Top 10 France : Teddy Riner, le grand huit

Parce qu’il a encore ébloui, en dehors des facilités qu’il se donne sur un tatami, à travers un travail foncier et technique impressionnants alliés à l’enthousiasme d’un junior. Une fois encore, Teddy Riner a passé son hiver à soigner des blessures (épaule, pied) pour revenir à la compétition juste à temps - en mai à Rabat - afin d’être prêt pour les Mondiaux, fin août à Astana. Mais ce challenge était à la portée de ce magicien en perpétuel renouvellement de ses effets, désespérément impatient de trouver enfin un adversaire capable de concurrencer son judo en avance sur son temps.

Dans cette veine d’humilité qui le guide, il s’est aussi méfié du tout-venant. C’est pour ça qu’il a continué d’arpenter les stages internationaux d’avant Mondial pour, dans un no man’s land kazakh, tester par exemple le Néerlandais Pascal Scherrenberg, 102e mondial et capable toujours d’accéder à la postérité sur un concours de circonstances.

Etre prêt, pour Teddy Riner, ça voulait dire être à 100%, donc gagner… Au Mondial, le Guadeloupéen a multiplié les pions pour atteindre la finale, où il n’a pas retrouvé le même Ryu Schichinohe courbé, apeuré et finalement agenouillé de l’an passé. Ce qui lui a permis de faire du judo. En revanche, il lui a encore fallu cinq minutes pour venir à bout de ce coriace Japonais. En toute logique et en toute gloire. Celle d’un octuple champion (sept fois en +100kg, une fois en toutes catégories) désormais seul, au-delà de la Japonaise Ryoko Tamura (-48kg) et de la Chinoise Tong Wen (78kg).

Ceci fait, il aurait pu temporiser. Mais la route de Rio déjà ouverte, les Championnats de France étaient un passage judicieux. A Rouen, il a régalé le public, vidé en 20 secondes les batteries de types pas du tout mécontents : combattre la plus grande légende du sport du XXIe, c’est un trophée en soi ! Pour le Levalloisien, le rush s’est poursuivi aussi victorieusement en Asie par des succès aux tournois de Qingdao et de Jeju. Histoire de rester invaincu plus de 100 fois de suite. Toujours bon pour la motivation.

Teddy Riner est un champion immense, à tous les sens du terme. Un des plus grands sportifs français du XXIe siècle. Paradoxalement, et c'est sans doute une injustice, il trouve toujours quelqu'un pour lui barrer la route de la première place dans notre classement. Jamais sacré, il y est d'une exceptionnelle régularité. Jugez plutôt : 2e en 2009, 4e en 2010, 2e en 2011 et 2012 puis 5e en 2013 et 2014. Et 2e, donc, en 2015. C'est la 7e année consécutive qu'il figure dans notre Top 5 et quatrième fois qu'il finit dauphin. Allez, l'année prochaine, après un deuxième sacre olympique, ce sera enfin la bonne.

5 juin : il est entendu par la brigade de la répression de la délinquance économique à Paris pour des émoluments en forte hausse versés par son club de Levallois. De 192.682 euros en 2010 à 429.293 euros en 2013. Un poids sur la masse salariale du club mais "rien de fictif", juste un contrat à son avantage.

29 août : champion du monde pour la 7e fois en +100, à Astana. Son 8e titre mondial en comptant les toutes catégories en 2008.

9 novembre : 4e titre national. En finale du championnat de France, il remporte sa 101e victoire consécutive. Il est invincible depuis cinq ans. Encore loin de la série record de Yasuhiro Yamashita (203).

11 novembre : vainqueur du tournoi de Qingdao, en Chine, en acculant le Sud-Coréen Kim Sung-Min à quatre pénalités en finale.

28 novembre : il remporte le tournoi de Jeju, en Corée du Sud. Même scénario contre Kim Sung-Min en finale. Sa série culmine à 109 victoires.