Manaudou l'heure de vérité

Laure Manaudou se sent "super bien". C'est ce qu'elle a confié à ses proches alors que s'ouvrent dimanche les championnats de France qui désigneront les qualifiés tricolores pour les Jeux Olympiques de Londres. La médaillée olympique en 2004 s'est inscrite sur quatre séries : le 50m dos, le 100m dos, le 200m nage libre et le 200m dos. Mais, selon nos informations, c'est seulement sur 100m dos et 200m dos qu'elle devrait s'aligner.

L'objectif, elle le connaît. Les conditions aussi. Pour voir l'Angleterre, il faudra atteindre les minimas qualificatifs, ce qu'elle n'a fait qu'une fois depuis son retour à la compétition. C'était sur 100m dos, le 11 février, au Grand Prix du Missouri, avec un chrono de 1'00''80. Deux centièmes de secondes de moins que le temps qualificatif olympique. Mais depuis, Laure Manaudou est montée en puissance dans les épreuves de dos. "Elle est en forme", assure Christian Donzé, le Directeur Technique National, joint par nos soins. Elle est en confiance, surtout.

A Auburn, cette grande université dans une petite ville, la native de Villeurbanne s'entraîne sereinement, loin de l'agitation médiatique. Christian Donzé n'est allé lui rendre visite que l'année dernière mais reste en contact depuis. "Tout va bien pour elle, elle est dans les meilleures dispositions, indique-t-il. Elle se présentera à Dunkerque avec son projet. Après, ça reste du sport, tout peut arriver. Mais laissons-la faire." Dans le Nord de la France, la compagne de Frédérick Bousquet sera une attraction. "Elle se sait attendue, confirmait, vendredi matin, le nageur de 30 ans. Mais je ne pense pas que ça lui a ajouté de la pression. On a eu un entraînement de qualité, elle est heureuse."

Laure Manaudou doit à présent composer avec une nouvelle concurrence. Pas encore de retour au top de ses capacités, elle s'imagine mal s'aligner sur le 200m nage libre pour y défier Camille Muffat, nouvelle figure de proue de la natation made in France. L'affrontement virerait à la correction. En revanche, elle voit bien la Niçoise comme une alliée. L'idée, pour la triple médaillée olympique, est de se qualifier pour Londres sur 100m dos ou 200m dos car elle sait qu'une fois sur place, elle serait en droit de viser une médaille en relais 4x200m nage libre.

Dans son entourage proche, celui qui prend fréquemment des nouvelles, l'on est en tout cas persuadé qu'elle obtiendra un billet pour les Jeux Olympiques. Le pari était pourtant audacieux quand on sait à quel point il est difficile de faire un come-back en natation, toute ancienne gloire que l'on est. Mark Spitz, qui a décroché sept médailles d'or aux Jeux Olympiques de 1972 mais qui a raté son grand retour au début des années 1990, en sait quelque chose. Ian Thorpe, quintuple champion olympique (2000 et 2004), commence à se faire une raison. La légende australienne tente lui aussi de se qualifier pour les JO après six ans en retrait.

"L'issue la plus réaliste est que je vais très probablement échouer", a néanmoins concédé celui qui vise à Adelaïde une qualification sur 100m (finale lundi) et 200m (finale dimanche) nage libre. "Il ne faut pas comparer Ian Thorpe et Laure, coupe Christian Donzé. Thorpe a arrêté six ans et a pris 45 kilos (sic) ! En plus, il n'a jamais rien connu d'autre que les combinaisons. Du temps de son hégémonie, il n'y avait que lui qui nageait en combinaison d'ailleurs." A voir si, sur le plan des résultats aussi, Thorpe et Manaudou n'auront rien en commun.