MotoGP - Objectif titre avec Ducati : Marc Marquez, même pari que Lewis Hamilton

Finalement, c'était lui le métronome du mercato. Depuis plusieurs semaines, quelque chose se tramait dans le paddock MotoGP, une ambiance de chaises musicales géantes dont l'ampleur n'avait pas été vue depuis longtemps dans la catégorie reine des deux-roues. Et la pièce maîtresse a dévoilé son jeu avec un peu de retard : Marc Márquez, six fois champion du monde MotoGP, va récupérer le second guidon Ducati Corse. La place la plus enviée du landerneau.

Ce n'était pourtant pas lui qui y était le plus pressenti. Son compatriote Jorge Martin, leader du championnat du monde et de cinq ans son cadet, semblait tenir la corde. Mais l'officialisation de son transfert vers Aprilia a tout bousculé. Les rumeurs concernant Enea Bastianini, dont Marc Márquez va récupérer la place, vers KTM ont dissipé les derniers doutes. Comme son illustre homologue de la F1 Lewis Hamilton, Marc Márquez va s'habiller de rouge en 2025 et se glisser, à nouveau, dans la peau d'un favori.

Et s'il doit certainement cette promotion de la modeste écurie privée Gresini-Ducati au monstre de la discipline Ducati Corse à sa troisième place au championnat du monde après sept courses, l'Espagnol revient de loin. Titré pour la dernière fois en 2019, il est ensuite passé par un chemin de croix qui a failli le mener dans l'impasse. Trois saisons de galère, sur une Honda de moins en moins performante, qui l’ont poussé à surpiloter et à se blesser en chutant.

"Márquez devrait prendre sa retraite tant qu'il le peut" l'exhortait le champion du monde 1987 Wayne Gardner en juillet 2023. Et si lui ne l'a jamais avoué publiquement, l'idée lui aurait bien traversé l'esprit. Son humérus droit la fait souffrir à chaque chute et l'a contraint à passer quatre fois sur la table d'opération. Les longs stigmates sur son bras, et sa perte de mobilité un temps l'ont poussé à se fixer un ultimatum : "Marc m’a dit ‘si je ne m’amuse pas en 2024, je prends ma retraite'" confiait ainsi son coéquipier de frère Alex avant le début de la saison.

Mais les sensations retrouvées au guidon de la Ducati l'ont convaincu de continuer : "Dès le premier contact avec la Ducati, j'ai pris plaisir à la piloter" s'est-il réjoui ce mercredi. Et cela s'est vu sur la piste. Cette saison, l'Espagnol s'est fendu de remontées dantesques dans le peloton, dont il avait rarement eu besoin dans le passé et qui ont rappelé aux derniers sceptiques qu'il était encore l'un des pilotes les plus talentueux du paddock. Sinon le plus talentueux.

De quoi convaincre Ducati de l'enrôler directement dans son écurie officielle : "A la fin, notre choix s'est porté un talent incontestable comme Marc Márquez, a expliqué le manager général de Ducati, Luigi Dall'Igna. En seulement quelques courses, il a réussi à s'adapter parfaitement à la Ducati." Surtout, Marc Márquez a réussi à exaucer son souhait : retrouver la puissance de frappe d'une écurie d'usine, après un crochet d'un an dans une écurie privée pour la première fois de sa carrière en catégorie reine.

Et pour l'obtenir, il a dû imposer sa volonté "Pramac n'est pas une option pour moi" avait-il asséné en conférence de presse alors que les dirigeants de Ducati lui avaient proposé de piloter pour l'équipe satellite en 2025. Il aurait pourtant tout de même bénéficié du même matériel que les pilotes officiels. Mais pour lui : "Si vous voulez vraiment vous battre pour le championnat du monde Il faut essayer d'avoir une moto plus moderne d'une équipe officielle."

Son futur coéquipier, Francesco Bagnaia, confiant, ne voit qu'une condition à son arrivée : "Honnêtement, ça ne change pas grand-chose pour moi. L'important est de maintenir l'ambiance dans l'équipe et je suis sûr que cela ne changera pas." Le défi risque pourtant d'être bien plus grand pour lui. Aligné depuis ses débuts chez Ducati aux côtés d'un pilote clairement numéro 2, il devra composer la saison prochaine avec un homme capable de rivaliser avec lui tous les week-ends, pour les victoires comme pour le championnat du monde.

Ducati aussi devra réussir à accorder ce duo de fantastique. Onze titres de champion du monde seront répartis dans le box des Rouges la saison prochaine. Une association qui se place déjà parmi les plus impressionnantes de l'histoire de la discipline, mais qui s'annonce clivante. "Celui qui gagne devient désagréable. Si je le deviens moi aussi, je m’en fiche" a déjà sabré 'Pecco' Bagnaia. Avec un caractère comme celui de Marc Márquez dans le box d'à côté, l'Italien risque bien de perdre en capital sympathie.