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"Monsieur Blanquer, choisissez un sportif à la tête de l'UNSS" : 4 champions prennent la parole pour changer la donne

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ParEurosport

Mis à jour 16/12/2021 à 18:20 GMT+1

À deux ans de Paris 2024, le choix du nouveau directeur national de l'UNSS peut être un tournant. Au plus haut niveau de l'instance, il faut un électrochoc. Pour beaucoup, la nomination d'un ancien sportif prendrait ainsi tout son sens. Quatre noms du monde sportif, Malia Metella, Frédéric Michalak, Yannick Nyanga et Astrid Guyart expliquent pourquoi ils espèrent voir cette révolution salvatrice.

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, lors du Championnat du monde scolaire cross country

Crédit: Imago

C'est une nomination qui a l'habitude de passer un peu inaperçue dans les grands médias. Mais qui peut pourtant changer beaucoup de choses dans le paysage sportif français. La semaine prochaine, Jean-Michel Blanquer va devoir désigner le nouveau directeur national de l'UNSS (ndlr : Union Nationale du Sport Scolaire). Et alors qu'il est en charge des portefeuilles de l'Éducation nationale mais aussi de la Jeunesse et des Sports, il pourrait s'en servir pour en faire un symbole fort du rapprochement du ministère de l’éducation et de celui ministère des sports en nommant une figure du monde du sport.
Alors que l'UNSS a perdu 370 000 élèves ces dernières années, cette fédération, qui organise des rencontres pour les élèves du collège et du lycée, a besoin d'un coup de boost. Et à un peu deux ans des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, l'occasion est idéale de placer une figure inspirante avec un sportif charismatique, formé à haut niveau, engagé dans la société civile, qui a montré et démontré sa compétence managériale durant de nombreuses années et est prêt à s'engager pour cette jeunesse.
Deux anciens sportifs de haut niveau au CV long comme le bras, Gévrise Emane et Olivier Girault, sont ainsi candidats à un poste réservé depuis des années à des profils du sérail de l'éducation nationale, qui n'ont pas forcément la vision dont la France a besoin à l'aune d'évènements sportifs majeurs. L'ancienne nageuse Malia Metella, l'ancienne escrimeuse Astrid Guyart ou encore les anciens rugbymen Frédéric Michalak et Yannick Nyanga prennent ainsi la parole pour expliquer pourquoi il ne faut pas manquer cette opportunité, qui peut marquer l'histoire et participer enfin à la construction d'une nation sportive selon eux.
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Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, lors du Championnat du monde scolaire cross country

Crédit: Imago

Que représente l'UNSS à vos yeux ?

Frédéric Michalak: "Ça me rappelle plein de bons souvenirs. J'ai eu un parcours scolaire assez chaotique. Et l'UNSS m'a permis de m'équilibrer dans la partie scolaire et de m'affirmer avec le sport. Ça fait vraiment partie de mes meilleurs souvenirs, surtout qu'on a fini champion de France. On ne prend pas toujours assez en compte l'importance du sport à l'école et personnellement, cette aventure m'a permis de devenir ce que je suis aujourd'hui. C'est une certitude".
Yannick Nyanga : "Ça représente beaucoup de souvenirs car j'y suis passé comme beaucoup de sportifs. Ma première sélection pour mon pays a été une sélection scolaire avec l'équipe de France UNSS. L'école n'est pas forcément la panacée quand on a 15 ans et là, c'était une fierté".
Malia Metella : "A mes yeux, l'UNSS est une première étape pour les jeunes pour faire de la compétition, notamment pour certaines familles qui n'ont pas forcément les moyens".
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Frédéric Michalak

Crédit: Getty Images

Pourquoi cela vous tient-il à cœur de prendre la parole aujourd'hui à quelques jours de la désignation du nouveau directeur national de l’UNSS par le ministère ?

Astrid Guyart : "C'est une excellente nouvelle de voir deux athlètes postuler sur la base de leur parcours, de leur expérience et de leurs compétences à des postes à responsabilités au service de la pratique sportive en France. Le sport et l'éducation sont désormais étroitement liés au travers d'un ministère et ces candidatures sont donc parfaitement logiques. Je suis heureuse de voir des athlètes s'investir et s'engager pour se mettre au service de leur pays de manière différente. Il est désormais urgent d'amorcer ce changement culturel où l'on reconnaîtra enfin le parcours d'excellence des champions français".
Frédéric Michalak: "J'ai pu prendre du recul sur la façon dont le sport est abordé en France car j'ai passé un peu de temps en Australie. Et ça n'a rien à voir. En Australie, mes trois enfants faisaient du sport tous les jours. Depuis, j'estime qu'il y a un réel besoin de remettre le sport à sa place à l'école en France. Pour son importance dans la santé mais aussi du point de vue sociale pour que nos enfants puissent s'épanouir au mieux, apprendre certaines règles. Pour le dépassement de soi aussi, la solidarité. En fait, pour toutes les valeurs que le sport véhicule. En prenant à bras le cœur cette question, ça peut changer la donne et apporter énormément de choses à nos enfants. Je suis persuadé que le sport peut aider à soigner les maux de la société".
Malia Metella : "Pour moi, c'est maintenant qu'il faut innover. On a les Jeux chez nous en 2024. Ça approche très vite. Les jeunes sont en demande d'être accompagnés dans le sport. Et je suis convaincu que le sport aide beaucoup de jeunes à évoluer socialement. Pour moi, c'est maintenant ou jamais. Après, il sera trop tard".
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Malia Metella attends Sportel Awards Ceremony on October 05, 2021 in Monte-Carlo, Monaco.

Crédit: Getty Images

En quoi un ancien sportif peut-il contribuer à relancer cette fédération qui est pour rappel en marge de l'EPS au sein des collèges et des lycées ?

Frédéric Michalak : "Avoir un ancien sportif est à mes yeux primordial. On ne doit pas laisser l'occasion d'avoir la chance de compter sur quelqu'un qui a connu le sport à l'école, le monde amateur et l'univers professionnel. On a des personnes qui peuvent apporter plus d'innovations. Il y a un travail monstre à faire. Et mettre un sportif à la tête de cela me parait cohérent, même si je suis pour le pluralisme avec des personnes de toutes horizons qui permettent d'élever les débats et d'avoir plus de vision".
Astrid Guyart : "Un sportif de haut niveau a été formé et détecté dans un club. Alors que des liens plus étroits entre le sport et l'école sont souhaitables dans le but de donner davantage d'ampleur à la pratique sportive en France, des synergies peuvent être inventées. Les athlètes ont la particularité d'avoir fait du sport à la fois à l'école et en club alors qui mieux qu'un sportif pour savoir comment renforcer ces liens !"
Yannick Nyanga : "Après avoir eu la chance de connaître le monde sportif, je suis maintenant dans la vie active et je me rends compte que l'expérience sportive n'a pas d'équivalent. Je ne dis pas que ce n'est pas parce qu'on n'a pas fait du sport qu'on n'est pas capable, bien au contraire. Mais je pense que ça prendra beaucoup plus de temps. Le sport de haut niveau permet d'acquérir plus rapidement certaines qualités pour réussir à s'en sortir au mieux. Dans le sport, il faut se remettre en question chaque semaine, à chaque match. Et ça, dans la vie de tous les jours, c'est très rare. Tout comme la concurrence que l'on peut affronter dans le sport. Ça pousse à faire un travail sur soi, à mûrir plus vite. Là, ce sont des anciens sportifs de haut niveau qui ont réfléchi sur leur sport, ont appris de leur sport et cherchent à redonner pour faire avancer le monde sportif. Ce type de personnalités peut avoir une vision à 365 degrés que peu de personnes ont. Le savoir et la connaissance, c'est bien. Mais sans l'expérience, ce n'est rien".
Malia Metella : "Grâce à son vécu, un ancien sportif peut mettre sa touche. On nous demande régulièrement d'aller à la rencontre des jeunes dans les écoles, dans les lycées, les universités pour partager notre expérience, pour évoquer cette aptitude à se dépasser. Avoir un ancien sportif à la tête de l'UNSS permettrait alors de donner l'envie aux jeunes de s'engager. Et de faire évoluer cette fédération pour qu'elle soit une grande fédération sportive".
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Astrid Guyart (et son frère Brice) pendant la semaine Olympique et Paralympique en 2019

Crédit: Imago

A trois ans des Jeux Olympiques, avoir une figure inspirante pour une jeunesse qui va être sollicitée de diverses manières pour Paris 2024 est-il crucial à vos yeux ?

Frédéric Michalak : "C'est le bon moment. Il faut profiter des Jeux pour lancer une dynamique. Il faut se demander ce que sera le sport dans 10 ou 20 ans. C'est maintenant qu'il faut prendre des décisions. Sinon, on va retarder encore la mutation vers le sport scolaire que l'on devrait avoir en France. On ne peut pas tout reposer sur les clubs associatifs, même s'ils jouent déjà un rôle majeur. Pour moi, l'école de la République doit jouer son rôle, éducatif et sportif."
Astrid Guyart : "Un sportif incarne un parcours, des rêves et des ambitions qui peuvent être inspirantes pour des jeunes en construction ou en recherche de modèles".

La nomination d’un sportif à la tête de l’UNSS, ne serait-elle pas un symbole fort du rapprochement ministère de l’éducation et ministère des sports?

Malia Metella : "Les deux ministères ont été rapprochés car ils ont beaucoup de points communs et que l'on peut avancer ensemble. Là, c'est une occasion de montrer que le message a été compris et qu'il faut continuer à faire bouger les choses dans ce sens. Avoir un ancien sportif à la tête de l'UNSS, qui peut apporter des idées innovantes et inspirer la jeunesse, aurait clairement tout son sens actuellement".

Pour conclure, si vous aviez un message à faire passer à Jean-Michel Blanquer que serait-il ?

Frédéric Michalak : "Je l'encourage à choisir un sportif. Je validerai son choix à 200% alors. Ca permettra d'avoir une personne avec une vision et qui saura fédérer l'ensemble du monde sportif et éducatif. C'est primordial pour nos enfants et pour avoir une société qui vibre pour le sport mais pas uniquement pendant des grandes compétitions."
Yannick Nyanga : "Le sport amène énormément sur le plan éducatif. On dit que le rugby est l'école de la vie. Mais c'est valable dans beaucoup de sport. Or je pense qu'en France, on doit faire un pas en avant en intégrant le sport comme une partie de la construction d'un enfant, d'une femme, d'un homme."
Malia Metella : "Je n'ai pas forcément de message. Car je sais qu'il est complètement ouvert à ce genre d'ouverture et à l'écoute. Surtout pour ce genre d'évolution qui a tout son sens à deux ans et demi des Jeux".
Astrid Guyart : "Il est important de reconnaître la valeur des sportifs au travers de ce qu'ils peuvent apporter à la société et à l'état sur la base de leurs compétences et de leurs expériences multiples bien au-delà du simple palmarès et de la pure performance sportive."
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Yannick Nyanga

Crédit: Imago

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