux Mondiaux juniors) et Gabin, qui ont pris le virus. Ces dernières années, l’équilibre familial a "explosé", selon ses propres mots, quand les séjours palois de Tony, pris par ses nouvelles obligations à Paris, se faisaient de plus en plus courts et de plus en plus rares.

C’est pour retrouver les siens qu’il a repoussé la myriade de sollicitations post-JO alors qu’il aurait pu capitaliser et monétiser une image immaculée. Des grands groupes du CAC 40, des politiques, des acteurs du sport, des associations, des ONG sont venues toquer à sa porte. Il aurait pu rebondir très haut, très vite.

Tout le monde voulait Estanguet et, avec lui, son petit bout des JO. Aujourd’hui encore, les sollicitations restent nombreuses. Des plus ubuesques (organisation d’une pêche aux canards géantes sur une rivière) à plus sérieuse : devenir ministre des Sports. Mais pour lui, ce n’était pas le moment. Il a refusé, aussi, la direction du comité d’organisation des JO d’hiver 2030.

Mais il sait mieux aujourd’hui qu’hier de quoi sera fait demain. L’idée s’affine. En septembre dernier, un sondage Odoxa l’imposait comme la personnalité préférée des Français dans la course à la présidentielle 2027 avec 41% d’adhésion devant Edouard Philippe ou Marine Le Pen.

A priori, il ne sera récupéré par aucun parti. Les municipales, les présidentielles, il regardera ça de loin malgré les pressions politiques avec lesquelles il jongle depuis des années. Estanguet serait un parfait allié à avoir dans son camp. Mais lui veut continuer à servir le sport. Voilà pourquoi il est redevenu membre individuel du CIO et figure, fort logiquement, dans la commission de coordination de Los Angeles 2028. En juin, il a fait le voyage jusqu’à la Cité des Anges pour partager son expérience et devrait être impliqué dans plusieurs commissions stratégiques.

Une mission qui ne remplira pas complètement l’agenda de cet hyperactif qui doit s’engager dans un nouveau projet d’envergure à la rentrée ou, au plus tard, à l’automne. Toujours autour du sport même dont les contours restent encore à définir. Humble mais ambitieux, il reste un leader né qui ne peut pas, non plus, rester trop longtemps loin de l’agitation. En attendant, il profite de l’ombre pour rédiger un livre à paraître à l’automne pour raconter les coulisses de Paris 2024 et clore un chapitre de sa vie. Il lui aura fallu un peu plus d’un an pour boucler la boucle.