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Sports de glace en France : un bilan olympique à zéro médaille, comme si souvent
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Publié 18/02/2014 à 22:02 GMT+1
La quatrième place de Péchalat - Bourzat est "tout notre honneur" a commenté le président de la FFSG. Cela fait surtout zéro médaille, trois fois de suite...
Nathalie Pechalat and Fabian Bourzat, Sotchi 2014
Crédit: Panoramic
"Cette quatrième place, qu’on qualifie souvent de 'place de l’imbécile' est, cette fois, tout à notre honneur." Imbécile? Honneur? Ces mots, qu’il entrechoque en une même phrase, résonnent bizarrement dans la bouche de Didier Gailhaguet, le président de la Fédération française des sports de glace. Jaillis à l’issue de la triste quatrième place de Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat, qui scelle la fin de carrière du couple de danseurs intervenue quelques jours après celle de Brian Joubert, ils prononcent une nouvelle oraison funèbre, après les enterrements de 2006 et 2010 : pour la troisième fois consécutive, la France du patinage va rentrer sans aucune médaille des Jeux. Parce qu’on ne peut pas compter sur nos méritants p’tits gars de la vitesse, livrés à eux-mêmes et trop pénalisés par la maladie (hyperthyroïdie) récemment diagnostiquée chez Alexis Contin, pour sauver les apparences. Et puis, comme eux-mêmes le clament en chœur : "Si on obtenait quelque chose, la Fédé serait mal venue de comptabiliser ça dans son bilan…"
Zéro + zéro + zéro : ce ne sera pourtant la tête à personne, surtout pas celle de Toto Gailhaguet, l’autocrate qui devrait encore survivre à cette nouvelle bérézina sur l’Olympe et se faire réélire pour un cinquième mandat à la tête de la FFSG, au printemps prochain. Il a obtenu 88% des voix à la dernière Assemblée générale élective, en 2010... Le cabinet de la ministre, récemment interrogé par L’Equipe Magazine sur un éventuel nouveau bilan catastrophique à Sotchi, s’est juste fendu d’un communiqué laconique pour dire qu’un bilan serait tiré à l’issue des Jeux. Quand au Comité national olympique, il ne bouge pas une oreille… Embrassons-nous, Folleville !
En dehors du fait que les sports de glace représentent un gisement de médailles inexploité, ce qui plombe les résultats de la délégation française à chaque édition, le scandale de la politique menée par Gailhaguet et les siens tient surtout à l’indifférence, puis l’ostracisme et l’exclusion dans lesquels ils maintiennent tous ceux qui se détournent de ce système sclérosé et clientéliste, avant de finir par les pousser au découragement et, pour certains, à l’exil. Tiens, simple exemple : Sébastien Cros, l’entraîneur du champion olympique russe de short-track Viktor Ahn, est français !
"Je ne comprends pas qu’avec une telle tradition de la glace en France, on ne soit pas plus performants", s’étonne Alexis Contin, quatrième aux Jeux de Vancouver et qui ne touche plus d’aide depuis deux saisons. Lui et tous ses congénères de la grande piste n’ont aucun outil de travail dans l’Hexagone, ont dû aller chercher des coaches à l’étranger, en se débrouillant seuls et sans bénéficier du moindre encadrement fédéral aux Jeux : c’est le DTN, Xavier Sendra, qui se chargeait lui-même de leur intendance… Belle réussite, puisqu’il a oublié d’inscrire Ewen Fernandez sur le 10.000 mètres!
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didier gailhaguet
Crédit: Panoramic
Aucune politique de détection et encore moins de formation, des disciplines entières fracassées ou, au mieux, laissées en friche (bobsleigh, luge, skeleton, grande piste, curling…), d’autres où les choses se font sans entrain, souvent sous pression des autorités de tutelle, comme lorsqu’elles ont imposé, au printemps 2010, la création d’un Centre national pour le short-track à Font-Romeu. Jusqu’à l’artistique, pourtant la discipline qu’a pratiqué et que semblait jusque-là protéger Gailhaguet, qui se délite lentement. Conflits avec les entraîneurs, disgrâces soudaines, relève inexistante : le présent et l’avenir y sont également particulièrement sombres.
Devant cette gabegie de moyens, cette absence de projets et de vision, on se demande jusque dans quel néant les pouvoirs publics laisseront les sports de glace s’enfoncer. On nous rétorquera, une fois de plus, que les instances fédérales sont indépendantes, que l’interventionnisme est proscrit par les textes. Reste l’esprit : quand un pan du sport français et ceux qui essaient de le pratiquer à haut niveau sont mis sous séquestre, ne peut-on pas se prévaloir des fameux droit et devoir d’ingérence ? Il y a urgence.
Quatre chiffres pour comprendre
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2014 JO Sotchi Péchalat-Bourzat
Crédit: AFP
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