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Des ex-patineuses françaises de haut niveau accusent leurs entraîneurs de violences sexuelles

ParAFP

Mis à jour 29/01/2020 à 16:35 GMT+1

Plusieurs anciennes patineuses françaises de haut niveau, dont la multimédaillée Sarah Abitbol, accusent à visage découvert mercredi, dans le quotidien L'Equipe et le magazine L'Obs, leurs entraîneurs de viols et d'agressions sexuelles entre la fin des années 70 et les années 90.

Abitbol

Crédit: Getty Images

"J'ai été violée à 15 ans". Dans L'Obs, Sarah Abitbol accuse son ex-entraîneur de multiples agressions sexuelles. Tout comme d'autres anciennes patineuses françaises de haut niveau. De leur côté, ces coachs mis en cause nient les faits ou n'ont pas répondu à l'Equipe ou à L'Obs. Dix fois championne de France, multimédaillée européenne et troisième aux Championnats du monde en couples en 2000, Sarah Abitbol accuse son ancien entraîneur Gilles Beyer d'agressions sexuelles et de viol entre 1990 et 1992, alors qu'elle avait entre 15 et 17 ans.
"Il a commencé à faire des choses horribles, jusqu'aux abus sexuels et j'ai été violée à 15 ans. C'était la première fois qu'un homme me touchait", témoigne-t-elle dans une vidéo sur le site de L'Obs, à la veille de la sortie de son livre témoignage, "Un si long silence" (Plon). De son côté, Hélène Godard affirme dans L'Equipe et L'Obs que le même Gilles Beyer, champion de France 1978, alors de huit ans son aîné, a eu deux rapports sexuels avec elle à la fin des années 70, alors qu'elle avait entre 13 et 14 ans.
Puis, raconte-t-elle dans le quotidien sportif, elle est tombée sous "l'emprise" sexuelle de Jean-Roland Racle, septuple champion de France, qui l'hébergeait avec son épouse à son domicile de Nogent-sur-Marne. Elle avait entre 15 et 16 ans, lui plus de 30. Par ailleurs, deux autres patineuses, Anne Bruneteaux et Béatrice Dumur, accusent aussi Michel Lotz, vice-champion de France 1978 et 1979, d'avoir abusé d'elles dans les années 80, alors qu'il hébergeait les deux jeunes filles âgées de 13 ans quand il était entraîneur au club d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

"Silence organisé"

Selon L'Equipe, Gilles Beyer, qui a poursuivi sa carrière comme directeur des équipes de France et entraîneur national, puis comme manager du club parisien des Français volants, a fait l'objet d'une enquête du parquet de Créteil, qui n'a pas abouti, au début des années 2000, puis d'une enquête au sein du ministère des Sports. Cette dernière a conduit le ministère à mettre fin à ses fonctions de conseiller technique sportif le 31 mars 2001, mais Gilles Beyer a ensuite poursuivi sa carrière aux Français Volants et a été membre du bureau exécutif de la Fédération française des sports de glace (FFSG, 2014-2018), dont le président Didier Gailhaguet, en place depuis 1998, à l'exception de la période 2004-2007, n'a pas répondu à L'Equipe.
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Didier Gailhaguet

Crédit: Getty Images

Dans L'Obs, Sarah Abitbol affirme avoir évoqué après l'arrêt de sa carrière le cas de Gilles Beyer avec le ministre des Sports d'alors, Jean-François Lamour, qui lui aurait rétorqué "Oui, on a un dossier sur lui, mais on va fermer les yeux", selon la vidéo de l'entretien accordée par la patineuse à l'hebdomadaire. Contacté par L'Obs, l'ancien ministre indique ne pas se souvenir de cette conversation.
"J'ai compris que j'étais face à un silence organisé. Au fond, tout le monde me disait : +Prends tes médocs et tais-toi!+ J'ai obéi: j'ai pris mes médocs et je me suis tue", déclare-t-elle à L'Obs.

Vague planétaire

Dans le contexte de la vague planétaire #MeToo de libération de la parole des victimes de violences sexuelles dans de nombreux milieux, d'autres affaires d'abus ont marqué le sport français ces derniers mois. Vendredi dernier, l'ancien entraîneur de tennis Andrew Geddes a été condamné à 18 ans de prison pour des viols sur quatre de ses anciennes élèves mineures.
Fin 2019, une enquête du collectif de journalistes We Report avait déjà mis au jour des "dysfonctionnements majeurs" à différents échelons -fédérations, clubs, collectivités locales, Etat, justice- dans 77 affaires ayant fait au moins 276 victimes, en majorité des enfants de moins de 15 ans, et dans 28 disciplines sportives différentes. Cette nouvelle vague de révélations a fait réagir le gouvernement. La secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa, a salué la démarche des sportives qui ont témoigné et leur a adressé son "soutien sans réserve".
La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a salué une initiative "indispensable et salutaire", en rappelant avoir lancé le chantier épineux du contrôle des casiers judiciaires des bénévoles, et l'organisation le 20 février d'une convention nationale sur la prévention des violences sexuelles dans le sport.
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