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UFC 285 - Jon Jones, entre invincibilité, GOAT, stéroïdes et addictions, qui est le futur adversaire de Ciryl Gane ?

Yohann Le Coz

Mis à jour 04/03/2023 à 09:57 GMT+1

Ciryl Gane contre Jon Jones. A l'UFC 285, dans la nuit du samedi 4 au dimanche 5 mars, le "Bon Gamin" français va croiser le fer avec l'enfant terrible américain. Trois après son dernier combat, Jon "Bones" Jones est de retour chez les poids lourds pour finir de bâtir sa légende et son histoire. Celle d'un homme plus fort que tous les autres, mais bien faible face à lui-même.

Jon Jones avant son combat contre Ciryl Gane.

Crédit: Getty Images

Lors de l'UFC 285, Jon Jones va faire son retour dans la cage contre Ciryl Gane après trois ans d'absence. Chaque sport a son lot de débats entre spécialistes pour savoir qui est le GOAT (greatest of all time). Les plus jeunes se demandent si Pelé martyrisait les défenses plus que Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi. Les connaisseurs du MMA n'ont pas la chance d'avoir tant de matière à débattre. En ce qui concerne l'UFC, la Ligue des champions des sports de combat, le meilleur de tous les temps, c'est Jon "Bones" Jones.
Jusqu'à maintenant, tous ceux qui ont croisé sa route sont tombés sur un os. Et s'en sont parfois fait casser un ou deux. Il n'a tout simplement jamais été battu en quinze combats (oui, quinze) pour le titre de champion du monde des moins de 93 kilos. "Tout semblait naturel", dès son premier entraînement de MMA, a-t-il confié. Un peu comme ces gamins qui mettent un pied devant l'autre et qui arrivent dribbler quelques adversaires quand les autres ne courent pas encore très droit.
Très vite, il se propulse lui-même dans le monde professionnel quand sa compagne tombe enceinte. Bon dans plein de domaines, excellent qu'à la castagne, il choisit la cage pour ramener de la nourriture sur la table et mettre la famille à l'abri. A 21 ans, en seulement trois mois, il enchaîne pas moins de six victoires. Un rythme tout simplement dangereux. Mais puisqu'il termine presque tous ses combats par une victoire par KO au premier round…
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Jon Jones, Andre Gusmao

Crédit: Getty Images

En avance sur son temps

En août 2008, à ses débuts à l'UFC, on découvre alors un homme naturellement fait pour le combat, avec une envergure de 215 centimètres, la plus longue de l'histoire de la grande ligue américaine. Mais surtout, un gamin en avance sur son temps. A l'époque, l'UFC conserve encore un certain héritage de son but originel : comparer les différents arts martiaux pour savoir lequel est le plus puissant. Jones, lui, appréhende le sport dans sa globalité et ne se perçoit pas comme un lutteur, un boxeur, ou autre. Il se considère comme un combattant de MMA à part entière, et développe des techniques de combat innovantes, adaptées à ce sport.
Plusieurs fois, il sonne ses antagonistes sur un coup de coude ou un coup de poing retourné, ce qu'on avait encore que très peu observé dans ce sport. En interview, il aime d'ailleurs répéter qu'il réfléchit énormément durant ses camps d'entraînement. "J'étudie mes adversaires en profondeur. Je découvre comment ils réagissent. Leur coup favori, leur deuxième coup favori, leur troisième…", assure-t-il.
Jon Jones se trouve alors sur l'autoroute vers la ceinture. Il la décroche à 23 ans contre Shogun Rua (19 victoires et 4 défaites), qu'il fait passer pour un débutant pendant presque un quart d'heure, avant d'en finir avec une pluie de coups de coude venue des enfers. Cette ceinture de champion du monde, jamais personne ne sera en mesure de le lui arracher de la taille. Enfin si. Un seul y est parvenu, et c'est Jon Jones lui-même.

Le côté obscur

"Jon Jones est une bonne personne. Mais 'Bones' Jones, il est un peu effrayant". C'est peut-être l'intéressé lui-même qui résume le mieux sa personnalité. Le problème, c'est que ce côté Docteur Jones et Mister Bones, ne possède pas une frontière définie entre la cage et en dehors. Plusieurs fois arrêté pour conduite en état d'ivresse et délit de fuite, il est alors suspendu par l'UFC en 2015. Réintégré après des travaux d'intérêt généraux et la perte de pas mal de ses sponsors, Jones doit combattre de nouveau en avril 2016.
Trois semaines avant le jour J, il est arrêté pour conduite sans permis, sans assurance et sans immatriculation. Mais business is business, le combat est maintenu. Jon Jones en profitera pour une entrée insolente et restée dans les annales, sur la musique "I'm coming home" de P. Diddy.
Si seulement Jones était dangereux pour les autres, et pour lui-même, uniquement au volant… L'homme a, de toute évidence, et selon son propre aveu, des problèmes avec la gestion de sa colère. Dans sa rivalité avec Daniel Cormier, une des plus légendaires de l'UFC, la conférence de presse de promotion du combat qui s'est finie en bagarre générale est à marquer d'une pierre blanche.
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Jon Jones

Crédit: Getty Images

Addiction, colère et stéroïdes

Dans un autre registre, beaucoup moins adapté aux caméras, et bien plus honteux, il a été filmé par la police, insultant des agents lors d'un contrôle ou frappant sa tête contre le capot d'une voiture alors qu'on lui passait les menottes. Plus récemment, il a été arrêté à son domicile après une plainte de sa femme pour violence conjugale, une affaire dans laquelle les charges ont fini par être abandonnées.
Malheureusement, dans le monde du sport, ce ne sont pas ces frasques qui sont les plus honteuses. La triche, elle, en revanche… Alors, histoire de s'attirer les foudres du plus de monde possible, le natif de l'État de New York s'est essayé aux stéroïdes. Avant la revanche contre Cormier, attendue par le monde du MMA dans son entièreté, il est testé positif à des substances dopantes. Le choc des titans est annulé. Après quoi, Jones passe à table, il avoue tout. Sa consommation de cannabis, son addiction à différentes drogues, notamment la cocaïne, sa sale habitude de se droguer jusqu'au "black out", une semaine avant chaque combat, pour se donner une excuse à lui-même en cas de défaite…
Mea culpa en public, les excuses et les larmes en conférence de presse, le monde entier, et Daniel Cormier, semblent prêts à lui donner une dernière chance. En 2017, la revanche ultime est organisée entre les deux hommes. "Bones" couche Cormier au troisième round, récupère sa ceinture après son énième suspension… puis la perd après un nouveau test positif à une substance dopante. Plus personne ne veut le soutenir, ni le croire. Mais tout le monde veut encore le voir se battre.
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Dominick Reyes and Jon Jones

Crédit: Getty Images

Le mauvais garçon contre le Bon Gamin

Le combattant qu'est Jon Jones aurait-il existé sans cette violence qui l'anime, cette instabilité qui le caractérise et cette folie qui l'habite ? Ne faut-il pas être un dérangé pour inventer de nouvelles manières de mettre des coups de coude ? Couvrir la bouche ou le nez de son adversaire quand il est au sol pour gêner sa respiration ? Mettre intentionnellement des doigts dans les yeux de celui que vous affrontez ?
C'est assez paradoxal. Ciryl Gane, surnommé "Bon Gamin", s'apprête à affronter l'un des plus mauvais garçon de l'histoire de ce sport. Bien malin celui ou celle qui sait à quoi ressemblera ce qui est probablement le plus gros événement des sports de combat français depuis le titre mondial de Marcel Cerdan. Jon Jones pèsera probablement 20 kilos de plus qu'à l'époque où il brillait incontestablement dans l'octogone, a 35 ans et n'a pas combattu depuis trois ans. L'issue du combat dépendra en partie du train de vie de l'Américain ces trois dernières années. Encore une fois, lui, qui se considère "choisi par Dieu" pour se battre, va devoir s'affronter lui-même.
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