La der de Jossinet

Certains font encore l'erreur. Non, Frédérique Jossinet n'a jamais été championne du monde en individuel, ni même championne olympique. Du haut de ses 35 ans, la doyenne de l'équipe de France n'en veut pas à ceux qui pensent que son palmarès est plus fourni que l'on ne le croit. Entre vice-championne ou championne tout court, certains lui glissent amicalement que cela ne fait pas beaucoup de différence. Pour elle, c'est tout de même une autre histoire. Avec quatre médailles mondiales, une olympique et neuf européennes, les distinctions ne manquent pas. Championnes d'Europe à trois reprises (2001, 2002, 2009) et de France quatre fois, Jossinet se laisse encore le temps de se parer du plus beau métal au niveau mondial pour ses deux dernières saisons.

C'est donc pour elle-même que la licenciée du club d'Orléans tentera ce mardi de remporter l'un des titres qui lui manque le plus, celui de championne du monde, avant de parler de l'or olympique qu'elle visera l'année prochaine. "Il me reste un an, je vais me donner à 400%", annonce la judokate des -48kg qui entend terminer sa carrière aux Jeux de Londres. Les J.O. comme les Mondiaux ont généré beaucoup de frustration. Seule médaillée en judo des jeux d'Athènes en 2004, elle a du se contenter de l'argent face à Ryoko Tani (ex-Tamura), véritable phénomène du Pays du Soleil Levant, multiple championne du monde et olympique et principal obstacle à son envol. Aux Mondiaux 2003 et 2005, le métal sera le même pour Jossinet battue par cette même Japonaise, puis par la Cubaine Yanet Bermoy.

Avec encore du bronze en 2007 et 2009, on se dit qu'elle a laissé passer sa chance de monter sur la plus haute marche du podium. Et qu'elle n'a pas eu de chance d'avoir combattu au même moment que Tani, aujourd'hui retraitée. Pas pour elle. "Non, je ne suis pas aigrie, a-t-elle confié au Figaro. Je suis fière. Je fais aussi partie de son histoire. Des mangas existent sur elle, et je suis dedans. Elle m'a fait me dépasser au quotidien. Si demain c'était à refaire, je signerais et à la même place."

L'expérience et la sérénité dont elle fait preuve un peu plus à bientôt 36 ans sont autant d'atouts qu'elle voudra mettre en avant pour tenter de décrocher l'indécrochable. "J’ai connu trois statuts. Arrivée en équipe de France à 18 ans, j’étais le bébé de l’équipe. Après, on m’a désigné leader de l’équipe et, aujourd’hui, j’en suis la doyenne, explique-t-elle dans le Républicain Lorrain. Ça ne me dérange pas. Je ne me sens pas investie de responsabilités mais je tiens plutôt le rôle de la fille auprès de qui les jeunes se rassurent."

Médaillée de bronze aux derniers championnats d'Europe à Istanbul en avril dernier, en compagnie de Laëtitia Payet, présente elle aussi à Paris-Bercy, Jossinet a décroché sa neuvième et dernière médaille européenne en date. Et ce, quelques mois après avoir obtenu son 6e Dan, grade supérieur après celui des ceintures noires. "Moi, j’ai gagné le tournoi de Paris à Bercy ainsi que mon premier championnat d’Europe. J’attendais certainement un championnat du monde à Bercy pour gagner le titre".