Championnats d'Europe - 100 m : Florent Manaudou devant Fabien Gilot, quel doublé !

Jamais la France n’avait connu ça. Florent Manaudou et Fabien Gilot ont réalisé vendredi un doublé historique, en finale du 100 mètres nage libre des Championnats d’Europe à Berlin. Vainqueur en passant sous la barre des 48 secondes pour la première fois de sa carrière en grand bassin (47’’98), le premier s’impose comme le grand homme de la semaine. Engagé sur trois courses, il a ramené trois titres à la délégation française, sur le relais 4x100 m, le 50 m papillon et donc, le 100 m nage libre. Un bilan exceptionnel, tout simplement. Gilot tient lui enfin une consécration individuelle. Après avoir joué un rôle clé dans toutes les conquêtes du relais ces dernières années, le pensionnaire du Cercle des Nageurs de Marseille a décroché sa première breloque en solitaire. Une récompense méritée, qui couronne une carrière d'une magnifique régularité au plus haut niveau. 

Mais l’aîné des deux compères d’entraînement était tout simplement trop juste pour inquiéter un Manaudou impérial sur la distance reine, celle qui couronne les hommes forts au caractère bien trempé. Auteur d’un départ impressionnant, tout en puissance, le champion olympique du 50m nage libre a d’emblée mis sa patte sur cette course. Comme à son habitude, serait-on tenté de dire, tant le Villeurbannais n’a plus à démontrer ses qualités sur les vingt premiers mètres. Sans chercher à gérer son avance, il a continué d’appuyer sur l’accélérateur, pour virer logiquement en tête à mi-parcours (22’’56), avec près de trois dixièmes d’avance sur la concurrence. Derrière, les Italiens et les Russes paraissaient ne pas faire le poids pour suivre le rythme.

Même s’il a davantage pioché dans les dix dernières mètres, Manaudou a tenu jusqu’au bout, sans réellement fléchir. A seulement 23 ans, il affiche désormais un palmarès impressionnant, enrichi de trois médailles d’or lors de son séjour à Berlin. Et dire qu’il travaille sérieusement le 100 m depuis deux ans à peine, son appétit ayant été aiguisé par un titre mondial avec le relais 4x100 à Barcelone l’année dernière. Avant de quitter l’Allemagne, Manaudou pourrait ajouter un quatrième titre à sa razzia, avec ce week-end le 50 m nage libre, sa distance de prédilection.

Gilot l'accompagnera dans cette aventure, au moins en séries, où il aura besoin d'une grosse performance pour se hisser en demi-finales. Souvent pointé du doigt pour ses défaillances mentales en individuel, il a démontré qu’il savait aussi se faire plaisir à lui-même. Jamais classé mieux que quatrième dans un grand Championnat, lors de l’Euro 2008, le natif de Denain a pourtant vu se rejouer le scénario catastrophe. Parfaitement engagé à mi-course, il a craqué au fil des mètres et donné à ses poursuivants l’espoir de le priver, une énième fois, d’un podium. Mais à l’énergie, à l’orgueil, à l’expérience, construite dans la douleur après plus d’une décennie de déceptions, Gilot a tenu. A 30 ans passés, sa médaille d’argent est aussi belle que celle en or de Manaudou. Tout simplement parce que ni l’un ni l’autre ne méritaient de passer à côté de ce qu’ils ont vécu ce vendredi.