MMA, UFC 308 - Topuria, une victoire contre Holloway pour ramener l'UFC à Bernabeu
Mis à jour 26/10/2024 à 21:44 GMT+2
Ilia Topuria, entre grande gueule et dynamite dans les poings, souhaite incarner le futur de l’UFC et même du MMA en général. Samedi soir, à Abou Dhabi, il défendra sa ceinture de champion des -66 kilos contre Max Holloway dans un combat qui s’annonce spectaculaire lors de l'UFC 308. Et qui pourrait le faire entrer parmi les monuments du sport en Espagne. Au point de concurrencer le Clasico ?
Ilia Topuria et Sergio Ramos, lors de la présentation de la ceinture de champion de l'UFC au stade Santiago-Bernabeu, avant le match Real Madrid-FC Séville en février dernier.
Crédit: Getty Images
Ilia Topuria a tout du combattant moderne : du talent dans tous les domaines du combat, au sol, en lutte, en boxe, et une arrogance qui ne laisse personne indifférent. Un trait qui plaît à certains, les poussant à le soutenir, et que d’autres détestent, les poussant à regarder ses combats en espérant le voir perdre. Ca fera pas mal de monde devant la télévision samedi soir, d’autant plus que son combat, qui aura lieu à Abou Dhabi, prendra place à une heure abordable pour le public européen (vers 22h45), habitué aux joutes de MMA sur des fuseaux horaires d’outre-Atlantique.
Sergio Ramos appartient à ceux qui se plaisent à le soutenir. L’ancien défenseur du Real Madrid, amateur de MMA, ne sera en revanche pas devant son poste. Plutôt que de se pointer à Bernabeu pour le Clasico contre le Barça de samedi soir, l’ex-international espagnol a préféré être de la partie à Abu Dhabi, où “El Matador”, affrontera Max Holloway pour le titre de champion des moins de 66 kilos de l’UFC. Et ce alors que les deux événements pourraient bien se télescoper le temps de quelques minutes, en fin de soirée. Un choix pas vraiment surprenant. D’abord parce qu’Ilia Topuria est le premier espagnol à avoir été sacré champion à l’UFC, en faisant tomber par K-O l’ogre des poids plumes, Alexander Volkanovski, en février dernier. Le genre d’accomplissement qu’une légende comme Ramos respecte. Ensuite, car Topuria est un supporter du Real Madrid assumé. En tant que tel, il a d’ailleurs présenté sa ceinture de champion sous les acclamations de Santiago-Bernabeu après sa dernière victoire, et fait la tournée des photos avec les joueurs du club.
La presse espagnole veut l’asseoir à la table de Gasol, Alonso et Nadal
Pour bien comprendre la portée de cette ceinture UFC présentée au public madrilène, il fallait se pencher sur le numéro de Marca, paru le lendemain du titre de champion arraché par l’intéressé : “L’Espagne a eu la chance d’avoir quelques-unes des plus grandes icônes de leur sport respectif. Manolo Santana au tennis, Severiano Ballesteros au golf, Miguel Induráin au cyclisme et Ángel Nieto à la moto. Plus tard sont arrivés Rafa Nadal, également avec la raquette, Pau Gasol au basket-ball ou Fernando Alonso en Formule 1. Ilia Topuria a une chance d’être pour l’UFC - et le MMA - ce que ces légendes sont dans leur domaine”, écrivait le quotidien sportif. Rien que ça.
Ce lien avec le plus grand club du monde, le combattant de 27 ans a développé lorsqu’il a atterri en Espagne à l’adolescence, pour y rejoindre ses parents. Le point de chute d’une enfance déchirée, écartelée entre une naissance en Allemagne, et des années sous les bombes de la guerre en Géorgie, d’où sa famille est originaire. Arrivé en Europe sans maîtriser le moindre mot d’Espagnol, Topuria se raccroche alors à ce qu’il connaît : la lutte, le sport national dans les pays du Caucase, dont il a hérité de la culture comme des stigmates de la guerre. Il s’entraîne alors comme un acharné, autant pour s’intégrer que par passion. Car rapidement, son talent pour la lutte et le combat au sol émerge. Ces “points forts”, selon ses mots, il les a cultivés, au point de remporter ses sept premiers combats professionnels par soumission. Avant de “beaucoup, beaucoup améliorer sa boxe”, se réjouit l’intéressé, devenu un combattant complet et spectaculaire, qui a couché quatre de ses adversaires à l’UFC sur des crochets terribles.
/origin-imgresizer.eurosport.com/2024/10/26/image-1534de90-4fd9-4c2e-9419-154732b947ea-85-2560-1440.jpeg)
Ilia Topuria reçu par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez après avoir remporté son titre de champion des -66 kilos de l'UFC.
Crédit: Getty Images
Assez spectaculaire pour remplir les presque 80 000 places du Bernabeu pour du MMA, dans un pays qui n’a jamais accueilli d'événement de l’UFC ? Lui en est certain : “J’ai eu une conversation avec l’UFC, a-t-il glissé au micro de RMC Sport cette semaine. Mais c’est quelque chose dont je dois parler avec Dana (White, le patron de l’UFC) et le convaincre, car il n’aime pas faire ses évènements dans des stades de football. Mais le Bernabeu est fait pour ce genre d'événement”. Avec un stade tout neuf, un toit pour prévenir tout risque de pluie et un lieu capable d’accueillir des shows son et lumière de Taylor Swift, El Matador sait de quoi il parle. Et son grand pote Sergio Ramos s’en réjouit d’avance : “Si l’UFC se pose là-bas, je pense que Topuria aura le privilège d’être le combat principal”.
“Ne me dis pas Barcelone !”
Faire salle comble à Bernabeu consacrerait Ilia Topuria comme une star du sport tout court. Pour le moment, il reste seulement une étoile du MMA. Mais l’Espagnol, qui vient tout juste d’obtenir la nationalité, affiche des ambitions galactiques. Bien des observateurs ont relevé quelques similitudes avec Conor McGregor, l’homme qui a élevé le trashtalk au rang d’art dans le MMA, quand il s’agit de faire parler de lui. Lors de la conférence de presse d’avant-combat contre Volkanovski, en début d’année, Topuria avait arraché la ceinture de champion de la table de son voisin pour la brandir face à la foule, avant même de la remporter deux jours plus tard. Jeudi, il a prévenu de ses intentions avant son combat avec Max Holloway : “Les juges peuvent se barrer, ça va se terminer dès le premier round”. Un homme habile avec ses poings et avec les mots, du pain béni pour l’UFC, à la recherche de nouvelles figures de proues médiatiques parmi son roaster.
Très malin, le champion des -66 kilos a même tenté, par touche, de connecter son combat de samedi soir au Clasico Real-Barça qui se jouera presque en simultané. Histoire de stimuler le public européen, le genre de chose à laquelle l’UFC, qui regarde ses intérêts économiques avant de regarder l’intérêt sportif de ses soirées, demeure sensible. Interrogé en conférence de presse sur le lieu pour un futur évènement en terre ibérique, le patron de l’organisation américaine, a été devancé dans sa réponse par son champion poids plume : “Ne me dis pas Barcelone !”. Et pour ajouter une dernière touche de provoc’, les deux clubs espagnols ont chacun offert un maillot floqué aux combattants. Le Real pour Topuria, le Barça pour Holloway. Le combat qui s’annonçait déjà explosif pourrait bien se transformer en classique.
Sur le même sujet
Publicité
Publicité