Guillaume Cizeron et l'homosexualité : "J’ai pris conscience que je pouvais être une voix"

Vice-champion olympique de patinage artistique, Guillaume Cizeron s’est également mué en étendard pour combattre l’homophobie. Partenaire de l’opération FIER qui a pour but de lutter contre l'homophobie dans le sport, Eurosport vous propose de découvrir des extraits du livre “Sport et Fierté” où vingt personnalités sportives prennent parole sur l’homosexualité dans le sport.

Le patineur français Guillaume Cizeron.

Crédit: Getty Images

A 27 ans, Guillaume Cizeron a presque tout gagné sur la glace. Seul une médaille d'or aux Jeux olympiques d'hiver manque à son riche palmarès. Hors de la glace, le patineur mène également un véritable combat contre l'homophobie. A l'instar de dix-neuf autres personnalités sportives, l'Auvergnat prend la parole sur l'homosexualité dans le sport dans le livre "Sport et Fierté", réalisé par Sport et Citoyenneté et FIER.
"Du harcèlement scolaire à l’acceptation de soi, je me suis très vite posé des questions sur mon orientation sexuelle suite aux insultes que je recevais à l’école et au collège. "Tapette", "Pédé" sont des mots que j’ai entendus depuis petit. Je ne connaissais pas leur signification mais je savais qu’ils avaient un rapport avec moi et mon secret en lien avec mon orientation sexuelle. Mes parents ont fait du mieux qu’ils pouvaient et mon père a lutté contre ses propres préjugés. Quand j’avais 7 ans, il m’a proposé d’accompagner ma sœur à son cours de patin à glace. Il a tout de suite remarqué la curiosité et l’émerveillement que j’avais pour cet art. Il m’imaginait faire du foot ou du judo mais, par respect pour mes choix, il a vite laissé tomber pour me proposer d’essayer le patin à glace. Alors que je vivais dans la solitude et le rejet, le sport m’a donné beaucoup de confiance en moi. Il m’a permis de sortir de cette tristesse que j’éprouvais à l’école et m’a sauvé grâce aux nouvelles rencontres et aux personnes formidables qui m’ont aidé. Mon coach Romain Haguenauer, gay lui aussi, a été un modèle pour moi.
En fait, j’ai dû accepter d’abord qui j’étais avant de pouvoir en parler. Le patinage artistique n’est néanmoins pas la discipline qui m’a donné l’occasion de m’accepter réellement car j’avais l’étiquette de la "danseuse", "la fille". J’ai subi les clichés. J’ai découvert mon orientation sexuelle par des insultes et le harcèlement. C’est tout ce que je souhaite éviter aux jeunes qui se retrouvent dans la même situation que moi à l’adolescence !
Vers l’âge de 15 ans, j’étais vu comme un champion par les professeurs. Ils m’ont poussé à ne pas baisser les bras alors que les autres élèves se moquaient de moi. À 16 ans, j’ai rencontré Déborah à la patinoire sans lui dire que j’étais gay et nous nous sommes aimés. Chaque soir, je m’endormais en priant : "Mon Dieu faites que je me réveille hétéro". Je ne voulais pas être gay, je ne pouvais pas et n’arrivais pas à l’accepter. Mais elle a bien vu que les choses étaient différentes avec moi. Elle fut la première personne à qui j’ai annoncé être homosexuel.
picture

"J’ai reçu beaucoup d’insultes homophobes" : Le témoignage de Rabadan lors de l’opération "FIER"

Video credit: Eurosport

Le dimanche 17 mai 2020, j’ai décidé d’arrêter de me cacher. Je ne voulais plus me planquer par honte. J’ai alors posté une photo avec un ami sur Instagram accompagné d’une description : "Célébrons l’amour. Et cette belle journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie". J’ai reçu beaucoup d’appels de déception mais surtout beaucoup de soutien. J’ai alors pris conscience que je pouvais être une voix. Je ne suis pas militant, il n’y a pas de connotation politique dans mes propos mais je veux sensibiliser et partager mon vécu pour que l’intimidation à l’école soit bannie. La question du genre est beaucoup évoquée sur les réseaux sociaux et c’est un canal intéressant pour sensibiliser les jeunes qui sont réceptifs. On peut y célébrer la différence d’une manière qui est belle, je trouve. Beaucoup d’athlètes pensent que ce n’est pas leur rôle de prendre la parole sur ce sujet. Et je les comprends. C’est déjà beaucoup de travail à part entière d’être athlète. En ce qui me concerne, j’ai choisi mon combat après m’être beaucoup questionné. Je suis sensible à l’écologie bien sûr, à tout ce qui touche au féminisme mais on ne peut pas être sur tous les fronts. Le mien, pour l’instant, est celui du respect envers chaque personne quelles que soient son orientation sexuelle et son identité de genre, et de l’inclusion au sens large."
picture

Lutte contre l’homophobie dans le sport : "On a tous une responsabilité, à nous de la prendre"

Video credit: Eurosport

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité