Après l'UFC Paris, quel adversaire pour Ciryl Gane chez les poids lourds ?

Un cours de maître. Voilà la traduction littérale du terme "masterclass". C'est peu ou prou ce qu'a livré Ciryl Gane lors de l'UFC Paris samedi soir, à Bercy, face à Serguey Spivak. Après ses défaites lors des combats pour la ceinture des poids lourds contre Francis Ngannou et Jon Jones, le natif de La Roche-sur-Yon avait essuyé une pluie de critiques sur sa lutte et ses aptitudes dans le combat au sol. Contre Spivak, il a montré que ses déplacements, anormalement aériens pour un homme de 113 kilos, pouvaient suffire, contre des adversaires de ce calibre, à se mettre hors de danger car hors de portée. Comment le mettre au sol si on ne parvient pas à lui mettre le grappin dessus ? Au moins sans prendre une mandale au passage.

Alors certes, Spivak n'était pas au niveau. L'arrêt de l'arbitre dans le deuxième round, forcé par le Moldave qui ne se défendait plus, l'a prouvé. Gane n'a pas été vraiment testé dans les domaines qui ont été identifiés comme ses faiblesses. Toujours est-il qu'il a livré un sans faute, avec un T.K-O (technical knock-out, une victoire par arrêt de l'arbitre), à domicile, face à un nom montant de la catégorie des lourds. Le tout, devant les yeux réjouis des 15.000 amateurs de castagne de l'Accor Arena… et de Tom Aspinall.

Ce dernier est la nouvelle coqueluche des plus de 93 kilos. Pendant un moment, on a pensé qu'il monterait dans la cage pour défier Gane, au moins du regard. Car l'Anglais ne rêve que d'une chose : étaler le Français et obtenir sa chance pour la ceinture. Finalement, il s'est contenté de le toiser depuis les premiers rangs. Au micro de Michael Bisping, immédiatement après sa victoire, Ciryl Gane a préféré tempérer les ardeurs d'Aspinall : "Il a le droit de le demander (...). Moi aujourd'hui je veux aller de l'avant. J'ai échoué à la ceinture, je veux retourner à la ceinture. J'ai prouvé ce soir que j'étais prêt".

Avant de réctifier en conférence de presse, un peu plus tard : "Je n'ai pas refusé Aspinall, ce n'est pas exactement ça. Mon chemin le plus court vers une ceinture ce n'est pas Aspinall. Mais s'ils (l'UFC) me proposent un combat pour la ceinture face à lui, j'accepte. Ce que je veux, c'est la ceinture". Pourtant, pas certain que ce scénario soit celui envisagé par les pontes de la grande ligue américaine. Car après le combat entre Jon Jones, l'actuel champion des lourds, et Stipe Miocic, le 11 novembre prochain, le futur détenteur de la ceinture tant convoitée n'affrontera probablement pas directement Gane.

Statistiqument parlant, le Français n'est pas le mieux loti. Il a tout de même perdu deux de ses cinq derniers combats. Et les étoiles montantes de la division poussent à la porte : Jaiton Almeida (19 victoires, 100% avant la limite), Serguey Pavlovich (Sept dernières victoires par K-O au premier round) et Aspinall, donc. Difficile d'imaginer qu'un des trois n'obtienne pas un combat sous forme de "finale" face à Ciryl Gane. Avec un ticket pour tenter sa chance face au champion à la clé.

Reste la probabilité pour que Miocic et Jones prennent leur retraite après avoir croisé le fer. A 41 et 36 ans, ils ont fait leur temps dans le MMA et voient possiblement cet immense duel comme un ultime choc au sommet. Auquel cas, le champ des possibles s'ouvrirait très grand. Les voies du matchmaking de l'UFC étant impénétrables, bien malin celui qui pourra prédire ce qu'il adviendra de la catégorie dans ce cas de figure.