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"Des rendez-vous avec Los Angeles 2028…" : Le MMA, prochain sport olympique ?

Yohann Le Coz

Mis à jour 29/06/2023 à 10:47 GMT+2

Le MMA gagne progressivement en popularité à travers le monde, et même en France via quelques figures identifiées, alors même qu'il était encore interdit avant 2021. Les dirigeants de la fédération internationale s'imaginent déjà au programme des Jeux Olympiques et un espoir subsiste pour faire de Los Angeles 2028 l'hôte de la première cage de MMA olympique. Mais le chemin est long.

Gane : "Je pense que le MMA va intégrer les JO d'ici quelque temps"

Deux individus dans une cage, pour un combat encadré par des règles très permissives en termes de coups portés. Présenté comme tel, le MMA n'a pas grand chose de l'"esprit olympique". À moins que… "On a eu deux rendez-vous avec Los Angeles 2028, confie Bertrand Amoussou, ancien judoka et membre du board de la fédération internationale (IMMAF). Et leur discours c'est que si on est éligible, ils nous recommandent".
Pour ceux qui n'ont pas choisi l'olympisme en deuxième langue au lycée, la traduction est simple. Cela signifie que les dirigeants de Los Angeles 2028 aimeraient transmettre au comité international olympique une demande pour intégrer le MMA en tant que sport additionnel. Au même titre que le break dance ou le surf à Paris 2024, par exemple.
Bertrand Amoussou et les membres de l'IMMAF ne portent pas seuls l'espoir de voir leur sport aux JO. Dana White, le patron de l'UFC, la plus grosse organisation professionnelle de MMA, Khabib Nurmagomedov, un des plus grands champions de l'histoire de cette discipline… beaucoup en sont persuadés : leur pratique a sa place dans cette grand-messe du sport mondial. Reste que le chemin est encore (très) long, et semé d'embûches.
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En MMA, les mitaines protègent moins des impacts que les gants de boxe classiques.

Crédit: Getty Images

Un sport qui prendrait trop de place ?

Depuis 2016, la fédé internationale de MMA essaye tant bien que mal de faire son trou dans l'olympisme. Après la création en 2012 d'une structure capable d'harmoniser les règles et régir la pratique, il fallait faire le nombre. Soit réunir des pratiquants sur 4 continents et 75 pays pour les hommes, 3 continents et 40 pays pour les femmes. Chose faite depuis plusieurs années.
Le gros de la tâche consiste désormais à sa reconnaissance par cooptation en tant que fédération sportive internationale par l'Association globale des fédérations sportives internationales (GAISF), récemment dissoute pour devenir SportAccord. Puis être acceptée par l'Agence mondiale antidopage (AMA). "Il faut comprendre que c'est un jeu politique compliqué, expose Bertrand Amoussou. Quand on a fait notre demande à l'AMA, les autres sports de combat ont pesé pour un refus". À noter que le kick boxing et la boxe thaï sont récemment devenus des sports olympiques (ce qui ne garantit pas une place aux Jeux).
"La bataille pour devenir un sport olympique a des enjeux importants. Quand on est le MMA, avec toute la hype qu'il y a derrière, nous faire rentrer est très dangereux", assure Amoussou. Pour ce qui est de la reconnaissance par ses pairs comme fédération sportive internationale, l'IMMAF pointe du doigt le même jeu politique au sein de SportAccord. Contactée, l'instance n'a pas donné suite à nos sollicitations. "On fait beaucoup de lobbying pour rencontrer les membres de SportAccord, expliquer qui on est, se faire apprécier… martèle l'ancien judoka. C'est une question de se faire accepter, entrer dans les bons réseaux".

Une version édulcorée est possible

Le MMA a pourtant des arguments à faire valoir. Descendant direct du pancrace, sport olympique par excellence pratiqué lors des Jeux antiques, son audience progresse chez les nouvelles générations. De quoi matcher avec la volonté du CIO de "se connecter aux sports qui cartonnent" et de "parler aux jeunes", selon les mots de Tony Estanguet, le président du Comité d'organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024. D'autant plus qu'une place pourrait se libérer si la fédération internationale de boxe ne parvient toujours pas à mettre de l'ordre dans ses rangs.
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Ciryl Gane

Crédit: Getty Images

Aussi, les réticences concernant l'organisation d'un tournoi olympique de MMA, impliquant des combats à haut engagement physique très rapprochés dans le temps, sont balayés du revers de la main par Bertrand Amoussou. "On a déjà un format de compétition en championnat du monde avec un combat par jour". Et puisqu'à l'instar de la boxe, l'arrivée de la cage aux Jeux se ferait avec les règles des amateurs. Amoussou poursuit : "On a un temps plus réduit que chez les pros (3 rounds de 3 minutes? NDLR), les gants sont plus épais, il y a des protège-tibias, l'interdiction des coups de coude… on n'a vraiment pas beaucoup de blessés".

Timing serré, lobbying nécessaire

Outre le processus pour devenir olympique, reste au MMA deux gros ennemis. Le premier, le temps. Si Los Angeles 2028 souhaite demander au CIO l'ajout des arts martiaux mixtes en tant que "sport additionnel", c'est trois ans avant les Jeux, au plus tard. "Si on dépasse le délai, c'est foutu", souffle Bertrand Amoussou, assez pessimiste sur ce point. Le second, c'est lui-même. Le MMA souffre de l'image d'un sport violent, où tous les coups sont permis. En l'intégrant au programme olympique, le CIO tend la main à une nouvelle audience mais prendrait le risque de faire tiquer son public plus traditionnel.
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Jon Jones pousse Ciryl Gane à l'abandon en lui plaçant une guillotine et devient le champion des poids lourds - UFC 285, le 5 mars 2023

Crédit: Getty Images

Et si la réputation ultra-violente existe dans l'esprit des téléspectateurs, nulle doute qu'elle habite celui des dirigeants de certaines fédérations. D'où le fastidieux travail de lobbying. De la même manière qu'il s'est fait accepter par le public et le politique avant sa légalisation en France en 2020, le MMA doit enfiler sa meilleure tenue pour entrer dans le club select des olympiques. Et le plus rapidement possible pour espérer voir la Californie.
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