Bernard: "C'est le bordel"

A.B. : Plus détendu bien sûr, plus libéré mais un peu frustré. J'ai pris le temps d'analyser. Le premier touché ou le premier frustré, c'est moi. Ce n'est pas dû au travail à l'entraînement, à mon investissement ou à une carence quelconque. C'est tout simplement qu'à l'intérieur de moi c'est mal rangé, c'est le bordel depuis deux, trois ans. Parfois ça arrive à passer, parfois ça passe de pas beaucoup, parfois ça coince. Hier (vendredi), ça a coincé. C'est comme ça. Ca ne m'empêche pas d'avancer, mon chemin n'est pas fini, j'ai encore de la route à faire. Il faut que je revienne encore à des choses plus simples. Il manque un tout petit quelque chose pour que ça roule comme il faut. Il faut que je me libère encore et que je retrouve cette part de feeling. Je m'en rapproche depuis un an, deux ans mais j'en suis encore loin malgré tout.

A.B. : Oui, carrément. J'ai tendance à me projeter souvent. J'avais envie de me projeter sur ce 100 m aux Championnats du monde. Je n'ai pas du tout négligé le fait qu'il fallait nager vite ici. Mais je n'ai pas réussi à le faire. C'est de ma faute et puis c'est tout. C'est un ensemble fait de ce statut, de cette envie de performer à chaque sortie, à chaque entraînement, du sentiment d'être regardé, d'être attendu. Je n'ai pas envie de dire "laissez-moi tranquille, allez-vous faire foutre". Mais je suis un être humain et des fois j'ai besoin de tranquillité, de sérénité.

A.B. : Si j'étais Togolais, ce serait plus facile aussi ! Il ne faut pas négliger cette force de sprint qu'on a en France. Hier (vendredi), je l'ai payé. Je n'ai pas envie de subir à nouveau cette mésaventure et le fait de redevenir chasseur va m'aider. Je ne suis pas abattu, loin de là. Ca ne peut que me faire du bien. Je vais tout faire pour rebondir derrière. J'ai failli me faire avoir une fois, j'ai failli me faire avoir deux fois, la troisième fois je me suis fait avoir aux Championnats de France. Ca n'arrivera plus.